jeudi 29 mai 2008

SNCF, La Poste : de bons rapports

Conseil éditorial et concepteur-rédacteur, l'auteur de ce blog a rédigé, entre autres : le Rapport Développement durable de la SNCF et celui du Groupe La Poste. Il a également assuré la rédaction en chef et la rédaction initiale du site edf.com, sur le thème de "la performance responsable".

Thierry Follain, Marchand d'Idées, intervient pour toute entreprise engagée dans une démarche de communication durable. En Presse, print et web.

Contactez-moi au 06 87 29 38 73.

A bientôt.



dimanche 18 mai 2008

PREDIT 4 : cap sur les transports propres

Lors du Carrefour final du programme de recherche PREDIT 3, le 5 mai dernier, Valérie Pécresse a lancé le PREDIT 4. Celui-ci donne la priorité aux technologies propres, à la qualité des systèmes de transport et à l'utilisation des technologies de l'information en ce domaine.

La Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a rappelé l'impératif d'intégrer au nouveau Programme de recherche et d'innovation dans les transports terrestres les objectifs du Grenelle de l'Environnement, dont la progression de 20% de l'efficacité énergétique d'ici 2020 et la priorité aux moyens de transports non-routiers.


6 axes de recherche et d'innovation sont retenus pour le PREDIT 4 : énergie et environnement, qualité des systèmes de transport, mobilité dans les régions urbaines, transport de marchandises, compétitivité de l'industrie des transports et politique des transports.

Doté d'un budget de 400 millions d'euros, en hausse de 33%, le PREDIT 2008-2012 soutiendra des programmes pour le développement de nouvelles technologies propres (véhicules hybrides, électriques), des recherches sur les comportements, l'évaluation environnementale, l'utilisation des technologies de l'information et l'économie des transports. Autres objectifs : la fiabilité et la productivité du fret ferroviaire et du transport fluvial.

De son côté, Dominique Bussereau, Secrétaire d'Etat aux transports, a souligné la nécessité de repenser l'organisation de notre système de transport en faisant appel aux sciences sociales et humaines.

Lancé en 1990, le PREDIT est un programme national de recherche d’expérimentation et d’innovation dans les transports terrestres, initié et conduit par les ministères chargés de la recherche, des ransports, de l’environnement et de l’industrie, l’ADEME et Oseo.

Reposant sur une coopération entre secteurs public et privé, ce programme de R&D vise à favoriser l'émergence de systèmes de transport économiquement et socialement plus efficaces, plus sûrs, plus économes en énergie, et finalement plus respectueux de l'homme et de l’environnement.

Illustration : DR

mardi 13 mai 2008

Millennials : la nouvelle danse du Luxe

Ces 6 derniers mois, 65% d'entre elles ont acheté au moins 6 paires de chaussures, 59% : 2 paires de lunettes de soleil, 52% : 7 pochettes ou sacs à main.

Leur investissement maximal dans une coupe de cheveux s'est monté à 213 dollars (138 euros), dans des soins de la peau ou dans un parfum : 226 dollars (146 euros). Et 251 dollars (162 euros) dans de la lingerie (là, je comprends mieux...).


Elles déclarent "travailler dur", et donc "se récompenser en claquant du fric", aimer porter des vêtements, des bijoux, des montres de créateur. Paraître "élégantes" leur permet de se sentir bien, et elles adorent regarder les publicités de biens de luxe.


Elles portent du Calvin Klein, du Ralph Lauren, du DKNY. Mais elles rêvent de Gucci, Rolex, Tiffany & Co.

Et 54% d'entre elles brûlent de posséder... un yacht.


Ce sont les "Millennials", jeunes Américaines aisées nées après 1980, qui appartiennent la deuxième grande vague démographique américaine, après celles de leurs parents, les "baby boomers".

Les "Millennials" dépassent en tout les appétits de luxe de leurs mères, en compagnie desquelles elles pratiquent de coûteux shoppings. Leurs génitrices tendent peu à peu à s'habiller comme elles, ce qui évoque le "Comptoir des cotonniers" français (en plus ostensiblement luxueux). Les créateurs de mode comme Tory Burch, les magasins de luxe new-yorkais comme Bergdorf Goodman ou Scoop NYC évoluent pour accueillir dans les meilleures conditions ces couples mère-fille avides de consommer, consommer et consommer.


Les "Millennials" apprécient donc les marques, le luxe, la haute technologie, et surtout "claquer leur argent" (ou celui de leurs parents) sans complexe.


Elles ont leurs équivalentes dans les monarchies pétrolières, dans les "pays émergents", au Quatar, en Russie et bien sûr en Chine.


