samedi 6 août 2011

Rouge cochenille, du désir à la mondialisation

"L'extraordinaire saga du rouge" d'Amy Butler Greenfield nous entraîne dans l'histoire de cette couleur prestigieuse, sulfureuse, de la Toscane moyennâgeuse à l'époque actuelle, en passant par l'Empire colonial espagnol. Dans l'épopée de la cochenille, cet insecte mexicain au pouvoir colorant sans égal. Un récit emblématique, par ses enjeux esthétiques, politiques et économiques, de l'histoire de l'Homme, avec son talent, son ingéniosité, ses désirs, son irrépressible tendance à réaliser des profits en exploitant l'autre, sans oublier la mondialisation des échanges. C'est en plus un bonheur d'écriture.
Tirée du murex, un coquillage, la couleur pourpre se veut divine, impériale dans l'Antiquité méditerranéenne. Au Moyen-Age, le rouge vif est réservé aux gens d'Eglise de haut rang, aux nobles, aux classes aisées. C'est un signe d'ascension sociale. Les sources écarlates d'alors, garance, kermès du chêne et rouge d'Arménie sont imparfaites, difficiles à traiter, périssables. A la Renaissance s'imposent les "écarlates vénitiens", couleurs recherchées par les riches européens, sources de profit soumises au plus strict secret. C'est cependant d'un continent nouveau que naîtra l'intense vague rouge.

La cochenille, matière première adulée, convoitée

En 1519, Herman Cortes débarque sur le rivage amérindien. Une "découverte" qui va révolutionner l'humanité. Et le monde des tailleurs, teinturiers européens, et de leurs opulents clients. Parmi les inimaginables richesses de l'Empire aztèque figurent en effet des étoffes à la palette de couleurs sans égale. Dont un rouge écarlate issu de l'élevage délicat d'un insecte, la cochenille, parasite d'un catus, le nopal, mieux connu comme "figuier de barbarie". Pas n'importe quelle cochenille, mais le "Dactylopius coccus" né de la domestication, de la sélection effectuée par les éleveurs mixtèques, et donc unique au monde. En 1523, le premier chargement de cochenilles arrive à bon port, à Séville, sous forme de matière première désséchée, appelée "grana", graine, appellation ambigüe . S'ouvrent ainsi trois siècles de monopole espagnol sur le rouge cochenille. Traitée par les teinturiers européens, la cochenille-base se vend à prix d'or. Dix fois plus puissante que les autres sources écarlates, la "grana" permet en effet d'atteindre un idéal esthétique et commerciale : le "rouge parfait", apprécié en particulier par les peintres. C'est un des produits les plus rentables des colonies impériales. On en exporte 87 tonnes par an, dont un pourcentage variable parvient à la Couronne espagnole. L'avidité des puissances rivales est grande, et corsaires, pirates, prélèvent en effet un lourd tribut sur les chargements des galions (en plus de l'or, du cacao, du tabac, et ainsi de suite). Anglais, Hollandais et Français tentent sans succès de percer le mystère de la cochenille. Est-ce un végétal, d'ailleurs, ou un insecte ? Le secret espagnol est bien gardé. Au XVIIIème, l'aventurier français Thiéry de Ménonville parvient à ramener une modeste cargaison de cochenilles et de nopals à Port-au-Prince, au terme d'une mission mexicaine digne du meilleur John Le Carré. Echec de l'élevage, hélas. Même sort pour les précieuses cochenilles ramenées à grands frais par la Royal Society londonienne : elles sont minutieusement éliminées des plants de cactus par un chef jardinier ennemi des parasites ! La Compagnie des Indes lance alors son élevage de cochenilles sauvages mexicaines près de Madras, mais leur rendement est médiocre.

Une histoire de culture

Dans leur colonisation des empires aztèques et mayas, les Espagnols ont recouru à l'asservissement massif des populations, au travail forcé dans des productions minières ou agricoles d'exportation, au détriment des culture vivrières et au prix de millions de vies "indigènes". Les éleveurs de cochenille des régions d'Oaxaca et Tlaxcala ont cependant échappé à ce sort funeste . Peu éduqués, les colons espagnols recherchaient un profit massif, immédiat et facile. Elever ces insectes fragiles, liés à des biotopes précis, sensibles à la chaleur, à l'humidité, à la pluie ne les séduisait pas. Ils ne pouvaient pas plus recourir au travail forcé, faible source de compétence et de motivation. Ils durent donc laisser la production de cochenilles à de petits producteurs indigènes qui vendaient librement la "grana" aux marchand locaux en relation avec les négociants espagnols. Les producteurs mixtèques ont dû leur vie, leur survie, voire leur richesse à la demande mondiale en rouge écarlate. Une ressource qui s'est peu à peu étendue à certaines régions du Pérou.


