jeudi 23 avril 2009

Tour Elithis : un bâtiment tertiaire à énergie positive à Dijon

"Plus de matière grise pour moins d'énergie grise", tel est l'esprit de la tour inaugurée par Elithis Ingénierie le 2 avril dernier. Objectif minimal : consommer 20 kWh par mètre carré et par an. Pour cela, la Tour Elithis associe matériaux respectueux de l'environnement, isolation optimisée des façades, intelligence énergétique et production d'électricité photovoltaïque. Elle peut devenir bâtiment à énergie positive en fonction du comportement éco-citoyen de ses occupants.

Tour Elithis, Dijon : immeuble tertiaire à énergie positive - Tour Elithis à Dijon : bâtiment à énergie positive - Tertiaire et économies d'énergie à Dijon - Bureaux et économies d'énergie - Bureaux et sobriété énergétique - Tertiaire et énergie - Terre Natale, blog du développement durable et du bien-être - terrenatale.blogspot.com - Thierry Follain, concepteur-rédacteur - Thierry Follain, web rédacteur : 06 87 29 38 73La maîtrise énergétique, tel est le maître-mot de la Tour Elithis.

Cette sobriété énergétique est générée par la conception-même du bâtiment :
- forme arrondie limitant l'exposition aux influences climatiques,
- larges surfaces vitrées à double vitrage argon avec faible coefficient solaire,
- recours au poteaux mixtes béton/acier,
- façade recourant au bois,
- panneaux isolants à base de ouate de cellulose recyclée,
- bouclier thermique transparent en résille métallique.

L'ossature en béton joue un rôle de stockage thermique, conservant la fraîcheur en été, les calories en hiver.

La climatisation est assurée par un système à régulation mécanique. L'air insufflé sera rafraîchi par un procédé adiabatique, basé sur l'évaporation d'eau. Il doit assurer une régulation thermique passive jusqu'à une température extérieure de 27°.

Le bâtiment étant fortement isolé, la chaleur produite par les occupants et leurs matériels informatiques devrait suffire à assurer le chauffage en période froide. Cet auto-apport calorique est capté par un système de ventilation triple flux.

Elithis a cependant prévu une chaudière à bois en appoint. Sa consommation annuelle est estimée à 10 modestes mètres cubes de granulés.

La sobriété énergétique, c'est intelligent

Le bon vieux thermostat en prend pour son grade. La Tour Elithis accueille en effet plus de 1 600 capteurs et compteurs mesurant les consommations des occupants et la performance des équipements. Ils assurent la régulation quotidienne des flux d'énergie.

La sobriété énergétique est amplifiée par un système d'éclairage sophistiqué. Les circuits sont contrôlés et formatés suivant la zone de travail et l'usage des locaux.

Tubes fluorescents, lampes fluocompactes, lampes à LED : les éléments d'éclairage sont bien évidemment économes en énergie.

Energie positive, fonction du facteur humain

L'immeuble est par ailleurs producteur d'énergie, à travers les 580 m2 de panneaux photovoltaïques qui devraient produire 75 000 KWh (kilowatts-heure) par an. Cette énergie solaire autonome permet de faire chuter le bilan énergétique de la Tour Elithis de 70 à 20 KWh/m2/an.

L'attitude responsable des occupants permettra (ou non) de neutraliser la consommation et même de produire un bilan énergétique positif. Pour ce faire, Elithis a élaboré une charte environnementale que les sociétés occupantes s'engagent à appliquer. Cette charte synthétise recommandations environnementales et objectifs de consommation. Cerise sur le gâteau incitatif, un totem érigé au pied de la tout informe en permanence sur l'énergie produite et l'économie de gaz à effet de serre réalisée.

Ecologique et compétitif

Face à la frilosité des promoteurs, Elithis Ingénierie finance et commercialise lui-même cette tour ! L'atout économique apparaîtra au niveau des charges énergétiques, qui devraient être limitées à 30 euros au m2/an. Parmi les occupants, logiquement : l'Adème Bourgogne !