Sur le pont supérieur terrien, le champagne et les dollars coulent à flots, tandis que délocalisés et affamés s'entassent dans les soutes. Ce n'est pas sans évoquer la salle de bal du Titanic, quelques heures avant que celui-ci ne heurte l'iceberg fatal.

Un danger qui n'a fait que s'accroître avec le réchauffement climatique !..




Source : Time Magazine, Edition spéciale "Style & Design", "Spring 2008".

Illustration : bravotv.com

dimanche 11 mai 2008

Carbone : de l'eau dans le gaz pour les pays en développement

En 2007, le marché mondial du carbone a doublé en valeur, pour atteindre 47 milliards d'euros. Les marchés européen et japonais ont porté cette tendance. Par contre, le marché MDP qui finance les projets de réduction des gaz à effet de serre dans les pays en développement, a quant à lui reculé. Ce qui alarme la Banque mondiale. A tort ou à raison.

Coté comme toute "matière première", le carbone ennemi de l'ozone a fait l'objet d'échanges florissants en 2007. Le marché européen a doublé, passant à 32,28 milliards d'euros. Même croissance sur le marché japonais qui a atteint 8,65 milliards.

Cette croissance en valeur ne reflète pas fidèlement les efforts des compagnies européennes pour atteindre les objectifs de diminution des émissions d'ici 2012. Le marché croît en effet en fonction du volume d'échanges de quotas (UEA) mais aussi par rapport à la valeur nominale de ceux-ci. En bref, l'effort de non-émission de gaz à effet de serre européen n'a pas doublé en 2007.


Carbone : le ciel se couvre pour les pays en développement

Un bémol dans ce contexte porteur : la baisse du marché lié au Mécanisme de Développement Propre (MDP) instauré dans le cadre du Protocole de Kyoto. Celui-ci est passé de 551 à 537 millions de tonnes. C'est gênant, car ce marché finance le transfert de technologies propres des pays développés vers les pays émergents ou en développement. Principal bénéficiaire : la chine, avec 62% des investissements effcetués, mais aussi 67 autres pays.

En bref, des opérateurs privés des pays "prospères" financent des projets anti-émission de gaz à effet de serre. Ils acquièrent proportionnellement des crédits d'émission de CO2. Ils utilisent ceux-ci pour remplir leurs propres obligations... ou pour effectuer des placements, voire des spéculations sur le marché du carbone.

Pourquoi ce ralentissement des MDP ? Dans "Les tendances du marché carbone en 2007", la Banque mondiale pointe l'embouteillage administratif du Conseil exécutif du MDP, qui dépend de la Convention climat des Nations-Unies et retarde l'exécution de milliers de projets. Elle pointe également du doigt l'Union Européenne qui a récemment gelé les nouvelles demandes de projets MDP. Motif : s'asssurer que les entreprises Etats membres respectent leurs obligations de réduction des émissions de dioxyde de carbone au sein de l'Union. Plutôt que d'exporter les dites obligations vers des pays lointains.

Peut-on complètement critiquer l'Union Européenne à ce sujet ?..

Thierry Follain

Repères


L'Union Européenne a mis en place dès 2005 un système d'échange de quotas de dioxyde de carbone. Les entreprises échangent le droit d'émettre ce gaz générateur d'effet de serre contre des "crédits". Il y a échange entre les société qui émettent plus de carbone que prévu et donc achètent des crédits, et les société vertueuses, qui en vendent. Se crée ainsi un marché, un système d'échange de quotas (EUA) qui incite les acteurs privés à réduire leurs émissions de CO2 d'ici 2012. Comme toute matière première cotée en Bourse, le carbone fait l'objet de placements spéculant sur les contrats de futurs EUA. Ils sont pour l'instant entraînés dans une spirale ascendante : les prix des EUA européens ont grimpé de 14% depuis le début de l'année.


Cet article a été repris sur NaturaVox


Sources : Le Figaro, Le Monde, Canal Argent, La Tribune.
Photo : carbonfund.org


vendredi 2 mai 2008

Etats-Unis : coup de pompe pour l'éthanol-grain ?

En décembre 2007, le Congrès américain réaffirmait sa volonté de voir la production nationale d'éthanol faire un bond significatif. En mai 2008, changement radical de ton, face à la montée des prix alimentaires et une opposition croissante aux subventions aux "agriculteurs millionnaires". "Durable", vous avez dit "durable" ?

Dès 1978, le Congrès votait une réduction d'impôts pour les producteurs d'éthanol. C'est en fait un thème récurrent des campagnes électorales américaines, dont les primaires commencent dans l'Iowa... 1er état producteur de ce carburant. En 2007, la Loi sur l'énergie ordonnait une multiplication par 5 de la proportion d'éthanol ou autre biocarburant devant être incorporés aux carburants automobiles.

