vendredi 10 décembre 2010

RT 2012 : sobriété énergétique pour habitat social, tertiaire, maisons et appartements


Grâce à la RT 2012, le rayonnement énergétique des habitations, lieux de séjour et de travail restera purement intérieur. Référentiel de base : une consommation d'énergie primaire inférieure à 50 kWh/m²/an. Application détaillée et contrôle de la mise en application de l'arrêté du 26 octobre  2010 posent cependant encore question.

RT2012, publication de l'arrêté du 26 octobre 2010 - Grenelle de l'Environnemment, RT 2012 - Sobriété énergétique du logement, en France - BBC Effinergie - RT 2012, Cep max, B Bio max - RT 2012 et ANRU - RT 2012 : surcoût - Terre Natale, le Blog du Développement durable, par Thierry Follain - terrenatale.blogspot.com

A travers l'arrêté du 26 octobre 2010, la RT 2012 traduit dans les faits l'objectif de sobriété énergétique fixé par le Grenelle I de l'environnement, dans sa loi de programmation du 3 août 2009. Le niveau d'exigence moyen est celui fixé pour l'actuel label BBC-Effinergie (qui inclut quant à lui une garantie de résultat). Soit une consommation d'énergie primaire inférieure à 50 kWh/m²/an (avant transformation et transport). A comparer avec les 130 kWh de référence pour la RT 2005, augmentés à 250 kWh, si chauffage électrique.
 
* Consommation énergétique, efficacité énergétique du bâti, et confort d'été : les 3 bases RT 2012

- Consommation énergétique du bâtiment, coefficient "Cep max". 

Cep max prend en compte la consommation d'énergie primaire maximale autorisée de l'habitation : chauffage, refroidissement, éclairage, production d’eau chaude sanitaire, pompes et ventilateurs.
L'exigence de consommation est modulable en fonction de la nature de la source d'énergie, des émissions de gaz à effet de serre des bâtiments, de leur surface, de leur type d'usage (collectif, non collectif)

La valeur de référence, 50 kWh/m²/an, varie suivant la localisation géographique, cela va de soi.



- Exigence nouvelle, 100% RT 2012 : B Bio max : efficacité énergétique du bâti. Elle porte sur le chauffage, le refroidissement et l’éclairage artificiel. Elle prend en compte l’isolation thermique, le niveau d’isolation, la mitoyenneté et en particulier la conception bioclimatique.

- Confort d'été dans les bâtiments non climatisés, estimé à partir de la Tic (température intérieure conventionnelle). Elle exprime la limite de température à ne pas dépasser en été, sans utiliser de système de refroidissement. Une mesure anti-climatisation énergétivore !

D'autres exigences minimales traduisent par ailleurs une volonté publique forte (même si celle-ci s'est quelque peu diluée depuis les jours fastes du "Grenelle") : obligation de recourir aux énergies renouvelables en maison individuelle, obligation de traiter des ponts thermiques (fuites de chaleur), obligation de traiter la perméabilité à l’air des logements neufs, etc.


* Octobre 2011, janvier 2013 :  dates d'entrée en vigueur de la RT 2012

La RT 2012 généralisera les critères BBC Effinergie aux bâtiments neufs à usage d'habitation dont la demande de permis de construire aura été déposée à partir du 1er janvier 2013.

Une exception : les logements situés en zones relevant de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), qui devront être projetés "RT 2012" à compter du 28 octobre 2011. Sont concernés dans ces zones  les maisons individuelles, logements sociaux à usage locatif, foyers de jeunes travailleurs et cités universitaires.

Les bâtiments accueillant des bureaux, l'enseignement, l'accueil de la petite enfance et l'hôtellerie auront également la RT 2012 pour référence à compter du 28 octobre 2011.

La date de référence étant celle de la demande de permis de construire, bien des bâtiments entrant en construction après novembre 2011 ou janvier 2013 ne seront pas légalement soumis à la RT 2012. Ce qui ne signifie pas que leurs concepteurs et promoteurs ne s'intéresseront pas à la question.

* Qui contrôle la RT 2012 et comment ?


Certains professionnels soulignent la quasi-absence de contrôle officiel sur la norme thermique précédente, la RT 2005. " Je fais ce métier depuis 30 ans et j'ai été contrôlé deux fois sur le respect de la RT ", déclare ainsi Bruno Georges, directeur du bureau d'études ITF, sur LeMoniteur.fr.


La Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (Dhup), semble miser sur l'autocontrôle, avec la délivrance d'une attestation de conformité à la fin du chantier. Le texte de loi " Grenelle 2 " précise qu'à l'achèvement des travaux, l'attestation de prise en compte de la RT 2012 pourra être délivrée par les maîtres d'œuvre, les architectes, les contrôleurs techniques, ou encore les organismes certificateurs.

D'où un débat parfois vif sur les compétences nécessaires s'engage à ce sujet entre architectes et thermiciens, sur le site du Moniteur. Pour illustration, le billet : " On connaît la compétence en thermique des architectes et des personnes réalisant les DPE ", plaisante François Amblard, Président de la Chambre de l'Ingénierie et du Conseil de France (CICF). Ancien membre du Conseil nationale de l'Ordre des architectes, Jacques Allier plaide pour une approche énergétique conjointe à l'approche architecturale.

Le test d'étanchéité final, exigé par les textes, entraînera, quoi qu'il en soit, des progrès conséquents dans la sobriété énergétique des bâtiments construits sous le régime de la RT 2012.

* Un surcoût RT 2012 moyen inférieur à 10% ?

D'après la synthèse " Réglementation thermique Grenelle Environnement 2012 ", publiée par le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie et du Développement durable en juillet 2010, le surcoût de construction RT 2012 prévisible serait de 5 à 7% en 2013. Il pourra être supérieur si les constructeurs recherchent des performances optimisées. Pas totalement négligeable dans un contexte de nouvelle progression des prix de l'immobilier et de tension sur le marché locatif dans les principales villes françaises.