Fin du monopole, début de la misère


Ce secret si lucratif fut brisé à la fin de l'Empire espagnol, en 1821. Les cochenilles riches en colorant se répandirent alors au Guatemala, en Espagne, en Sardaigne, en Corse, puis, plus tard, aux Canaries. Mauvaise nouvelle pour les producteurs mexicains. Le pire restait à venir : les pragmatiques et impitoyables Hollandais développèrent la production massive de cochenille-base dans leur colonie de Java. Colonie pénitentiaire serait le mot exact, la population "indigène" subissant le sort des Amérindiens sous Cortès et consorts : esclavage, travail forcé, famines, épidémies, décès massifs. Sauf que cela se passait trois siècles plus tard. Ce génocide mercantile fut dénoncé en 1860 par Eduard Douwes Dekker, dans son roman "Max Havelaar" (voilà!). Malgré l'émotion causée aux Pays-Bas, il fallut attendre vingt-deux ans pour que ce système inique, le kuulturstelsel, soit aboli. Parallèlement, le cours de la cochenille s'effondrait, la production mondiale atteignant les 900 000 livres à son apogée, en 1839. Ruinés, les producteurs mexicains devinrent ouvriers agricoles, mineurs, pour des salaires de misère.

L'âge du synthétique et de la mauvaise réputation

C'est la chimie moderne, et non l'action humanitaire, qui mit fin à la production de cochenilles javanaises. D'un dérivé du goudron, l'Anglais Perkin tira la toluidine, ou "mauve de Perkin". Cette teinte fut adoptée et mise à la mode par l'Impératrice Eugénie et la Reine Victoria Au rouge "cochenille" furent substitués les synthétiques fuchsine, solférino ou magenta. Les Allemands constituèrent leur propre monopole sur les colorants, matières premières et brevets, inclus. Quant au rouge, il demeura réservé aux fonctions officielles et aux militaires, aux femmes de l'aristocratie, aux grandes bourgeoises et autres mondaines. Hors ces cercles restreints, il désignait la femme de mauvaise vie, adultère, promise par l'imaginaire social aux tourments et souvent à une mauvaise fin. Amy Butler Greenfield cite ainsi la scène d'"Autant en emporte le vent" ou Red (sic) Buttler impose à Scarlett (sic) O'Hara le port d'une robe écarlate qui la désigne immanquablement comme femme fatale, briseuse de ménage.

Le retour de la cochenille, bel et bien bio


Au milieu du XXème siècle, une équipe de chercheurs mexicains sauve une des dernières colonies de dactylopius coccus conservée par un fermier zapothèque. Parallèlement un programme est mené pour perpétuer la tradition artisanale. Le retour en grâce de la cochenille est cependant dû la vague écologiste des années 70. La Food and drug Administration interdit l'usage alimentaire, cosmétique ou pharmaceutique de l'amarante (E 123), soupçonné d'effets cancérigènes. Succès assuré pour l'extrait de cochenille, carmin ou acide carminique (E 120), produit industriellement au Mexique, au Pérou, en Bolivie, au Chili, aux Canaries et en Afrique du Sud. Seuls s'en détournent les Musulmans et Juifs pieux (pas halal, pas casher), les végétariens ou végétaliens. Pour la cochenille, le rouge sera toujours mis...

Tout cela, et bien plus, est narré sous forme d'un véritable roman esthétique et d'aventure par l'historienne Amy Butler Greenfield. Cerise (carmin) sur le gâteau : l'élégance de la traduction d'Arlette Sancery et de la maquette des Editions Autrement. A offrir, à savourer en cette période festive.


"L'extraordinaire saga du rouge" - Amy Butler Greenfield - Ed. Autrement

Illustrations : Rouge et femme fatale dans l'imaginaire américain :
Vivien Leigh/Scarlett O'Hara, dans "Autant en emporte le vent", de Victor Fleming, 1939.
Pin-up des années 50.
Nicole Kidman/Satine, dans "Moulin Rouge", de Baz Luhrmann, 2001





dimanche 10 juillet 2011

Terre Natale : 4 ans d'articles trapus, réflexifs, jouissifs sur le Développe- ment durable !

Le Développement durable est de plus en plus un incontournable de la communication des entreprises, institutions et autre. Je peux efficacement contribuer à son apport informatif, sa tonalité rédactionnelle ou visuelle. Des capacités que je traite depuis 4 ans dans  mon blog "Terre natale".

Connaisseur de longue date du Développement durable dans ses diverses ramifications, j'ai contribué aux par exemple aux tous premiers Rapport Développement Durable de la SNCF ou de la Poste. Et ai poursuivi cette intervention pour de multiples interventions et supports. En conseil, structuration, interview et rédaction. 


D'où l'accent durable mis sur le nouveau site de Faurecia, acteur mondial de la production automobile sur l'optimisation environnementale des principales composantes automobiles (dont les diesels).

