lundi 28 avril 2008

L'High tech indien aux prises avec l'inflation salariale

14,4% : telle est l'augmentation des salaires prévue en Inde pour 2008 par la société de conseil en management HayGroup. Motif : la surchauffe de l'économie locale et la recherche de plus en plus difficile de personnel qualifié, en particulier dans le secteur florissant de la high tech.

Motif de cette inflation des salaires : dans les secteur en forte demande de salariés qualifiés, comme l'industrie des services, un turnover de 20% n'est pas rare. Il faut dire que changer d'entreprise peut se traduire par une augmentation de 40 à 50 pour cent.

De ce fait, l'augmentation moyenne pour les cadres moyens a été de 16 pour cent en 2007, les cadres supérieurs et managers ayant vu leur salaire de base croître de 14%. 2008 sera la 5ème année consécutive de croissance des salaires à 2 chiffres en Inde. A comparer avec les 5 années consécutives d'inflation salariale en Chine en 2007. Seul le Sri Lanka bat l'Inde, et ce, en raison d'une forte inflation.

Le miracle high tech indien se heurte en effet à l'inefficience du système de formation. La Nasscom (Association des sociétés logicielles et de service) estime que seulement 25% des jeunes ingénieurs et 15% des diplômés des universités sont réellement "employables". Une lacune qui ne concerne pas les institutions prestigieuses comme l'IITs (Indian Institute of Technologies) et le NITs (National Institute of technologies).

Voilà qui pourrait mettre en péril, à terme, l'avantage concurrentiel des entreprises indiennes créatrices de logiciels et fournisseurs de services informatiques délocalisables.

Thierry Follain

Cet article peut être reproduit après autorisation de l'auteur.

Source : The Economic Times
Photo : Zone High Tech de Bangalore - DR

Cat Cafe : bonheur félin à louer

Vous ne pouvez ou ne voulez avoir un chat chez vous ? Louez-le donc ! Dans 3 cafés de Tokyo, c'est possible !

Au Cat Cafe Calico, pas moins de 17 chats, du Bleu Russe au Persan, s'ébattent et sont disponibles pour être caressés, chouchoutés, ronronner, bref, apporter le meilleur du chat à une clientèle urbaine stressée. Celle-ci évite ainsi les inconvénients du nourrissage de l'animal, les réveils dynamiques à 5 heures du matin, les problèmes liés aux vacances et autres miaulements à la saison des "amours".

Il en coûte 5 euros pour une heure ou 12 euros pour 3 heures. L'accès à la pièce aux chats est conditionné par un soigneux lavage des mains. Trop inclinés à tester le caractère des félins, les enfants de moins de 10 ans ne sont pas acceptés. Ultime précaution : les chats aimant les caresses mais pas être pris dans les bras arborent un foulard distinctif.

Les 17 chats du Cat Cafe Calico sont objectivement des veinards dans une ville où les réglements de copropriété bannissent souvent les félins. Et dans un pays où 240 000 chats et 160 000 chiens abandonnés sont gazés chaque année.


Sources : Japan Times


dimanche 27 avril 2008

Aide au développement : au bonheur des dames

Les femmes représentent plus de la moitié de la population et du potentiel humain mondiaux. En de nombreux pays, elles sont pourtant marginalisées, d'où le gaspillage de leur contribution économique et sociale. Cette défaillance est analysée dans un rapport de l'OCDE : "Genre sexuel et Développement durable" qui explore les rôles sociaux respectifs des hommes et des femmes, leur historique et leurs conséquences sur le développement. Ainsi, en matière de lutte contre la pauvreté, la discrimination envers les femmes se révèle préjudiciable à l'ensemble des pays concernés. D'où une nouvelle orientation : cibler de plus en plus sur elles les aides au développement.


Les femmes forment plus de 70% de la partie pauvre de la population mondiale, du fait de leur accès inégal aux opportunités économiques dans les pays développés et en voix de développement. Dans les pays "en développement", elles remplissent de multiples tâches "bénévoles". Filles et femmes peuvent ainsi passer jusqu'à 5 heures par jour à ramener eau et bois de chauffage, et 4 heures à préparer les repas. Leurs aptitudes dans ces tâches est réduite par leur accès limité à l'éducation, aux soins médicaux et autres services, voire à la nourriture. De ce fait, dans de nombreux pays, leur espérance de vie est inférieure à celle des hommes, ce qui contredit la tendance biologique.

