mardi 11 septembre 2007

"The Body Shop" perd Anita Roddick

Fondatrice de "The Body Shop", Anita Roddick a posé les bases du commerce éthique avec une bonne vingtaine d'années d'avance. Militante acharnée, manager de choc, elle demeure une figure inimitable du développement durable pragmatique et engagé, à l'anglo-saxonne.

Née en 1942, Anita Roddick ouvre son premier "Body Shop" à Brighton, en 1976. Elle a deux enfants, a déjà géré un hôtel avec son mari, Gordon, parti faire du solo en trekking en Amérique du sud. La couleur verte emblématique de l'enseigne est la seule à pouvoir recouvrir les moisissures sur les murs du local. Sa petite boutique de produits de beauté naturel ressemble à une entreprise baba de plus, vouée à une méritante extinction. Mais Anita Roddick est autant businesswoman que militante. Elle se nourrit de ses nombreux voyages à travers le monde, en particulier chez les peuples premiers. Elle a observé, étudié les rituels de beauté corporelle des femmes et s'en est inspirée.

Phrase-clé : "Businesess have the power to do good."

"The Body Shop" se développe sur une vague "verte" naissante, par un principe de franchisage. L'intérêt de l'expérience repose sur son absence de concessions aux tendances dominantes : recours aux produits naturels, refus de l'expérimentation animale, utilisation des surfaces commerciales pour diffuser des messages militants, que ce soit pour soutenir la lutte des Ogoni au Nigéria contre compagnies pétrolières et pouvoir central, ou l'offensive de Greenpeace contre Exxon-Mobil.

En 1989, "The Body Shop" se lance dans la relation commerciale directe avec des communautés indigènes en Amazonie, en Inde, au nicaragua... 35 de ces coopérations de "Community Trade" sont actuellement opérationnelles (moins que je ne le pensais, à vrai dire).

Aujourd'hui, "The Body Shop" est tombé dans l'escarcelle de l'Oréal (grincements de dents chez les protecteurs des lapins et autres animaux de laboratoire). Le groupe représente plus de 2000 magasins dans 77 pays. De nombreux concurrents sont bien sûr montés depuis au créneau du produit de bauté "éthique", mais sans l'aura "activiste", il est vrai moins présente aujourd'hui.

Décédée ce lundi, Anita Roddick avait abandonné toute responsabilité dans "The Body Shop". Elle participait encore à la recherche créative. Anoblie, devenue "Dame Roddick", elle n'en multipliait pas moins les activités militantes, comme le prouve son site.

Anita Roddick a brillamment prouvé la pertinence d'une démarche éthique dans un contexte de marché où le citoyen (ou du moins la citoyenne) fait ses choix en fonction de facteurs diversifiés, parmi lesquels les droits de l'Homme, le respect de l'environnement et l'estime de soi, à rebours de tendances dominantes.

Tribute to Anita Roddick… sur le site de "The Body Shop.


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