jeudi 9 septembre 2010

Puberté précoce chez les filles, due à : obésité, inégalité, cosmétiques et chimie.

Un nombre croissant de petites Américaines  entrent en puberté dès 7, 8 ans. Des équipes médicales de New York et Cincinatti expliquent ce phénomène par le surpoids chronique, l'exposition aux substances cosmétiques et chimiques, et la condition sociale. Une précocité  également observée en France, dès 9 ans.

15% des petites filles observées montrent des signes de puberté mammaires et pubiens dès l'âge de 7 ans. Le pourcentage monte à 20% à 8 ans. Tel est le résultat d'une étude dirigée par le Docteur Frank Biro, Responsable de la médecine des adolescents au Children's Hospital Medical Center, Cincinatti. Elle a porté sur 1 239 fillettes résidant à Cincinnati, East Harlem, et San Francisco.

  
Disparité sociale et puberté

Ces données varient selon les racines communautaires et sociales. Le taux d'apparition d'une toison pubienne à 7 ans se monte ainsi à 10,4% pour les filles d'origine anglo-saxonne, à 14,9% pour les hispaniques, et à 23,4% pour les noires-américaines. Un doublement par rapport aux taux observés 10 ans plus tôt. A 8 ans, l'esquisse mammaire apparaît chez 18,3% des Caucasiennes, 31% des Hispaniques, et jusqu'à 43% des Noires.

Obésité et perturbations endocriniennes au banc des accusés

Dans la revue Pediatrics, l'équipe du Docteur Biro désigne comme principale cause le surpoids chronique, l'obésité. Elle a déterminé un lien entre prise de poitrine précoce et masse corporelle supérieure à la moyenne. Est ainsi pointée du doigt la leptine, hormone produite par les cellules adipeuses, régulatrice, en temps normal, de la sensation de satiété.  Elle serait également impliquée dans la maturation sexuelle. La puberté précoce est par ailleurs associée à un risque accru de cancer de la poitrine au long du cycle de vie.


Cosmétiques, PVC, suppléments nutritionnels également en ligne de mire

Dans un étude similaire publiée en avril dernier, les chercheurs de la Medicine Mount Sinai School, New York ont, quant à eux, pointé du doigt l'exposition aux phénols, aux phtalates et aux phytoestrogènes comme facteurs de puberté précoce. Ces produits imitent l'action des oestrogènes. Ils sont intégrés aux cosmétiques, vernis à ongles, parfums, lotions et shampoings auxquels ils apportent leur fragrance. Ils sont par ailleurs présents dans les plastiques PVC, les revêtements de médicaments ou les suppléments nutritionnels. Là aussi sont soulignées les conséquences possibles, sur la durée, en terme de diabète et de cancer.

Enfance volée ?

Dommage collatéral : l'exposition précoce et déstabilisante des fillettes concernées aux regards et au désir masculin, comme le souligne le Docteur Marcia Herman-Giddens, de l'Université de Caroline du Nord. Une pionnière de l'étude sur la puberté précoce, en 1997, sur un échantillon de 17 000 fillettes.

En France et en Europe aussi.

L'influence probable de produits chimiques sur le système endocrinien régulateur des hormones a également été évoquée par une étude danoise en 2009. Elle soulignait que le développement des seins chez les jeunes filles intervenait  un an plus tôt en 2006 qu'en 1991.

Situation confirmée en France par une étude récente du Docteur Sultan, professeur d'endocrinologie pédiatrique au CHU de Montpellier. Portant sur 4 200 jeunes filles en Languedoc-Roussillon, elle constate une entrée en puberté moyenne à 9 ans et 3 mois. Il constate à l'inverse de vrais retards de croissance dans ce domaine. Une amplitude d'écarts hormonaux inconnue il y a dix ans.

Là aussi, le surpoids est pointé du doigt, le tissu adipeux synthétisant des œstrogènes déclencheurs de la puberté. Les aliments riches en soja et en isoflavones, notamment le lait et les yaourts, sont mis en cause. Les fillettes, et autres, en mangent de plus en plus. Autres accusés : le stress, les pesticides, et, rebelotte, les phtalates présents dans les plastiques, ou le bisphénol, constituant des films alimentaires, à forte activité œstrogénique, interdit dans la fabrication des biberons depuis juin 2010 . Le 14 septembre s'est d'ailleurs déroulé à l’Assemblée nationale un colloque sur les « perturbateurs endocriniens".

Un (dés)ordre nouveau s'instaure chez les filles

S'esquisse donc un nouvel effet de la malbouffe, de la pollution chimique et des inégalités sociales contemporaines : la réduction sensible de la période de l'enfance féminine. Une atteinte de plus à notre "humanité".

L'enfance à sa juste durée deviendra-t-elle le privilège de filles de parents « écolos » ou simplement alertés sur ces sujets, plutôt éduqués, aisés ? Alertez les fillettes !