Sur 20 ans, l'économie énergétique résultant de la mise en œuvre de la RT 2012 est estimée à 5000 euros pour le collectif et 15 000 euros en maison individuelle.

* 150 milliards de kilowatts heure économisés

Le Ministère estime la réduction de la consommation d’énergie primaire à 150 milliards de kWh entre 2013 et 2020.

Il est sensiblement plus hésitant en ce qui concerne la réduction des émissions de CO2 : entre 13 et 35 millions de tonnes de CO2 (selon la méthode) entre 2013 et 2020 !

  • Quoi qu'il en soit, un pays qui a pratiqué, trois décennies durant (1970-2000), une politique énergétique du logement fondée sur des habitations peu ou mal isolées et le recours massif aux convecteurs électriques ne peut que sortir grandi en termes d'économie, de confort et  d'écologie de l'application généralisée de la RT 2012 !

samedi 2 octobre 2010

Mondial de l'Auto 2010 : webmagazine Faurecia dédié à l'automobile "durable"


J'ai assuré conseil éditorial, interviews et rédaction pour le webmagazine "Mondial de l'Auto 2010" de Faurecia, équipementier mondial, filiale de PSA.

Domaines d'action particulièrement développés dans ce magazine Mondial 2010 de l'Automobile : la diminution sensible des rejets d'oxydes d'azote, avec la réduction catalytique sélective (SCR) et les "pièges à NOx", la récupération des 30% de chaleur rejetés dans l'échappement et l'allègement constant des véhicules.  Des technologies mises en oeuvre dans le cadre des réglementations anti-pollution Euro 5, Euro 6, et Tier 2 (USA).

Avec Novacom Associés.



Photo : tous droits réservés Novacom Associés. Reproduction interdite.

jeudi 9 septembre 2010

Puberté précoce chez les filles, due à : obésité, inégalité, cosmétiques et chimie.

Un nombre croissant de petites Américaines  entrent en puberté dès 7, 8 ans. Des équipes médicales de New York et Cincinatti expliquent ce phénomène par le surpoids chronique, l'exposition aux substances cosmétiques et chimiques, et la condition sociale. Une précocité  également observée en France, dès 9 ans.

15% des petites filles observées montrent des signes de puberté mammaires et pubiens dès l'âge de 7 ans. Le pourcentage monte à 20% à 8 ans. Tel est le résultat d'une étude dirigée par le Docteur Frank Biro, Responsable de la médecine des adolescents au Children's Hospital Medical Center, Cincinatti. Elle a porté sur 1 239 fillettes résidant à Cincinnati, East Harlem, et San Francisco.

  
Disparité sociale et puberté

Ces données varient selon les racines communautaires et sociales. Le taux d'apparition d'une toison pubienne à 7 ans se monte ainsi à 10,4% pour les filles d'origine anglo-saxonne, à 14,9% pour les hispaniques, et à 23,4% pour les noires-américaines. Un doublement par rapport aux taux observés 10 ans plus tôt. A 8 ans, l'esquisse mammaire apparaît chez 18,3% des Caucasiennes, 31% des Hispaniques, et jusqu'à 43% des Noires.

Obésité et perturbations endocriniennes au banc des accusés

Dans la revue Pediatrics, l'équipe du Docteur Biro désigne comme principale cause le surpoids chronique, l'obésité. Elle a déterminé un lien entre prise de poitrine précoce et masse corporelle supérieure à la moyenne. Est ainsi pointée du doigt la leptine, hormone produite par les cellules adipeuses, régulatrice, en temps normal, de la sensation de satiété.  Elle serait également impliquée dans la maturation sexuelle. La puberté précoce est par ailleurs associée à un risque accru de cancer de la poitrine au long du cycle de vie.


Cosmétiques, PVC, suppléments nutritionnels également en ligne de mire

Dans un étude similaire publiée en avril dernier, les chercheurs de la Medicine Mount Sinai School, New York ont, quant à eux, pointé du doigt l'exposition aux phénols, aux phtalates et aux phytoestrogènes comme facteurs de puberté précoce. Ces produits imitent l'action des oestrogènes. Ils sont intégrés aux cosmétiques, vernis à ongles, parfums, lotions et shampoings auxquels ils apportent leur fragrance. Ils sont par ailleurs présents dans les plastiques PVC, les revêtements de médicaments ou les suppléments nutritionnels. Là aussi sont soulignées les conséquences possibles, sur la durée, en terme de diabète et de cancer.

Enfance volée ?

Dommage collatéral : l'exposition précoce et déstabilisante des fillettes concernées aux regards et au désir masculin, comme le souligne le Docteur Marcia Herman-Giddens, de l'Université de Caroline du Nord. Une pionnière de l'étude sur la puberté précoce, en 1997, sur un échantillon de 17 000 fillettes.

En France et en Europe aussi.

L'influence probable de produits chimiques sur le système endocrinien régulateur des hormones a également été évoquée par une étude danoise en 2009. Elle soulignait que le développement des seins chez les jeunes filles intervenait  un an plus tôt en 2006 qu'en 1991.

Situation confirmée en France par une étude récente du Docteur Sultan, professeur d'endocrinologie pédiatrique au CHU de Montpellier. Portant sur 4 200 jeunes filles en Languedoc-Roussillon, elle constate une entrée en puberté moyenne à 9 ans et 3 mois. Il constate à l'inverse de vrais retards de croissance dans ce domaine. Une amplitude d'écarts hormonaux inconnue il y a dix ans.