Le tertiaire, enjeu énergétique majeur

Le secteur tertiaire représente environ 15% de la consommation d'énergie en France, sa part ayant sensiblement augmenté dans les années 1990. Le développement de bâtiments sobres en énergie ou à énergie positive est donc une voie d'avenir.


La France n'est cependant pas en pointe dans la promotion éco-responsable (ni dans l'automobile "verte", d'ailleurs).

Des projets comme la Tour Elithis ou l'immeuble Alpha d'Ubiparc, à Echirolles (Isère) tentent d'inverser la tendance. La démarche d'Ubiparc est orientée vers un modèle de construction industrialisé, reproductible et adaptable. Elle doit produire des immeubles de bureaux basse consommation (42 kWhEP par m2 par an). Là encore, le comportement écolo-citoyen des occupants permettra d'atteindre les objectifs de sobriété énergétique.




Visuels :

Tour Elithis : Le Moniteur.fr
Alpha : Ubiparc


jeudi 9 avril 2009

Eco-quartiers : vitrines municipales ou réels précurseurs d'un urbanisme durable ?

L'éco-quartier à la française serait trop souvent la vitrine éco-responsable d'une municipalité, plutôt qu'une réelle transformation des pratiques d'aménagement et d'urbanisme. Tel est la thèse de Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin, auteurs de "L'urbanisme durable", dans une interview au Moniteur.

ZAC Pujol, éco-quartier, écoquartier à ParisEn considérant 100 projets d'éco-quartiers français, Catherine Charlotte-Valdieu et Philippe Outrequin soulignent le danger de voir ces zones "vertes" s'affirmer comme "réserves à bobos" déconnectées de la réalité urbaine.

4 défauts des "quartiers verts" français :

* Manque d'approche systémique,
* Conception d'ilôts écologiques au sein d'une ville, où est négligé le rapport au reste de la ville,
* Concentration des démarches écoresponsables sur l'habitat neuf, alors que la rénovation urbaine devrait être prise en compte,
* Attention excessive portée à l'esthétique, faiblesse de l'expertise en ingéniérie (une vieille lacune des architectes français).

3 enseignements pour un urbanisme responsable :

* Un écoquartier ne doit pas être unique, mais reproductible.
* La concertation avec les habitants et leur implication est un élément fondamental de réussite d'une zone durable, comme le démontre l'exemple grand-breton. Une démarche participative qui devrait être développée par l'ANRU (Agence nationale de la rénovation urbaine), selon Philippe Outrequin.
* Le partenariat entre les divers acteurs des projets (promoteur, fournisseur d'énergie, collectivité locale...) permet une réelle optimisation des quartiers verts.



"L'écoquartier ne doit pas être une enclave écologique pour bobos", sur lemoniteur.fr.

A lire : "L'urbanisme durable. Concevoir un écoquartier", Le Moniteur Editions.

L'ouvrage permet aux décideurs d'intégrer tous les enjeux du développement durable dans un projet urbain.

Catherine Charlot-Valdieu et Philippe Outrequin rappellent le cadre de référence, national et européen. Ils décrivent diverses démarches d'aménagement et de renouvellement urbain au Canada, en Suède, en Grande-Bretagne (Bedzel), en Espagne, à Rennes et Nantes.


Les auteurs proposent une méthodologie de développement durable aux différentes échelles de territoire, du bâtiment jusqu'à la ville, en passant par le lotissement, le quartier ou le secteur. Ils exposent les bonnes pratiques en matière de gestion du sol, aménagement des espaces publics, gestion de l'eau et des déchets, énergie, déplacements...

"L'urbanisme durable. Concevoir un écoquartier" permet aux professionnels de l'urbanisme d'élaborer de véritables stratégies territoriales et patrimoniales durables.
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* Catherine Charlot-Valdieu est présidente du Réseau européen pour un développement urbain durable (Suden). Philippe Outrequin est le fondateur du cabinet-conseil La Calade

* Illustration : ZAC Pujol, projet d'éco-quartier dans le quartier de La Chapelle, Paris.