mercredi 19 mars 2008

Inde : 5000 dollars pour sauver 100 000 filles

5000 dollars, telle est la somme que versera désormais l'Etat indien aux mères d'origine pauvre donnant naissance à une fille. Objectif : limiter le nombre d'avortements et d'infanticides sélectifs. Cette mesure devrait sauver 100 000 filles en 2009 !

"Il s'agit d'encourager les familles à mieux traiter leurs filles, à les éduquer, à les considérer comme un capital, plutôt que comme une charge", a précisé Renuka Chowdury, Ministre pour le développement des femmes et des enfants. Une déclaration qui illustre la dure condition de la femme, en particulier de la fille, dans ce grand pays au boom économique inégalitaire.

En 2001, on dénombrait en effet 927 filles pour 1000 garçons. L'ONU estime que 60 millions de filles sont "manquantes" en Inde. En conséquence, les "femmes à marier" se font rares. Ce qui n'arrête pas les hommes en quête d'épouses. D'où l'émergence d'un trafic de femmes à marier provenant des régions pauvres de l'Inde, du Bangladesh et du Népal.

Comme souvent, "la tradition" explique cette situation. L'héritier mâle est en effet celui qui transmet l'héritage et doit réciter les prières sur le bûcher funéraire de ses parents. La femme coûte une dot, et quitte sa famille. Les avortements sélectifs sont pratiqués aussi bien par les classes pauvres, visées par cette mesure, que les familles aisées. Ces dernières recourent également aux techniques de fertilisation in vitro, tout aussi illégales en Inde.

Prudent ou lucide, l'Etat indien versera la prime par étapes. 15 500 roupies (385 dollars) dollars à la naissance, 100 000 lorsque la fille atteint ses 18 ans, sous condition qu'elle ait été scolarisée, bien traitée et ne soit pas encore mariée.

Une réponse pragmatique et concrète à un drame social.

D'autres soucis pour les femmes indiennes

Mme Renuka n'en a pas fini pour autant avec la question des femmes en Inde. Elle doit encore lutter contre les "meurtres pour dot" qui frappent les femmes mariées dont la belle-famille veut se débarrasser : 5428 cas en jugement en 2006, dont 1830 condamnations. Récemment, elle a opposé son véto à la légalisation de l'industrie du sexe en Inde. D'après le bureau des Nations-Unies contre la drogue et le crime, 150 000 femmes et enfants seraient soumis au trafic d'êtres humains chaque année en Asie du Sud. Sans parler du travail forcé des moins de 14 ans, dont beaucoup de domestiques, qui concerne au minimum 250 000 garçons et fille en Inde.


Photo : Unicef - Fillette indienne libérée du travail forcé par les autorités.



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