Une inégalité économique et sociale ancrée dans les "traditions"

Les femmes qui travaillent hors de leur foyer ne s'en sortent pas beaucoup mieux. En Asie du Sud-Est, elles représentent 90% de la force de travail dans la riziculture. En Afrique, elles constituent les 2/3 des travailleurs de l'horticulture. En résumé, elles sont affectées aux travaux répétitifs à bas salaire, tels que la confection, la production et le conditionnement de produits alimentaires et de biens pour la maison. Elles bénéficient rarement des droits du travail les plus élémentaires.

Les fameuses "traditions", coutumes et normes sociales convergent avec un bel ensemble vers une inégalité au détriment des femmes en termes de disposition et de contrôle du capital et des ressources, d'héritage, de propriété de liberté et de prise de décision (incluant leur propre santé en matière de procréation).


Les femmes, meilleur investissement social

Et pourtant, souligne le rapport, le retour sur investissement est plus important lorsque celui-ci est affecté aux femmes plutôt qu'aux hommes. Le produit National Brut est nettement plus bas dans les pays où les femmes reçoivent une éducation moindre que les hommes. Des études en Afrique révèlent que l'accès des filles à l'éducation primaire augmente le niveau des récoltes de 20%. Dans le même ordre d'idée, un accès égal au capital pour les femmes augmente la production agricole de 15%.

D'après une étude de la Banque mondiale en 2001, les femmes consacrent une plus large part de leur revenu à la nourriture, les soins et l'éducation. Subventionner les femmes plutôt que les hommes est donc bénéfique à la famille !

Une aide au développement plus "sexuée"

En 2006, la Banque concluait qu'investir dans l'éducation, la santé et l'accès à la qualification et à l'emploi des femmes et des filles aurait un effet multiplicateur sur la productivité, l'efficience et le caractère durable de la croissance économique dans les pays émergents.

De ce fait, l'assistance au développement fournie par l'OCDE adopte de plus en plus une approche "sexuée". Ses "gender projects" ont connu une croissance moyenne de 28% ces dernières années (avec une variation de 1 à 82% suivant les pays concernés). Plus de 40% de l'aide à l'éducation de base et à la santé est orientée vers les femmes;

Les institutions mondiales ont donc réagi à cette inégalité préjudiciable aux femmes et à ses effets négatifs sur le niveau de vie des populations. Ce raisonnement peut malheureusement être inversé : chaque fois que la situation économique ou politique se dégrade, les femmes et les enfants sont les premiers à en payer le prix, en termes d'éducation, de santé et de droits.

Thierry Follain

Cet article peut être reproduit après consentement de l'auteur.

Les constructeurs automobiles chinois sur la piste verte

SAIC Motor, Chery Automobile, Geely : ces noms sont ceux des grands constructeur automobiles chinois. Et ils ne se limitent pas à la production de véhicules d'entrée de gamme. Ils visent ni plus ni moins une place déterminante sur le marché de la "voiture verte" : hybride, électrique ou à carburant alternatif. Le tout à partir des découvertes de la Recherche et Développement nationale.

Premier constructeur chinois, SAIC Motor a lancé son programme "Green experience trip", sur le thème "Green SAIC, innovative future". Preuve à l'appui : deux berlines à pile à combustible (hydrogène) et une hybride Shangaï Brand, développée avec Volskwagen Shangaï. Cette dernière propose une propulsion 100% électrique à basse vitesse, conduite assistée par moteur électrique, récupération de l'énergie de freinage, le tout avec une économie en carburant de 25% en usage urbain et une vitesse théorique de 210 km/h. SAIC projette la production de 10 000 véhicules hybrides en 2010.

Son concurrent Gelly a, quant à lui, développé un véhicule électrique qui devrait être lancé en 2009.

L'objectif global est de faire des producteurs chinois les leaders dans la conception et la production de véhicules verts et de batteries lithium-ion. La Chine vise ainsi la domination du marché automobile dans la prochaine décade. En s'appuyant sur la demande exponentielle du marché local, dont la clientèle achète le plus souvent son premier véhicule. Et sur le programme de R&D "National 863", lancé en mars 1986, qui porte sur 20 domaines de recherche high-tech, dont l'automobile.

