Dans "La chasse au renne de Sibérie", la journaliste économique Julia Latynina nous initie aux tréfonds d'une société russe à la dérive, livrée aux spéculateurs et aux politiciens complices. Le tout avec les codes du thriller.

Montage typique de Viatcheslav Izvolski, oligarque à la tête d'un empire industriel sibérien, et de la nébuleuse de sociétés rattachées : "Les firmes de l'usine appartiennent à Izvolski, soit directement, soit par prête-noms interposés. Elles visent à limiter les charges fiscales et à brouiller les pistes. Quant aux autres sociétés, ce sont les ruisseaux qui irriguent les jardins privés. Par exemple, Rail-Acier appartient au chef du réseau ferroviaire local et sert à essuyer les ardoises de fret d'AMK en échange de produits laminés fournis avec une remise de dix pour cent. Quant à la microsociété Akhtarsk-Contract, elle a vocation à graisser la patte des dirigeants régionaux..."
Dans ce thriller russo-financier, l'improbable idylle d'Izvolski avec Irina Denissova, modeste prof de fac, les tourments de Denis Tcheriaga, ex-juge d'instruction passé à l'ennemi, cèdent le pas au match impitoyable entre le nouveau russe et le Président de la banque Iveko, soutenue par le Kremlin, sans parler des intérêts particuliers de la pègre sibérienne ou moscovite.
"La chasse au renne de Sibérie" : une initiation sous forme de roman noir à la société russe, ses destructives pratiques financières, entre troc style Union soviétique et outils financiers mondialisés et, accessoirement, la misère du petit peuple, laminé entre détournements systématiques de fond et corruption endémique.
Une initiation de bonne source : l'auteure, Julia Latynina, est journaliste économique à l'Echo de Moscou, la Noveta Gazeta et The Moscow Times.
Suivez le renne.
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