Là aussi, le surpoids est pointé du doigt, le tissu adipeux synthétisant des œstrogènes déclencheurs de la puberté. Les aliments riches en soja et en isoflavones, notamment le lait et les yaourts, sont mis en cause. Les fillettes, et autres, en mangent de plus en plus. Autres accusés : le stress, les pesticides, et, rebelotte, les phtalates présents dans les plastiques, ou le bisphénol, constituant des films alimentaires, à forte activité œstrogénique, interdit dans la fabrication des biberons depuis juin 2010 . Le 14 septembre s'est d'ailleurs déroulé à l’Assemblée nationale un colloque sur les « perturbateurs endocriniens".

Un (dés)ordre nouveau s'instaure chez les filles

S'esquisse donc un nouvel effet de la malbouffe, de la pollution chimique et des inégalités sociales contemporaines : la réduction sensible de la période de l'enfance féminine. Une atteinte de plus à notre "humanité".

L'enfance à sa juste durée deviendra-t-elle le privilège de filles de parents « écolos » ou simplement alertés sur ces sujets, plutôt éduqués, aisés ? Alertez les fillettes !

samedi 21 août 2010

En 2007, les Français ont émis 439 ou 545 millions de tonnes de CO2 ? Question de point de vue.

439 millions de tonnes de CO2 émises en France en 2007. Autant qu'en 1990, pour une population qui a crû de 5,5 millions. L'empreinte carbone des transports, des services et des ménages est en augmentation. Si on considère la consommation finale française, importations incluses, le CO2 émis passe à 545 tonnes. Soit 9 tonnes par citoyen, et non 6,5. D'un point de vue mondialisé.

Réchauffement climatique : la France a produit entre 439 et 545 millions de tonnes de CO2 en 2007 - Les Français émetteurs de CO2 - Terre Natale, le Blog du Développement durable - Par Thierry Follain, conseil en communication, rédacteur, web rédacteur - 06 87 29 38 73

Les acteurs économiques et les ménages ont émis 439 millions de tonnes de dioxyde de carbone en France, en 2007, contre 438 en 1990. Résultat décevant, à moduler par la croissance de la population : 5,5millions. A 6,5 tonnes, l'empreinte carbone individuelle a donc diminué. 

Evolution des émissions de CO2 : logique et contrastée

Le gain technologique en émission de CO2 sur la période a été de - 33%. Il a été neutralisé par l'augmentation des usages et des consommations. Les gains obtenus dans l'industrie  et la production d'énergie (20 millions de tonnes) ont ainsi été neutralisée par la croissance du CO2 émis par les industries de services (19 millions). 

En résumé : l'industrie attentive à ses consommations énergétiques, régulée et délocalisée a baissé ses émissions de CO2 de 10%, les services et les transports, en croissance, les ont augmenté respectivement de 25% et 35% !

Les ménages, directement responsables de 30% des émissions de CO2

 En 17 ans, les ménages français ont bien sûr acheté plus de voitures, allongé leurs parcours (tendance à confirmer aujourd'hui) et agrandi la surface de leurs logements. Sachant que la RT 2005, première régulation thermique digne de ce nom, ne s'est appliquée qu'aux demandes de permis de construire déposées après le 1er septembre 2006.

Le chauffage et les voitures des Français ont ainsi émis 150 millions de tonne de CO2 en 2007 contre 149 en 1990. Là encore joue l'effet-rebond, dans lequel l’amélioration de l’efficacité environnementale d’une ressource ou d’un équipement est compensée par un usage accru.

Les comportements individuels et familiaux ont donc un fort impact sur le réchauffement climatique. CQFD.

Consommation finale d'un pays : le vrai référentiel des émissions de gaz à effet de serre

L'économie française ne fonctionne pas en cercle fermé. Dans son rapport "CO2 et activités économiques de la France - Tendances 1990-2007", le Commissariat Général au Développement durable a donc pris en compte le solde carbone de l'ensemble des biens importés, exportés, consommés, L'émission de CO2 affiche alors 545 tonnes au compteur en 2007, soit 33% de plus ! Et donc 9 tonnes par citoyen, au lieu de 6,5.

Comme le souligne le Commissariat dans son introduction, "... la première estimation du CO2 associée aux importations donne un bilan des émissions de la demande finale nationale (y compris les importations et hors exportations) nettement plus élevé que celui qui est actuellement rapporté à la CCNUCC. Ce dernier prend uniquement en compte la quantité de CO2 émise sur le territoire national." La CCNUCC étant la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, chargée du suivi du Protocole de Kyoto sur les émissions de gaz à effet de serre et de l'accord à minima signé à Copenhague en 2009.

D'où une question : les référentiels actuels de la lutte contre le réchauffement climatique sont-ils bien adaptés à la réalité des échanges économiques ?


Thierry Follain : Rejoignez mes contacts sur Viadeo

* Contrepoint réconfortant ou inquiétant : la France est classée 1ère pour son "indice de rendement à faible production de carbone", parmi les pays du G8. D'après le rapport "Prospérité climatique" publié par la Table ronde nationale canadienne sur l'environnement et l'économie.

mardi 3 août 2010

Sondage BVA : les entreprises françaises encore réticentes au développement durable

Selon un sondage BVA pour le Ministère de l'Economie et des Finances, 52 % des entreprises interrogées déclarent "ne pas avoir l'intention d'investir dans le développement durable". Un tiers seulement des entreprises françaises sont déjà passées à l'action en la matière


Un sondage effectué en mars dernier pour la CGPME soulignait que 81 % des PME avaient "intégré le développement durable dans leur réflexion ". La consultation de BVA réalisée en juin révèle cependant que 52% des entreprises ne pensent pas passer à l'action en la matière.

Un tiers des entreprises françaises font du durable

Elément réconfortant, donc : 32 % des entreprises affirment avoir engagé des démarches "durables". 15% "ont l'intention de le faire". Près de la moitié des entreprises agricoles, tant décriées, ont déjà agi, ainsi que 31 % des sociétés de BTP et 37% des services (37 %). Ce qui confirme que l'incitation législative développe les comportements (plus) vertueux. Et laisse supposer le "durable" reste encore limité à l'un de ses 3 piliers, l'environnemental.