Thierry Follain

Cet article peut être reproduit après consentement de l'auteur.



dimanche 20 avril 2008

Ampoules basse consommation : vraiment "écolos" ?..

Au 1er rang des "Vérités révélées" écolos, les ampoules basse consommation sont cependant sur la sellette. Leur rendement énergétique est moindre qu'annoncé, elles seraient la source d'une pollution électromagnétique, et elles posent un problème de recyclage. Pas complètement lumineux, finalement.



Une économie en énergie moindre que proclamée


Les lampes fluocompactes produisent moins de chaleur que les ampoules à incandescence et consomment beaucoup moins d'énergie, c'est incontestable. Mais dans quelle proportion ?

D'après le tableau disponible sur le site de l'Ademe, ces lampes basse consommation (LBC) consomment 4, 44 à 5 fois moins d'énergie, à valeur d'usage égale. Dans une déclaration au Monde, Hervé Lefebvre de l'ADEME indique une moyenne de 4,6.

S'il est évident, le bénéfice énergétique est cependant inférieur à celui annoncé par les fabricants. Entre en ligne de compte la qualité des éléments électroniques du "ballast", autrement dit, le culot de la lampe BC. Le lecteur averti décèlera dès lors un léger problème de recyclage.

Autre critère : l'éclairement exprimé en lumens : 1200 lumen pour une "classique" de 100 watts, contre 1 040 à 1 060 pour une "fluocompacte" équivalente de 20 watts. A prendre en compte également, la perception du dit éclairage, qui évoque le peu exaltant néon (normal, c'est la même procédé d'excitation électrique d'un gaz confiné). En fait, l'indice de rendu des couleurs d'une "basse consommation" est inférieur à celui d'une "incandescente" (qui comporte un filament porté à incandescence).

Autres bémols : il faut un certain temps, jusqu'à 2 minutes, avant que l'ampoule "fluocompacte" ne donne tout son "éclat". De plus, sa durée de vie, théoriquement 6 à 15 fois plus longue, diminue avec des allumages répétés (minuterie) ou si elle est utilisée avec un variateur.

Une nuisance électromagnétique probable

En septembre 2007, les fluocompactes ont été contestées par une étude du Criirem (Centre de recherche et d'information sur les rayonnements électromagnétiques). Celle-ci révèle la présence d'un champ électromagnétoque de 4 à 180 Volt/mètre pour des puissances "basse consommation" de 11 à 20 watts. A un mètre, on retrouve la neutralité en ce domaine. Des pics de 100 à 300 V/m ont même été observés à l'allumage. Face à ces champs "susceptibles de gravement perturber les biens et les personnes", le Criirem déconseille ces ampoules comme lampes de chevet ou de bureau.

Levée de bouclier, bien sûr, de l'ELC (Fédération européenne des industries de la lampe) et de l'AFE (Association française de l'éclairage). Le Criirem reste de marbre : il estime que les contre-études négligent les rayonnements dans la gamme des 1 à 10 MéhaHertz, les plus nocifs en l'espèce. Il dénonce par ailleurs l'obsolescence des réglementations européennes en la matière. Tout cela embarrasse l'ADEME, qui, sur les pas du Président Sarkozy au Grenelle de l'Environnement, milite pour les fluocompactes, dans la perspective d'une interdiction à la vente des fluorescentes en 2010. L'Agence compte d'ailleurs un représentant, Hervé Lefèbvre, déjà cité, au conseil d'administration de... l'AFE. Bref, l'ADEME joue les casques bleues, réclamant une "norme commune à toutes les parties" : AFE, Syndicat de l'éclairage, Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail).

A noter : Une PME monégasque s'est ruée dans la brèche en annonçant fin janvier 2008 la création d'un filtre anti-radiation divisant par 40 le niveau de radiation des ampoules fluocompactes. Ce qui confirme l'existence des susdites radiations.

Un casse-tête en recyclage

"Electronique embarquée", poudre fluorescente, ça évoque un recyclage délicat. D'autant plus que s'y ajoute un gaz à base de vapeur de mercure, substance toxique progressivement éradiquées de nos bonne vieilles piles. Votre vendeur doit donc reprendre les fluocompactes en fin de vie et les transmettre à Récylum, éco-organisme spécialisé dans le recyclage des produits d'éclairage. Vous payez d'ailleurs 0,25 euros par ampoule pour cela. Le distributeur doit adhérer à la charte "Collecteur de lampes" de Récylum.