En 2005, les Etats-Unis ont consommé 140 milliards de galons d'essence.
(530 milliards de litres).
La consommation américaine d'énergie devrait croître de 18% d'ici 2030.

Une donne énergétique nouvelle alimentée par les subventions

Les législateurs américains voient pourtant leur enthousiasme diminuer en ce début d'année. Un renversement sensible dû à l'inflation des prix du maïs. Mais aussi aux répercussions sur le prix des autres denrées agricoles, les producteurs américains modifiant la répartition de leurs cultures au profit de cette céréale rémunératrice. La croissance moyenne du revenu agricole est d'ailleurs estimée à 6,3%, cette année.

2007 : 25% de la récolte de maïs américaine
a été transformée en éthanol.

2008 : l'éthanol représentera 6% du volume d'essence
aux Etats-Unis.

Sont donc contestées au Capitole les multiples subventions aux agriculteurs, dont un "farm bill" quinquennal de 300 milliards de dollars. Ou la subvention annuelle de 5,2 milliards distribuée chaque année aux producteurs agricoles, sans condition de ressources ni de production. Ou le crédit d'impôt destiné aux raffineurs qui incorporent de l'éthanol dans l'essence, à hauteur de 45 cents par gallon (3, 78 litres). Au même moment, l'Europe remet profondément en question son propre système d'aides agricoles. Sourions (jaune).

1/4 de la production américaine d'éthanol est assuré
par la multinationale
ADM (Archer Daniels Midland)


Panier de la ménagère contre agrocarburant

Après avoir dénoncé "les subventions agricoles aux fermiers multimillionnaires", Georges Bush a réaffirmé le vendredi 5 mai son soutien à l'éthanol (et aux forages pétroliers dans la réserve naturelle de l'Alaska). Les Républicains sont certes opposés par principe à ces subventions, ce qu'a assez courageusement rappelé leur candidat McCain. Mais le soutien des élus de la Corn Belt est essentiel en cette année de Présidentielles.

Elections et montée des prix concernent au premier chef les consommateurs américains moyens, certes plus nombreux que les riches "fermiers". L'inflation sur les aliments au détail est en effet estimée entre 4 et 5 % cette année. S'y ajoute celle de l'essence, la crise des subprimes et la chute prévisible des prix de l'immobilier qui vont poser problèmes aux emprunteurs-hypothéqueurs.

Le combat pour le niveau de vie américain passerait donc, indirectement, par une réduction du plan éthanol et des subventions associées. Le Congrès s'achemine plutôt vers une augmentation des subventions aux "foods stamps" (aide alimentaire aux plus démunis) et une réduction très symbolique des subventions agricoles.

Des politiques durablement inquiétantes

Et le développement durable, dans tout cela, celui qui doit "répondre aux besoins du présent tout ern préservant les besoins des générations futures". Dans le cas de l'éthanol-grain, la durabilité des décisions ne saute pas aux yeux. Législateurs, experts et conseillers de tous poils n'auraient donc pas imaginé que détourner une partie de la production de céréales des principaux pays producteurs vers un usage automobile aurait des conséquences sur les prix alimentaires mondiaux ? Que la réponse soit oui ou non, c'est inquiétant.

On n'en a pas certes pas fini avec l'éthanol. Le Brésil augmentera sa production de canne à sucre-éthanol de 15 à 20% cette année. Il produira 4,2 milliards de litres d'agrocarburant, dont 2,5 milliards seront exportés vers les Etats-Unis (et taxés à leur entrée sur le sol américain). Le Canada devrait adopter un projet de loi portant à 5% d'ici 2010 le pourcentage d'éthanol-maïs dans les carburants. 5% de la vaste surface cultivable canadienne devrait y être consacrée, à terme. Le Ghana, en pleine crise alimentaire critique, envisagerait de consacrer 30 000 hectares de canne à sucre à la production d'éthanol exporté vers la Suède. Comprend qui peut.

Comment l'équilibre alimentaire mondial sera-t-il assuré lorsque des dizaines ou des centaines de millions de ménages chinois, indiens et autres rouleront avec leur voiture individuelle et consommeront des céréales et des animaux nourris aux céréales ? La planète et ses habitants peuvent-ils supporter la diffusion continuelle, exponentielle du modèle de consommation occidental ?

Une perplexité durable peut seule répondre à cette question.

Thierry Follain

Cet article peut être reproduit après autorisation de l'auteur.

Sources : New York Times, Wall Street Journal, Business Week, Washington Post, Los Angeles Times.

Photo : DR - Illustration : Stahler ("Il y a des tas de voitures dans le monde qui rêveraient de se nourrir d'éthanol, alors, finis ton maïs").


Cet article a été repris sur Natura Vox