Palme verte aux PME

Les grandes entreprises (plus de 250 salariés) sont moyennement mobilisées sur le développement soutenable : 40% ont agi et 44% "s'apprêtent à le faire". Incertaines sur leur avenir, les TPE sont 56 % à rechigner à l'engagement durable. La palme revient aux PME (50 à 250 salariés) : 49 % ont déjà investi dans le DD, tandis que 22 % s'apprêtent à le faire. Non contentes de soutenir l'emploi, elles fondent donc la démarche durable française.

Ce sondage "Engagement dans le développement durable" nous rappelle que l'élan vert qui va de soi dans les médias a encore du chemin à faire dans l'économie réelle...Et qu'il n'est pas encore pleinement perçu comme facteur de performance économique.

Thierry Follain : Rejoignez mes contacts sur Viadeo

lundi 26 juillet 2010

La Chine, premier consommateur d'énergie au monde : une croissance sous haute tension !

La Chine a consommé plus d'énergie que les Etats-Unis en 2009. 70% de l'énergie chinoise est produite avec du charbon, dans ce pays leader mondial des rejets de gaz à effet de serre. Pour poursuivre sa croissance, la Chine devra produire 1000  gigawatts de plus d'ici 2025. Un objectif difficile à atteindre avec le nucléaire ou les énergies renouvelables. Le tout dans un contexte de risques environnementaux croissants.

La Chine, premier pays consommateur d'énergie en 2009 - Chine consommation énergie 2009 - China and energy in 2009 - Terre Natale, le Blog du Développement durable - Par Thierry Follain, conseil en communication, rédacteur, web rédacteur - 06 87 29 38 73

En 2009, la Chine a consommé 2.252 millions de tonnes équivalent pétrole (tep), d'après l'AIE (Agence internationale de l'énergie). Soit 4 % de plus que les Etats-Unis (2.170 millions de tep). Le Gouvernement chinois minimise cette consommation à 2 132 millions TEP. Ce nouveau record résulte non seulement de la croissance chinoise (8,7% en 2009), mais aussi de la médiocrité du rendement énergétique en Chine, qui s'est amélioré de 1,7% en 10 ans, contre 2,5% aux Etats-Unis.
 
Un Américain consomme toujours cinq fois plus d'énergie qu'un Chinois, et reste le plus gros consommateur de pétrole de la planète. Ce qui n'a pas empêché la Chine de dépasser les Etats-Unis en 2007 en termes d'émissions de gaz à effet de serre.

L'insatiable demande en énergie de la Chine

Et ce n'est pas fini ! D'ici 2025, les Chinois devront augmenter leur production d'électricité de 1000 Gigawatts. Ce qui correspond à la capacité de 625 réacteurs nucléaires de type EPR ! A 5 milliards d'euros pièce. Pour l'instant, la Chine en a commandé deux. Ils devraient entrer en service en 2013 et 2014 (si cela se passe mieux que pour leurs équivalents français et finlandais). L'exploitation pétrolière et gazière se développe dans la région du Xinjiang. En septembre 2009, le gouvernement chinois a annoncé sa volonté de doubler la capacité de production d'énergie hydroélectrique du pays, en particulier par de nouveaux barrages sur le Yangtsé, un fleuve déjà mis à mal par les précédents. La production d'origine éolienne représentait 20 gigawatts, la 3ème mondiale, fin 2009. Mais 70% de la production d'électricité chinoise repose encore sur le charbon. Les importations de charbon ont donc bondi de 212 % en 2009, atteignant 125,8 millions de tonnes.

Le modèle chinois est-il viable à long terme ?

Cette croissance à marche forcée repose sur un prélèvement croissant des ressources mondiales en minerais, gaz, pétrole et charbon (l'Afrique fournit désormais un tiers du pétrole importé par Pékin). Ce développement  a un lourd coût environnemental et humain. Selon le premier recensement national des sources de pollution en Chine publié en février 2010, plus de 63 700 milliards de mètres cubes de gaz ont été déversées dans l'air en 2007, et 209 milliards de tonnes d'eau usées rejetées. 6 millions de sources de nuisance agricole, industrielle et résidentielle ont été répertoriées. Le recensement aura duré deux ans et mobilisé plus de 570 000 employés. Cette prise de conscience naissante sera-t-elle suffisante ? Selon Zhang Lijun, vice-ministre chinois à la Protection de l’environnement, « la Chine devrait battre les records de pollution et voir une nette amélioration lorsque le revenu par habitant avoisinera les 3 000 dollars”. 

Une course entre développement, environnement et « durabilité » à l'issue incertaine. En décalage avec une Europe qui délocalise, se désindustrialise, tout en durcissant ses mesures de protection de l'air, du climat et de l'environnement. Et en spéculant sur les marchés à terme du blé, du charbon, des métaux et ainsi de suite... A défaut d'autre chose, il y a comme de la contradiction dans l'air !


mardi 13 juillet 2010

RTE informe le citoyen sur la consommation d'électricité et les émissions de CO2 associées

RTE, gestionnaire du réseau de distribution d'électricité français, nous informe au jour le jour sur la consommation d'électricité et les émissions de CO2 liées à sa production.

RTE : Consommation, production et contenu CO2 de l’électricité française - Terre Natale, le Blog du Développement durable - Par Thierry Follain, conseil en communication, rédacteur, web rédacteur - 06 87 29 38 73

Sur sa page "Consommation, production et contenu CO2 de l’électricité française", RTE publie les graphiques suivants :

* Consommation d'électricité en temps réel,

* Répartition de la production électrique par filière, ou mix énergétique français (jour précédent),

* Emissions de CO2 liées à la production d'électricité (la veille)(estimées à partir de valeurs de référence par filière employées par l'ENTSO-E,association européenne des gestionnaires de réseaux de transport d'électricité).