Les ampoules fluocompactes nécessitent donc des études approfondies, un circuit de recyclage strict et spécifique et devraient être affectées à un éclairage régulier et permanent. De quoi apporter un léger bémol à leur généralisation.

Thierry Follain

Cet article peut être reproduit après autorisation de l'auteur.

A consulter :

- Les ratés des ampoules basse consommation (Le monde - 5 avril 08)
- La pollution électromagnétique des lampes basse consommation sous observation (Novethic - 1er février 08)
- Ampoules basse consommation trop rayonnantes - GEO
- Lampe fluorescente - Wikipédia
- Eclairage : trouver le bon produit - ADEME


mercredi 16 avril 2008

Reversible : comment réussir en prenant des bâches

"Un matériau durable pour un usage éphémère !". Tel fut le constat de Jean-Marc et Marie-Angèle Imberton sur les bâches publicitaires promises aux décharges ou incinérateurs. D'où une idée : recycler ces bâches en produisant du Beau contemporain, à travers une démarche éthique et citoyenne. "reversible" était né !

reversible (r) présentait un des stands les plus sympathiques et les plus riches du Salon Planète durable 2008. Interview de Jean-Marc Imberton, co-fondateur quadragénaire :

Terre natale : Quels sont les principes qui guident la démarche de reversible ?

Jean-Marc Imberton : Nous avons construit une démarche autour du cycle de vie des bâches publicitaires, faites d'une fibre polyester enrobée de PVC. Elle ont une durée très éphémère, alors qu'elles sont particulièrement résistantes. Nous les collectons donc pour leur donner une seconde vie ou les recycler. Nous nous appuyons sur les caractéristiques des matériaux : colorés, résistants, faciles à travailler, pour leur donner un nouvel usage, centré sur l'univers du sac, de l'objet décoratif, du luminaire et des poufs.

TNat : Votre démarche éthique concerne également la fabrication...

JMI : Absolument. Dans la première phase, nous faisons appel à du personnel en réadaptation de l'hôpital psychiatrique du Vinatier. Nous sous-traitons la confection auprès de maroquiniers de la Région lyonnaise, de vrais porteurs de savoir-faire, extrêmement menacé par la concurrence chinoise. D'ailleurs, de nos trois sous-traitants de départ, il n'en reste plus qu'un.

TNat : Comment gérez-vous le recyclage final des produits collectés ou vendus ?

JMI : Nous utilisons 20 à 25% des bâches que nous collectons auprès des imprimeurs ou des afficheurs. Le surplus est dirigé vers un circuit de recyclage géré par notre partenaire Texyloop. Les fibres polyester sont séparées du PVC. Ce dernier est récupéré sous forme de granules qui seront transformés en fil électrique, semelles de chaussures ou membranes d'étanchéité. Nous impliquons également le consommateur dans la démarche... Il y aurait en effet une contradiction à jeter un sac recyclé un an ou deux plus tard, ce qui le ferait repartir en décharge ou en incinérateur. Nous donnons donc à chaque acheteur une enveloppe en bâche usagée dans laquelle il peut nous renvoyer le sac en fin d'usage.

TNat : Quelle gamme proposez-vous ?

JMI : Nous proposons des sacs, sacs ronds, produits par procédé de découpe, des luminaires, des poufs et sièges. Nos designers sélectionnent des motifs imprimés existants, qui les inspirent. Chaque sac, chaque création est donc unique.

TNat : Quelques chiffres sur reversible ?

JMI : Depuis notre création en janvier 2006, nous avons récupéré environ 25 tonnes de bâches, dont 80% recyclés. Nous sommes 5 salariés, auxquels s'ajoutent les personnes en réinsertion. reversible a réalisé un chiffre d'affaires de 130 000 euros en 2007.

TNat : reversible s'affiche "made in Vaulx-en-Velin"... Pourquoi ?

