mercredi 16 avril 2008

Reversible : comment réussir en prenant des bâches

"Un matériau durable pour un usage éphémère !". Tel fut le constat de Jean-Marc et Marie-Angèle Imberton sur les bâches publicitaires promises aux décharges ou incinérateurs. D'où une idée : recycler ces bâches en produisant du Beau contemporain, à travers une démarche éthique et citoyenne. "reversible" était né !

reversible (r) présentait un des stands les plus sympathiques et les plus riches du Salon Planète durable 2008. Interview de Jean-Marc Imberton, co-fondateur quadragénaire :

Terre natale : Quels sont les principes qui guident la démarche de reversible ?

Jean-Marc Imberton : Nous avons construit une démarche autour du cycle de vie des bâches publicitaires, faites d'une fibre polyester enrobée de PVC. Elle ont une durée très éphémère, alors qu'elles sont particulièrement résistantes. Nous les collectons donc pour leur donner une seconde vie ou les recycler. Nous nous appuyons sur les caractéristiques des matériaux : colorés, résistants, faciles à travailler, pour leur donner un nouvel usage, centré sur l'univers du sac, de l'objet décoratif, du luminaire et des poufs.

TNat : Votre démarche éthique concerne également la fabrication...

JMI : Absolument. Dans la première phase, nous faisons appel à du personnel en réadaptation de l'hôpital psychiatrique du Vinatier. Nous sous-traitons la confection auprès de maroquiniers de la Région lyonnaise, de vrais porteurs de savoir-faire, extrêmement menacé par la concurrence chinoise. D'ailleurs, de nos trois sous-traitants de départ, il n'en reste plus qu'un.

TNat : Comment gérez-vous le recyclage final des produits collectés ou vendus ?

JMI : Nous utilisons 20 à 25% des bâches que nous collectons auprès des imprimeurs ou des afficheurs. Le surplus est dirigé vers un circuit de recyclage géré par notre partenaire Texyloop. Les fibres polyester sont séparées du PVC. Ce dernier est récupéré sous forme de granules qui seront transformés en fil électrique, semelles de chaussures ou membranes d'étanchéité. Nous impliquons également le consommateur dans la démarche... Il y aurait en effet une contradiction à jeter un sac recyclé un an ou deux plus tard, ce qui le ferait repartir en décharge ou en incinérateur. Nous donnons donc à chaque acheteur une enveloppe en bâche usagée dans laquelle il peut nous renvoyer le sac en fin d'usage.

TNat : Quelle gamme proposez-vous ?

JMI : Nous proposons des sacs, sacs ronds, produits par procédé de découpe, des luminaires, des poufs et sièges. Nos designers sélectionnent des motifs imprimés existants, qui les inspirent. Chaque sac, chaque création est donc unique.

TNat : Quelques chiffres sur reversible ?

JMI : Depuis notre création en janvier 2006, nous avons récupéré environ 25 tonnes de bâches, dont 80% recyclés. Nous sommes 5 salariés, auxquels s'ajoutent les personnes en réinsertion. reversible a réalisé un chiffre d'affaires de 130 000 euros en 2007.

TNat : reversible s'affiche "made in Vaulx-en-Velin"... Pourquoi ?

JMI : En fait, c'est là où est né le projet. Pour lancer reversible, nous avons fait une exposition à la librairie Artazard, à Paris. Les jeunes designers que nous avons rencontré là nous répétaient " Vous venez de Vaulx-en-Velin , Incroyable ! c'est les voitures qui brûlent, c'est la "cité", là-bas !". Nous avons alors décidé de renforcer le paradoxe et de nous afficher résolument "made in Vaulx-en-Velin". La Chambre de Commerce locale était tout aussi étonnée : c'était la première fois qu'une entreprise se réclamait de Vaulx-en-Velin ! Depuis, l'image de la ville s'est notablement améliorée.

Thierry Follain


1% pour la planète : une donation durable

reversible est adhérent d'1% pour la planète. Ce club regroupe 840 qui versent volontairement 1% de leur chiffre d'affaires annuel à des associations qui défendent l'environnement. Dont 40 en France. Un fort engagement malheureusement peu médiatisé. reversible a choisi de soutenir Moutain Riders, qui a pour objectif le développement durable en montagne.



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