De quoi suivre la réalité de notre consommation d'énergie, au-delà des bonnes intentions et des efforts de sobriété énergétique actuellement engagés. L'objectif affiché par RTE est d'ailleurs de guider les bonnes pratiques des consommateurs français.


visuel : mix énergétique du 12 juillet 2010

dimanche 4 juillet 2010

Euro 5, Euro 6 : l'automobile européenne se refait une beauté environnementale

Pollution automobile : normes européennes Euro 5 et Euro 6 : particules fines, oxydes d'azote Terre Natale, le Blog du Développement durable - Par Thierry Follain, conseil en communication, rédacteur, web rédacteur - 06 87 29 38 73

Sous la pression de normes d'émissions toujours plus sévères en Europe, aux Etats-Unis et au Japon, les constructeurs automobiles mettent au point des véhicules plus « propres ». Euro 6, prévue pour 2014, vise plus particulièrement les émissions d'oxydes d'azote et de particules fines fortement liées au diesel. En attendant, la réglementation américaine va dépasser la nôtre, et la Chine se rue sur la voiture particulière...

Euro 5, Euro 6, Tier 2 bin : pas de voiture propre sans contraintes législatives ?

Adoptées en 2007, les normes Euro 5 et Euro 6 veulent limiter au maximum l'impact négatif des véhicules routiers sur l'environnement et la santé. Elles visent les émissions polluantes des voitures particulières et des véhicules utilitaires de moins de 2,6 tonnes. Les moteurs diesel chéris par les constructeurs et conducteurs Français sont particulièrement concernés.

Suivant Euro 5, applicable depuis 2009, les émissions de particules des "diesel" sont réduites à 5 mg/km (moins 80% des émissions par rapport à la norme Euro 4), et celles d'oxydes d'azote (NOx) à 180 mg/km (ou 2 grammes par kwH d'énergie produite par le moteur). D'où une réduction de 20%. Les moteurs "essence" doivent réduire de 25% les émissions de NOx (60 mg/km) et d'hydrocarbures imbrûlés. Les normes sont différentes pour les utilitaires, répartis en 4 catégories.

Moralité : depuis le 1er septembre 2009, l'ensemble des véhicules diesel doivent être équipés de filtres à particules. Enfin, les nouveaux modèles, soumis à réception et donc à homologation européenne, puis nationale. C'est seulement au 1er janvier 2011 que les véhicules vendus et immatriculés en Europe devront satisfaire aux exigences d'Euro 5.

Norme Euro 6 : bonne pour la santé

L'approche des rejets de particules est plus "fine" dans Euro 6 : elle prend en compte non seulement leur masse, mais leur nombre. Elle favorise donc la baisse de particules très fines (moins de 2,5 microns de diamètre), qui adorent se tapir dans nos poumons. Les émissions d'oxydes d'azote (Nox) provenant des véhicules diesel seront plafonnées à 80 mg/km. Autrement dit, des émissions divisées par 2, par rapport à Euro 5. Les émissions combinées d’hydrocarbures imbrûlés et de Nox seront, quant à elles, limitées à 170 mg/km.

Pour lutter contre les particules polluantes ultrafines (PM 0,1 um et inférieur),longtemps glissées sous le tapis médiatique, la Commission a adopté une approche fondée sur le nombre, en plus de celle fondée sur la masse (g/kWh) actuellement utilisée. Elle s'appuie pour cela sur les résultats du Programme de esure des particules (PMP) de la CEE/ONU. Europe 6 fixe ainsi un nombre limite de particules émises, tenant compte des performances possibles des filtres.

On estime que les niveaux d'émissions tolérés pour les particules ont baissé de 94% depuis l'introduction de la réglementation les concernant, en 1993. Après application d'Euro 6, le gain passera à … 97%.

Les constructeurs doivent de plus garantir la durabilité des dispositifs antipollution pour un usage de 160 000 kilomètres.

Les délais d'application seront également plus serrés, Euro 6 étant applicable à tout véhicule immatriculé ou vendu après le 1er septembre 2015.

De quoi faire phosphorer les constructeurs et équipementiers automobiles, dont Faurecia, filiale de PSA, pionnier du filtre à particules diesel, Faurecia et leader des systèmes de contrôle des émissions. Pour en savoir plus sur la question, voir le site faurecia.fr, pour lequel j'ai assuré conseil éditorial et rédaction, en collaboration avec Novacom Associés.

Lutte contre la pollution automobile : l'Europe doublée par les Etats-Unis ?

Aux Etats-Unis, la norme américaine Tier 2 concerne l'ensemble des véhicules de transport de passagers, 4x4 inclus. Les mêmes standards sont applicables aux véhicules "diesel", "essence" ou à carburants alternatifs (sachant que la motorisation diesel concerne peu l'automobiliste américain). La norme est segmentée en 8 certifications permanentes ou "certification bins". La norme d'émissions moyenne est la " Tier 2 Bin 5", applicable depuis 2009. Elle correspond à la norme californienne LEV II, qui fixe le rejet-plafond d'oxydes d'azote à 43 mg/km, contre 80 mg pour Euro 6 (no comment!). Sachant qu'une norme LEV III plus stricte sera appliquée en 2014, les modèle allemands importés volontiers en Californie seront plus « propres » que leurs homologues du Vieux Continent (où l'industrie automobile haut de gamme teutonne fait plutôt de la résistance au durcissement des normes).

Sous l'influence de l'Administration Obama, les contraintes iront d'ailleurs en s'accentuant, en particulier dans le souci de baisser la dépendance des Etats-Unis au pétrole (plutôt que de favoriser le bizness des pétroliers comme ce fut le cas sous les deux mandats de Georges W. Bush). Il est vrai qu'il y a du chemin à parcourir : ainsi, la consommation moyenne des véhicules circulant aux Etats-Unis devra passer à 6,6 litres aux 100 kilomètres 2016, contre... 9,4 maintenant !