JMI : En fait, c'est là où est né le projet. Pour lancer reversible, nous avons fait une exposition à la librairie Artazard, à Paris. Les jeunes designers que nous avons rencontré là nous répétaient " Vous venez de Vaulx-en-Velin , Incroyable ! c'est les voitures qui brûlent, c'est la "cité", là-bas !". Nous avons alors décidé de renforcer le paradoxe et de nous afficher résolument "made in Vaulx-en-Velin". La Chambre de Commerce locale était tout aussi étonnée : c'était la première fois qu'une entreprise se réclamait de Vaulx-en-Velin ! Depuis, l'image de la ville s'est notablement améliorée.

Thierry Follain


1% pour la planète : une donation durable

reversible est adhérent d'1% pour la planète. Ce club regroupe 840 qui versent volontairement 1% de leur chiffre d'affaires annuel à des associations qui défendent l'environnement. Dont 40 en France. Un fort engagement malheureusement peu médiatisé. reversible a choisi de soutenir Moutain Riders, qui a pour objectif le développement durable en montagne.



dimanche 13 avril 2008

Planète durable : retour de salon

Visite au Salon Planète durable, samedi 12 avril. Cohabitation paisible entre grands du service public ou para-public, producteurs automobiles, grande distribution et mode éthique, cosmétiques Bio (ou non), piscines naturelles, ONG, associations et autres acteurs du développement durable. Sélection 100% (enfin, 50%) arbitraire.

Le Salon Planète durable TM est à taille humaine (ce qui tombe bien). Physiquement, on peut vite en faire le tour. S'y associent vastes espaces, stands moyens et humbles cabines.

Le Public est là

Les services publics plus ou moins privatisés, privatisables, sont là en force. La SNCF se taille la part du lion, et même de l'éléphant, sous la bannière de l'écomobilité. La Poste propose, entre autres, ses produits financiers "verts". Comme j'ai rédigé les Rapports Développement durables de ces deux entreprises, je me sens en terre connue. Gaz de France propose ses multiples solutions d'économie d'énergie, et son guide des gestes éco-citoyens. Je teste mon empreinte écologique : je n'utilise pas d'ampoules basse énergie (lumière glauque), mais je me déplace en transports en commun, je couvre mes casseroles, etc. Je fais donc gagner 2 400 m2 d'empreinte écologique à la planète ! Je poursuis ma visite, ragaillardi.

Naturelle (et chère), ma piscine

Venue de Suisse, Bioteich propose, preuve à l'appui, des bassins de baignade naturels. La régénération de l'eau est assurée par plantes et bactéries. Comme dans un un lac non pollué, quoi. Avec système de canalisations et de pompes associé, tout de même. Vêtue et maquillée pour une scène de débauche mesurée dans un péplum, l'hôtesse me chantonne son argumentaire comme si j'étais un débile léger. Heureusement, une biologiste est là pour rentrer dans le vif du sujet. Procédé séduisant, mais ticket d'entrée à 50 000 euros !

Lavande de Haute-Provence : un air d'authenticité durable


Le stand de L'Occitane accueille l'AOC "Lavande de Haute-Provence". Ici, on rencontre directement des producteurs, ce qui donne une autre tonalité aux échanges. Pour maintenir la culture de la lavande, face aux importations à vil prix, les agriculteurs se sont regroupés en une AOC (Appellation d'origine contrôlée), qui assure la qualité de l'huile essentielle et valorise le produit. Stand populaire : on peut humer les essences, toucher les fleurs de lavande en sac. Cette AOC regroupe producteurs Bio et non Bio.

Monsieur Poulet bat des ailes

Déjà chroniqué sur ce blog, Monsieur Poulet ne déçoit pas sur le salon ! Alors qu'un DJ mixe en direct, se déroule un concours de création de motifs pour t-shirts, opposant deux créatifs munis de palette graphiques. Ca bouge, c'est participatif, c'est décalé, c'est du Poulet ! Premier Prix pour l'ambiance. A côté, le modeste dance floor énergétique manque un peu d'âme.

alternativechannel.tv : le YouTube alternatif


Présent en France et au Canada, Alternative Channel.tv offre un espace de publication vidéo aux "organismes à but non lucratif , citoyens et citoyennes engagé(e)s pour un monde plus respectueux de son environnement, de ses peuples et de leurs cultures." Le site compte sur une publicité éthique pour assurer son financement. Alternative Channel organise un Forum Réseaux sociaux et médias responsables, le 30 avril, à Barcelone. Avec la militante et Prix Nobel de la Paix Rigoberta Menchu

Et aussi...