Un blog durable, documenté, vivant, par goût

En avril 2007, j'ai lancé mon blog durable perso "Terre natale".

De la Chine devenue 1er consommateur d’énergie mondial, aux futures règles automobiles exigeantes Euro 6, de tout sur la RT 2012 à la Tour Elithis méga-sobre en énergie, en passant par la catastrophe nucléaire de Fukushima, voire les bienfaits du massage sensoriel, la multiplicité des thèmes est une des caractéristiques de "Terre Natale". Elle repose sur un travail attentif de croisement et contrôle des sources.


D'où des papiers web animés, aux approches rédactionnelles diversifiées, renvoyant à divers liens. Et illustrés par au moins un visuel signifiant, souvent en lien avec mon intérêt personnel pour la qualité, le symbolisme de la photo.


Faites défilez, lisez. Poursuivons ensemble, si ça vous dit !

Je vous invite donc à parcourir les 4 ans de "Terre Natale", régulièrement repris sur Natura Vox.

Je suis à votre disposition, cela va de soi, pour mettre les mêmes vigilance informative,  rythme, capacité de diversité et de synthèse au service de votre web communication...



mardi 5 juillet 2011

Massage sensoriel : créez l'été de tous vos bien-être !

L'été, période idéale pour redonner la parole à notre corps, hors des enjeux de représentation. Pour quitter un instant la trame électronique, virtuelle et productive de la vie moderne. Nous reconnecter avec le toucher, ce sens négligé qui met en jeu notre acquisition du monde, et la peau, le plus vaste, le plus omniprésent de nos organes. Le massage, acte d'échange généreux, cocooneux par nature !


Masser, c'est laisser les mots, les conventions sur la touche pour découvrir, percevoir l'autre, lui apporter une perception apaisée de son corps et de son esprit. Le soleil au bout des doigts. L'échange se déplace sur un autre terrain, sans enjeu autre qu'un bien-être, une harmonie partagés. Pour s'initier au massage sensoriel, acquérir les techniques de base, effleurage, pétrissage, pression, étirement et autre peignage, je vous suggère un ouvrage très simplement écrit et abondamment illustré: "Le nouveau live du massage", de Susan Mumford. La thérapeute anglaise vous expose pas à pas la démarche du massage sensoriel, né en Scandinavie, et qui nous est revenu dans les années 70 via la Californie, en particulier l'Institut Esalen

Masser, toucher, un besoin inné

Suzanne Mumford résume ainsi les attraits de cette bénéfique pratique : "J'ai toujours pensé que la beauté du massage tenait au fait qu'il s'agit d'un geste simple; c'est un contact direct dans lequel rien – ni machine, ni instrument – ne vient s'interposer entre vous-même et votre partenaire. Le massage fascine parce qu'il correspond à un besoin inné, celui de toucher et d'être touché." Un besoin quelque peu malmené, ignoré par la vie urbaine...

Dans l'intimité, le massage prend tout son sens : "Qu'il s'agisse d'un membre la famille, d'un ami ou d'un amant, le massage peut aider à renforcer les liens unissant les personnes ou leur permettre de mieux se connaître".


Une nouvel enjeu de la mise à nu


Le massage californien se pratique à même la peau. Une approche de la nudité hors de ses enjeux traditionnels. Cette pratique à la fois profonde et ludique recourt à une huile de massage. Celle-ci apportera tout ses bénéfices associée à des huiles essentielles, étape suivante de cette progression vers une nouvelle réalité des êtres et des choses.

Huiles biologiques, bénéfiques, fluides

Fluidifiant les gestes, nourrissant la peau, l'huile joue un rôle important dans le massage. Vous favoriserez des huiles végétales "Bio", cultivées sans additifs chimiques et obtenues par première pression à froid de la graine ou du fruit oléagineux.
Les huiles-bases couramment utilisées sont extraites des :
 
amande douce : riche en acides gras essentiels, antioxydante, elle nourrit les peaux délicates,

avocat : cette huile riche, aisément absorbée par la peau, convient aux peaux sèches,


germes de blé : antioxydante, elle est bienfaisante aux peaux sèches, riche en vitamine E, ennemie des vilains radicaux libres


jojoba : cette huile végétale riche (et chère) est nourrissante, réhydratante, assouplissante, plutôt destinée au visage,


noyau de pêche ou d'abricot : huile légère pour le visage, elle aussi revitalisante, nourrissante, assouplissante,


pépin de raisin : huile légère (un peu trop) et peu coûteuse, elle peut constituer la base d'un mélange.
Ces huiles gagnent en effet à être associées.

Deux associations conseillées par le "Livre du massage" : 95% d'huile de pépins de raisin, 5% d'huile d'amande douce ou d'avocat, ou : 90% d'huile d'amande, 10% de noyau de pêche (pour le visage).