L'inconnue des pays émergents

Et en Chine, premier marché automobile mondial, avec 13, 5 millions de véhicules vendus en 2009 ? A Pékin, une norme équivalente à Euro 4 a été instituée à l'occasion des Jeux Olympiques de 2008. Dans le reste du pays, cela semble moins lumineux. D'autant plus que les carburants locaux sont plus chargés en soufre que « chez nous ». La pollution automobile va devenir une problématique criante dans l'ensemble des pays émergents.

Sous l'impulsion des normes, l'automobile devient donc plus « propre », sachant que les véhicules électriques ne sont pas près de remporter la majorité du marché. Les hybrides, de l'intégral au « stop and start », ou « stop and go », qui coupe la consommation de carburant quand le véhicule est à l'arrêt, ont de beaux jours devant eux. Pas sûr, cependant, que la pollution automobile diminue en volume, au niveau mondial. 

mardi 29 juin 2010

La Loi d'engagement national pour l'environnement Grenelle 2 votée dans une ambiance bien plus morose qu'en 2007

Juin 2010, le Sénat vote la Loi Grenelle 2, Grenelle 2 : vote définitif
Lancé dans un grand élan d'enthousiasme écologique et durable, le Grenelle de l'Environnement trouve son aboutissement, deux ans après, dans la Loi Grenelle II, adoptée en dernière lecture par le Sénat. Ce texte influencé par la conjoncture économique morose n'introduit pas de réelle révolution, sauf dans le secteur du bâtiment neuf, avec l'entrée en scène de la norme énergétique RT 2012.

Bâtiment : sobriété énergétique dès la conception

L'une des avancées les plus marquantes du Projet de Loi portant engagement national pour l'environnement sera la performance énergétique de l'immobilier tertiaire ou d'habitation neuf. Un progrès concrétisé par la norme RT 2012, avec son plafond de 50 kWh de consommation d'énergie primaire par m2 de shon (surface hors oeuvre nette) et par an (modulable suivant les régions et l'altitude). Un seuil équivalent à celui fixé par l'actuel label BBC Effinergie. A comparer avec la consommation moyenne actuelle de l'habitat français, soit 240 kWh/m2/an !

Diminuant de 50% les seuils de la RT 2005, la RT 2012 prend en compte l'ensemble de la conception du bâtiment. Elle introduit ainsi le Bbio, coefficient qui qualifie la qualité énergétique du bâti avant de déterminer quels systèmes l’équiperont (chauffage, refroidissement, eau chaude sanitaire, photovoltaïque…). La RT 2012 est applicable au tertiaire au 1er juillet 2011 et à l'immobilier résidentiel au 1er janvier 2013 (date de la demande de permis de construire). Les bâtiments collectifs disposent d'une tolérance de 15% jusqu'au 1er février 2015.

Comme dans l'automobile, c'est donc la contrainte législative qui fait progresser la valeur environnementale à cadence rapide. Les promoteurs qui freinent ont du souci à se faire face à ceux qui pratiquent déjà le BBC (basse consommation d'énergie), en mixant divers critères, dont bioclimatiques.


Pour les bâtiments existants, l'objectif est de réduire la consommation d’énergie primaire de 38 % d’ici à 2020. 400 000 logements devraient théoriquement être rénovés chaque année à partir de 2013.


Le bilan carbone gagne du terrain


Les entreprises de plus de 500 salariés et les collectivités de plus de 50 000 habitants devront établir un bilan de leurs émissions de gaz à effet de serre pour le 1er janvier 2011. On espère pour elles qu'elles ont déjà lancé la démarche.


L'énergie éolienne réservée aux gros joueurs, en zone désertée

Fort et irrationnel, le courant anti-éolien français a trouvé l'oreille des élus de la Nation. Les éoliennes seront désormais soumises au régime des installations classées (ICPE), avec des procédures administratives complexes. Elles devront être éloignées de 500 m de toute zone habitée ou habitable. Et chaque projet devra compter au moins 5 mâts. Pas de quoi susciter l'envie de développer une industrie française en la matière. Champagne en Allemagne, au Danemark et en Chine !

Un nouveau label pour l'agriculture raisonnée

Un label « agriculture HVE », haute valeur environnementale, sera créé. Un niveau intermédiaire entre le "bio" et l'intensif, pour les producteurs qui modèrent leur usage des intrants agricoles ainsi que des effluents et des déchets produits par l’exploitation, respectent la vitalité des sols, les ressources en eau... Les critères précis de ce label (et non certification) seront définis plus tard, par décret, ce qui ne mange pas de pain.

Déchets : prévention accrue pour les acteurs publics, mais pas pour le privé

Point positif : les collectivités locales devront mettre en place un programme de prévention des déchets d’ici le 1er juillet 2012. Un délai de 2 à 3 ans est accordé pour sa mise en oeuvre. Aucune mesure, par contre, pour contraindre les producteurs et les distributeurs à prendre en compte la prévention des déchets : on ne traite donc pas le problème à la source.

Le dimensionnement des incinérateurs et des centres de stockage et des incinérateurs (une caractéristique française avec le diesel, le nucléaire, etc) est fixé à 60% des déchets produits sur un territoire. L'objectif de recyclage européen fixé à 50% à l'horizon 2020 ne sera vraisemblablement pas atteint en France.

Étiquette environnementale : plus tard...

L'étiquette sur le coût environnemental des produits (émissions de carbone, matériaux utilisés, durée de vie) ne sera pas obligatoire au 1er janvier 2011, comme prévu. Grenelle 2 se contente d'une phase de test, la mise en oeuvre de ce projet étant complexe. A noter au passage que le pilier social du développement durable passerait à la trappe dans cette étiquette. Il en a l'habitude.