Egalement présents : 123envoiture.com, site du co-voiturage, Weleda, vénérable champion de la cosmétique Bio et durable (certifiée BIDH), ATR (Agir pour un tourisme responsable).

J'accorde une attention particulière au stand du PEFC, association internationale regroupant les exploitants, associée à la certification "Forêt gérée durablement et certifiée". Cet organisme a choisi le service minimum : une hôtesse qui n'est en mesure de répondre à aucune question. Dommage. J'aurais bien aimé m'entretenir de l'exploitation "durable" de la haute futaie en Forêt de Fontainebleau. A propos de bois, sur le stand habitat durable, on trouve le Bullerjan, Rolls des poêles à bois, ou plus exactement, à air chaud. Cylindrique, design, performant et canadien. Prix d'entrée, seul : environ 2 000 euros. Eligible à un crédit d'impôt -50%.

Mon séjour se termine sur le stand de Reversible, sympathique PME qui a choisi de transformer les bâches publicitaires en sacs, poufs, revêtements de fauteuils, etc.

Je sors de ce salon sans le mal de crâne habituel en de tels lieux. Un bon point pour lui !

Thierry Follain

vendredi 11 avril 2008

Mines Paris : cap sur les Nouvelles Stratégies énergétiques

L'Ecole des Mines de Paris lance sa chaire Nouvelles Stratégies Energétiques. Deux axes majeurs : l'exploitation de la biomasse énergétique et l'économie carbone.

Basée au Centre énergétique des procédés (CEP) de l'Ecole des Mines, la Chaire Nouvelles Stratégies Energétiques impulse un premier cycle de recherche, valorisation et développement sur les axes : "L'avenir de la biomasse énergétique" et "Le développement des outils de l'économie carbone".

Le colloque de lancement du 7 avril dernier a porté sur ces 2 thèmes :

Biomasse énergétique : Comment déterminer les ressources de biomasse énergétique sociétés et entreprises peuvent-elle compter ? Comment discerner impasses de moyen terme, solutions transitoires et voies pérennes ?

Economie carbone : Quel impact des scénarios d'évolutions technologiques et de politiques publiques sur les marchés de l'énergie, du carbone et sur leurs prix ? Quel avenir pour la séquestration biologique et le stockage de CO2 ? Comment développer des moyens d'anticipation des cours du carbone sur la base des rythmes de développement des énergies renouvelables ?

La Chaire Nouvelles Stratégies Energétiques a été créée par un partenariat tripartite Mines / Fondation FI3M / Entreprises. Ces dernières sont des acteurs majeurs de la finance (Natixis), de l'énergie (EDF, Total, Suez), du transport public (Keolis) et des hautes technologies (Safran).


mardi 8 avril 2008

JO : retour de flamme à Paris

Le parcours de la flamme olympique à Paris a constitué un grave fiasco en termes de communication. On a assisté à la confrontation directe entre un univers diplomatique, économique et médiatique normalisé et l'irruption du réel, du ressenti, du réactif face à l'oppression chinoise au Tibet.


Le "soulèvement" parisien a provoqué une brèche dans l'autisme souvent constaté des investisseurs, des diplomates, du star-system, du système des marques. De ceux qui créent des valeurs pour créer de LA valeur. Or, si elle est indispensable aux process économiques, la création de valeur et sa consommation ne peuvent être une fin. Même en période économique troublée.

Des logiques mondialistes trop sûres d'elles-mêmes

Plusieurs logiques "mondialistes" ont mené à ce fiasco. Logique du "Sport", d'athlètes qui consacrent leur jeunesse à un dur entraînement, à la quête de performances infinitésimales, avides de faire leurs preuves quel que soit le contexte politique ou marchand. Celle des sponsors qui veulent un parcours médiatique de la flamme le plus long possible. Celle des acteurs du business occidental, en quête de contrats, de délocalisations vers une nouvelle puissance dominante. Celle de la Chine, convaincue d'avoir acheté clés en main un événement qui l'affirmera comme grande puissance à la face du monde. Celle de l'Etat français, enfin, soucieux de ne pas déplaire à la dite puissance. Il a, de ce fait, déployé des forces de police dignes de la visite d'un chef d'Etat, tout en acceptant un abandon de souveraineté nationale sur le parcours de la flamme.

Le poids des images, le choc des idées

Manquaient deux composantes indispensables : des médias couvrant avec professionnalisme et enthousiasme l'événement, un public parisien applaudissant benoîtement les athlètes (et leurs gardes). Au matin du 7 avril, ces deux propositions étaient caduques.

Depuis un mois, en effet, les médias français couvraient, dénonçaient la répression au Tibet. Leurs reporters et caméramen présents sur le parcours ne pouvaient que rapporter l'omniprésence du service d'ordre, la soumission aux décisions de la délégation chinoise, l'insoumission de la foule. Paradoxe ultime : ils ne pouvaient pas fournir d'images de la flamme !

Les Parisiens, quant à eux, ont porté le coup de grâce à l'opération. La Préfecture de police s'attendait à des tentatives activistes, mais pas au fait que le citoyen lambda brandirait pancartes, édition du jour de Libération, etc. Ni qu'une bonne partie du parcours dans des quartiers huppés, peu prédestinés aux manifestations de mécontentement, se ferait sous les huées.


Perte de contrôle pour perte de sens

Lundi, les porte-parole de la mondialisation positive ont été confrontés aux aléas de l'espace public, non clos, non contrôlé. Aux aléas de la démocratie. Un "soulèvement" populaire peut encore mettre à mal des campagnes publiques et privées ruineuses.

C'est ce qui se produit lorsqu'on ne fait pas entrer la "société civile" dans l'équation de départ. Lorsqu'on considère qu'elle est définitivement acquise à l'univers désirant/consommant/performant.

En contradiction avec la vague montante du développement durable et les multiples proclamations qui y sont rattachées.


Une erreur de communication fondamentale.


Photo : Le Figaro



dimanche 6 avril 2008

Bâtiment : Bouygues positive l'énergie dans le Nord

Norpac, filiale de Bouygues Construction, vient de gagner l'appel d'offres pour le bâtiment des Archives départementales du Nord. Signe particulier : ce bâtiment produira plus d'énergie qu'il n'en consommera. Une bonne occasion de se pencher sur le rapport "Comparaison internationale Bâtiment et Energie" du Prébat, qui souligne la nécessité d'une approche globale de la conception et de la construction des nouveaux bâtiments.

Isolation renforcée des façades, toiture, vitrages, étanchéité à l'air et à l'eau, équipements et technologies économes en énergie, toiture végétalisée : tels seront les atouts environnementaux des nouvelles Archives départementales du Nord, à Lille, livrables en 2001. Conçu par les architectes Pierre Gilbert et Jérôme de Alzua, ce bâtiment à énergie positive fera chuter la consommation d'énergie primaire de 105 en moyenne à 12,9 Wh/m2/an ! Chaleur et électricité seront produites par une unité de cogénération à l'huile végétale et 350 m2 de panneaux solaires photovoltaïques.

Norpac collaborera avec le cabinet Cap Terre sur ce projet novateur. Un projet en avance sur la réglementation, qui prévoit l'obligation de construire des bâtiments publics à basse consommation à partir de 2010. Les logements, quant à eux, devront être THPE (Très Haute Performance Energétique) en 2010, basse conso (50 KWh/m2) en 2012 et à énergie positive en 2020. La France rattrape ainsi, ou plutôt grignote son retard en matière de consommation énergétique par l'habitat.

Rapport Prébat : globaliser la conception des bâtiments

Un bonne occasion de consulter le rapport du Prébat (Programme de recherche et d'expérimentation sur l'énergie dans le bâtiment) sur "Comparaison internationale Bâtiment et Energie".

Celui-ci explore les programmes d'opérations performantes dans 5 pays européens et aux Etats-Unis, analyse les composants et équipements innovants et les programmes de recherche en Autriche, aux Pays-Bas et en Finlande.

Le rapport Prébat détermine 10 enseignements pour l'action liant énergie et bâtiment en France. En particulier : "Pour les professionnels, il s'agit d'un véritable nouveau paradigme". Autrement dit : "Pour atteindre ces performances, et plus encore s'il s'agit de bâtiments zéro énergie ou à énergie positive, il faut concevoir la construction ou la rénovation autrement et abandonner la conception par séquences (architecture, puis enveloppe, puis équipements) pour adopter une conception courante traitant... dans un seul mouvement l'architecture, le climat, l'enveloppe et les équipements. Les composants et équipements fournis par les industriels doivent être intégrés dans cette vision d'ensemble... Aucun métier n'échappe à une redéfinition de son rôle ".