Retour du péage urbain

Le principe d'un péage urbain dans les villes de plus de 300 000 habitants a été rétabli. Reste à l'appliquer sans discrimination sociale. Pas si évident.

Trame verte et bleue : un peu trouée

L'une des idées majeures du Grenelle 1 pour la biodiversité était la préservation d'un trame "verte et bleue", corridors naturels reliant des zones protégées. En dernière lecture, la présence de cette trame n'est plus opposable aux grands projets d'aménagement (routiers, ferroviaires) mais doit simplement être "prise en compte". Pas très contraignant.

Voté finalement par la seule Majorité, le Grenelle de l'Environnement trouve donc sa concrétisation, dans une ambiance certes moins consensuelle et ambitieuse qu'à l'ouverture des débats en octobre 2007.

Grenelle 2 n'est pas au bout du chemin : 200 décrets d'application seront en effet nécessaires pour son entrée en application ! 

dimanche 20 juin 2010

Marée noire en Louisiane : un enjeu durable pour l'industrie pétrolière et les Etats-Unis



Alors que BP crée un fonds 20 de milliards d'euros pour gérer les conséquences de la marée noire dans le Golfe du Mexique, son Directeur Général, Tony Hayward, relance la polémique en participant à une régate chic en Angleterre. Dans un discours "historique", le Président Barack Obama a remis en cause la dépendance des États-Unis envers le pétrole. Pendant les discours, la marée noire continue. Et la compagnie brésilienne Petrobras s'apprête à tirer profit du gel des forages offshore américains... en développant les siens.

BP aggrave son cas

Tony Hayward, Directeur Général de BP
, aurait dû consulter sa responsable RP avant de se rendre à la «JP Morgan Asset Management Round the Island Race», à l'Ile de Wight, régate très chic à laquelle participe son yacht personnel.
Rassembler en un même lieu symbolique le pétrolier pollueur et l'un des acteur de la crise financière récente, il fallait l'oser. D'où de nombreuses manifestations d'indignation, dont celle de Rahm Emanuel, Secrétaire Général de la Maison-Blanche. Hayward avait d'ores et déjà décidé de passer la main sur la surveillance des opérations en Louisiane.

BP va devoir lever 40,4 milliards d'euros afin de financer le coût de la marée noire dans le golfe du Mexique et en particulier un fonds de 16 milliards d'euros pour gérer les conséquences de la catastrophe. Cela commence à faire cher du puits.


Une vague noire qui s'étend chaque jour dans le Golfe du Mexique


On peut suivre sur le site du New York Times la progression au jour le jour de la marée noire et de la pollution sur les côtes de Louisiane, du Mississippi, d'Alabama et de Floride.
Créée par l'émergence d'un flot de gaz et de pétrole sous pression, suite à un forage exploratoire, puis de l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, le 29 avril dernier (qui a fait 11 morts), la nappe s'étend peu à peu sur l'ensemble du Golfe. C'est bien un événement majeur de l'histoire des Etats-Unis, ainsi que l'a souligné le Président Barack Obama, dans son discours solennel depuis le Bureau ovale de la Maison-Blanche.

Pendant ce temps, 8 200 tonnes de brut fuient chaque jour, à 1 500 mètres de profondeur. Le 18 juin, BP a réussi à en capter 3 450 tonnes, un record journalier. L'un des forages de secours serait à 100 mètres de la source de pétrole hors contrôle. Ces captages secondaires constituent la seule issue sérieuse au déversement sous pression actuel.


Mauvais temps pour la Louisiane et la Maison-Blanche


La Louisiane n'est pas favorable aux élections de mi-mandat américaines, du moins pour le camp des Présidents en place, et c'est là son moindre souci. La non-réactivité de Georges Bush pendant 3 jours pleins aux ravages humains du cyclone Katherina lui avait coûté les élections des représentants et sénateurs de 2006. Obama a du souci à se faire en novembre, suite à sa gestion peu convaincante de la marée noire dans le Golfe du Mexique.

Dans les faits, le contrôle des opérations techniques a été laissé à British Petroleum, même si les diverses agences fédérales mobilisent 30 000 personnes. Le monde éberlué a découvert que le géant pétrolier ne disposait tout simplement d'aucune solution viable pour arrêter rapidement une fuite de pétrole sur un forage en eau profonde.

Diverses méthodes ont donc été testées sur un site qui a laissé échapper 40 à 60 000 barils chaque jour. La coordination entre intervenants locaux et fédéraux laisse à désirer, suivant Jeffrey Jones, de l'Agence Reuters. Les hommes de terrain rencontrés lui ont révélé mener deux combats : "contre le pétrole brut se répandant dans les zones humides et contre la bureaucratie inutile ». Ainsi, des barges pompeuses de pétrole ont été retirées du front de la côte de Louisiane durant 24 heures, pour inspection par les Gardes Côtes (stabilité, gilets de sauvetage, extincteurs), avant de repartir à l'assaut... sans avoir été contrôlées, semble-t-il.

En fait, les environnementalistes américains demandent le limogeage du Ministre de l'Intérieur, Ken Salazar, censé tout coordonner.


Barack Obama propose une nouvelle vision de l'American Way of Life


Très critiqué, Barack Obama a multiplié les apparitions sur les côtes souillées, et surtout fait une adresse à la Nation américaine le 16 juin dernier, au retour de sa troisième visite. Il qualifie de « pire désastre environnemental que l'Amérique ait jamais affronté... une épidémie que nous devrons combattre des mois, voire des années durant ». Après avoir annoncé le renfort de 17 000 membres de la Garde Nationale, le Président a évoqué des pistes pour le futur. Il a assuré d'une réforme du Minerals Management Service, sensé réguler les forages , en fait au service des pétroliers. Il serait temps, puisque le nettoyage de ce service qu'Obama lui-même désigne comme corrompu était un des objectifs assignés à Ken Salazar, lors de sa nomination.