Les experts soulignent par ailleurs que "le moteur de l'action est politique". En ces temps de croissance molle, cela devrait aller de soi. Quand le Bâtiment va...


Thierry Follain

Illustration : copyright Pierre Gilbert (cabinet Zigzag Architecture) et Jérôme de Alzua

25-26 avril : le commerce équitable en forum

La consommation responsable sera le thème central du second Forum national du commerce équitable. Cité des Sciences et de l'Industrie, Paris La Villette, 25 et 26 avril. Il marque le lancement de la 8 ème Quinzaine du commerce équitable.

Le Forum 2008 proposera conférences et animations sur le thème "Consommer équitable, c'est donner du sens à ses achats".

Trois espaces accueilleront visiteurs et participants : Tourisme équitable : faire participer (enfin) les populations locales aux fruits du tourisme, sans ravager l'environnement. - Animation - Création d'entreprise.

Organisateurs : Plate-forme pour le commerce équitable, Max Havelaar, Groupe SOS.


vendredi 4 avril 2008

Eoliennes : pourquoi tant de haine ?

En matière d'environnement, il est un sujet qui mobilise beaucoup en France. La pollution des nappes phréatiques ? L'avenir de l'énergie nucléaire ? Le diesel ? Les éthers de glycol ? Non : les éoliennes ! Un paradoxe national favorisé par la focalisation mondiale sur le thème du réchauffement climatique et du CO2.

Plus de 70 sénateurs ont co-signé la proposition de loi de Philippe Marini (UMP), visant à soumettre toute installation d'éolienne de plus de 50 mètres à une consultation du public. Ce type de projet est pourtant déjà soumis à étude d'impact et enquête public. Tout comme les lignes à Très Haute Tension, les grands projets d'aménagement... Comme le fut notre imposant parc de centrales nucléaires.

Cette proposition reflète en fait la vague d'hostilité anti-éoliennes française, les accusant de "défigurer" nos paysages, dévorer les subventions, ne produire que des quantités d'énergie ridicules, et ainsi de suite. Mais pourquoi tant de haine ?


My nucléaire is clean


Cette campagne reflète un paradoxe français, celui d'un pays qui a accepté dès les années 70 l'idée d'une énergie nucléaire 100% "propre", exempte de tout rejet de gaz ou d'effluents radioactifs, de toute contamination lors des transports de déchets, opérations de maintenance, ou du retraitement, spécialité nationale que le monde entier nous envie (d'une manière ambigüe). Certes, Tchernobyl, en 1986, et le mensonge de notre autorité "protectrice", le SCPRI du Professeur Pellerin, ont instillé le doute. Mais ont aussi focalisé l'attention sur les risques d'explosion, bien improbables dans les centrales françaises, pour masquer celui de la contamination au quotidien.


Co2, mon amour !


Tel pourrait être le cri des industriels et producteurs d'énergie nucléaire, de l'industrie automobile "diéseliste" et de bien d'autres intervenants économiques. L'effort de propagande "verte" actuel porte en effet principalement sur le réchauffement climatique, l'attention étant focalisée, non sur l'ensemble des gaz à effet de serre, mais sur les émissions de CO2. Exit les radionucléides dont la demi-vie se décompte en dizaines, centaines ou milliers d'années, exit les particules fines et très fines des moteurs diesel... Ces sujets devraient pourtant susciter notre vigilance.

Dans les pays nordiques, en Allemagne, les éoliennes bénéficient de ce "courant" "Tout sauf le CO2 !". Mais pas en France ! Les Français tiennent à leur paysage. En témoignent l'art des hangars commerciaux des sorties de ville, les rond-points omniprésents, le remembrement massif, l'aménagement des banlieues, voire les pavillons sur taupinière (sourire)...
Un paradoxe national.

Thierry Follain


PS : L'auteur de ces lignes est conscient du fait que l'implantation accélérée d'éoliennes sert aussi des intérêts 100% privés. Ceci dit : pas plus qu'ailleurs.


Photo : DR