Le Président a lancé un vibrant appel, peu "américain" au sens traditionnel du mot, à échapper à la fatalité de la dépendance des Etats-Unis au pétrole. Il a pris parti pour le développement massif d'énergie propres, facteur de ré-industrialisation et d'économies sur les importations. Barack Obama a comparé ce défi à celui lancé par l'entrée en guerre des États-Unis en 1942, ou le lancement de navettes habitées dans l'espace. Il ne sera sans doute pas plus aisé à relever, puisqu'il met en cause la base-même d'un style de vie.


Un petit air de James Lee Burke


Il va falloir convaincre en premier lieu... les habitants de la Louisiane, état fortement dépendant de l'industrie pétrolière et chimique pour la création d'emplois, depuis la fin des années 40. Lire à ce sujet l'ensemble la série des « Robicheaux » de James Lee Burke, du nom de son héros récurrent, policier d'origine cajun, intègre et violent, en lutte permanente contre ses anciens démons alcooliques, et surtout, en ce qui nous concerne aujourd'hui, témoin ambivalent de la transformation de sa Louisiane natale sous l'effet de l'industrie pétrolière, de celle du jeu, aussi, et de l'incompétence politique. Acteurs de ce développement, les « roughnecks », rudes travailleurs des crevettiers, des raffineries et des plates-formes.
Ce n'est pas un hasard si la Louisiane est l'état du Sud qui a le plus ouvert ses côtes à l'exploitation offshore dérégulée, après le vote de la Loi sur la sécurisation de la ressource énergétique dans le Golfe du Mexique, en 2006. La Floride a alors maintenu une zone d'exclusion des forages à grande profondeur de 200 kilomètres au large de son rivage.

Le désastre en Louisiane, révélateur des contradictions contemporaines


Dans la vraie vie, les roughnecks, s'inquiètent du gel des forages en eau profonde décrétée par Barack Obama. Et ce, malgré les ravages causés aux zones humides protectrices des ouragans par les milliers de canaux porteurs d'eau salée et oléoducs aménagés par les compagnies pétrolières. Question d'emploi, qui sera encore aggravée par les coups portés à la pêche, celle des fruits de mer en particulier, et au tourisme. La Oil and Gas Association n'a d'ailleurs pas manqué de souligner que la décision de faire tourner 33 plate-formes au ralenti pourrait coûter 7 000 emplois qualifiés et 4 fois plus d'emplois induits.


Forages à grande profondeur : ce n'est qu'un début

Si les États-Unis reconduisent le gel actuel de 6 mois sur les forages à grande profondeur, il ne manquera pas de pays et d'"investisseurs" pour voir là une "aubaine". Le géant pétrolier brésilien Petrobras lance ainsi une levée de fonds de plus de 20 milliards d'euros pouraccélérer la cadence de ses propres forages offshore!
Ainsi va le monde ...



Les prévisions de l'évolution de la nappe de pétrole au large des côtes de Louisiane, à 24, 48 et 72 heures, sur le site nola.com.

Lire aussi : le cyclone Katherina a provoqué 44 fuites de pétrole en Louisiane, en 2005, les plus importantes concernant le fleuve Mississipi.


lundi 31 mai 2010

L'investissement socialement responsable a dépassé les 50 milliards d'euros d'actifs en France, en 2009

D'après Novethic, le marché français de l'investissement socialement responsable a progressé de 70% en 2009. Le montant des actifs ISR a franchi pour la première fois le seuil des 50 milliards d'euros.

Les encours ISR détenus par la clientèle française s'établissent à 50, 7 milliards d'euros en 2009. Un seuil historique.
ISR : une pratique qui se diffuse dans la société française

Deux caractéristiques intéressantes :

-l'ISR progresse sensiblement en gestion collective, autrement dit, à travers l'épargne salariale et l'assurance-vie.

- la part de l'investissement responsable effectué par les particuliers croît simultanément, passant de 25 à 31%de ce marché.


La part d'investissement socialement responsable en gestion collective a plus que doublé, et atteint 57%. La démarche ISR évolue donc d'une approche de gestion dédiée, orientée vers des investisseurs avertis et/ou disposant de fortes liquidités, vers l'ensemble de la population française, à travers les produits de placement d'épargne-retraite.

L'investissement ISR des particuliers a crû deux fois plus vite que celui des institutionnels (ces derniers restant majoritaires, avec 69% des encours). Cette progression est portée entre autres par l'introduction d'unités de compte (valeurs cotées sur le marché) "ISR" dans les contrats d'assurance-vie, diffusés par les réseaux de banque et assurance.

ISR en France : dominance des sélections ESG


Les investisseurs français continuent à favoriser les approches de sélection ESG portant sur la sélection ou la pondération des émetteurs. Celles-ci incluent le Best-in-Class (meilleure notation au sein d'un secteur d'activité), Best-in-Universe (émetteurs globalement les mieux notés) et Best Effort.Viennent ensuite les pratiques d'exclusion sectorielles (basée sur l'activité des entreprises : alccol, tabac, armement, jeux d'argent...) ou normatives (exclusion des émetteurs en violation de normes internationalement reconnues : Global Compact, Organisation internationale du travail...). Bien positionnées : l'exclusion des activités contribuant à la fabrication de mines anti-personnel ou bombes à sous-munition (qui ne concernent pas la majorité des entreprises, certes).

En recul, à 4%, l'approche thématique, qui favorise les entreprises engagées dans des activités liées au développement durable, comme les énergies renouvelables, l'eau, la santé, l'écoefficience ou le changement climatique. Une évolution qu'on peut regretter.


Ces 50,7 milliards investis dans l'ISR constituent un nouveau seuil pour ce type de gestion d'actifs. Il faut cependant mettre ce chiffre en regard du total des actifs gérés en France, soit... 2 600 milliards d'euros en 2009.

A consulter :
Novethic : "
Le marché français ISR en 2009"