Huiles essentielles à votre bien-être


A ces bases neutres, vous pouvez incorporer des huiles essentielles, composants très concentrés tirés des fleurs, des boutons, des feuilles de plantes par distillation (par pression pour les écorces d'agrumes). Là encore, vous serez attentifs à un label ou une marque "Bio", qui vous garantira une provenance, une qualité, une concentration en principes actifs.


Les huiles essentielles
ne sont pas un gadget naturiste, même si les ouvrages qui leur sont consacrés leur accordent souvent trop de vertus associées. Concentrées, stimulantes ou relaxantes, ces essences apportent leurs propriétés bénéfiques au massage. Il est conseillé de les utiliser aux doses indiquées, et de se renseigner précisément à ce sujet. Certaines, comme la bergamote, sont photo-sensibilisantes : à éviter en été. Et un certain nombre sont déconseillées aux femmes enceintes.Parmi les plus utilisées :

Camomille
: anti-inflammatoire, apaisante, propice à la sérénité
,

Genévrier : élimine les toxines, favorise la tonicité nerveuse, sédatif (déconseillée aux femmes enceintes, justement),

Lavande (Lavandula officinalis)
: dotée de propriétés antiseptiques, elle favorise également la régulation du système nerveux et la décontraction musculaire : à ne pas confondre avec le Lavandin (Lavandula hybrida), nettement moins cher, mais aux concentrations et aux propriétés plus limitées,


Jasmin
: apaisante pour le système nerveux, relaxante,


Santal : dotées de propriétés antiseptiques, sédatives et apaisantes,
 
Ylang-ylang : Une essence-star, régulièrement associée par la pub à un effet aphrodisiaque. Sans aller jusque-là, une étude a confirmé les propriétés relaxantes et anti-stress de l'ylang-ylang Attention, il existe plusieurs qualités d'ylang. Vous privilégierez l'essence obtenue par distillation des seules fleurs de Cananga odorata.

C'est bien, Bio, tout cela


Pour soulager votre porte-monnaie et créer vos propres formules, évitez les huiles "toutes prêtes". Recherchez des huiles de massage et essentielles "Bio". L'appellation "naturelle" ne signifie rigoureusement rien, par plus que les auto-labels qui fleurissent (si j'ose dire).


Les labels suivants guideront donc votre sélection d'huiles et essences, en plus des connaissances acquises et aussi, et surtout, de vos affinités avec les textures et les senteurs :

 
AB (Agriculture biologique) : respect des écosystèmes naturels (certifié par Ecocert)

BDIH
: label des entreprises allemandes de cosmétique et diététique


 
Cosmebio (Cosmétique Bio) : 95% de" bio" sur le total des ingrédients végétaux, 10% mini de "bio" sur le total (certifié par Ecocert)

Ecocert : label autonome de cet organisme agréé de contrôle et de certification
Nature & Progrès : le plus exigeant des labels français "Bio".




 

Massage : la table s'impose

Huile, serviette, huile essentielle décontractante ou stimulante, drap pour couvrir les parties du corps sur lesquelles vous n'intervenez pas (en cas de brise bienfaisante)… vous êtes prêt(e). C'est mieux s'il règne une douce température dans la pièce, avec lumière plutôt tamisée, musique ou fond sonore adapté. Autrement dit, de longues plages apaisantes (il existe un large choix de musiques de massage), ou des bruits de la Nature, si vous êtes amateur. Critère de base : favoriser la concentration du massant et la décontraction du ou de la massé(e).

Où masser ? Sur un matelas, un tapis de gym déroulé par terre ? Envisageable, si l'être masseur est en parfaite condition physique, ainsi que son dos, ses genoux. La palette de gestes, la précision des effleurages ou pressions est cependant limitée.

L'idéal, c'est bien sûr la table de massage pliable, qui sait se faire oublier une fois rangée.. Elle permet au sujet d'être à bonne hauteur, de bénéficier d'un confort douillet. Et au masseur d'être 100% libre de ses mouvements, de faire évoluer son parcours autour de la personne massée, d'appliquer sans problème étirement, effleurement, pressions, de s'engager sans entrave dans cette danse lente, très lente, qui fait tout le charme de l'opération.

On trouve des tables à partir de 100 euros. Le "must" c'est la table en mousse à mémoire de forme, vers 300 euros. Pas si ruineux…


Vous avez maintenant votre passeport vers l'univers sensoriel qui est en vous, et que vous négligez peut-être de stimuler. Et vers un échange différent avec les autres.


Vous associerez ainsi été et bien-être, du bout des doigts ! 



Le nouveau livre du massage, par Susan Mumford - Tredaniel

samedi 21 mai 2011

La carastrophe de Fukushima laisse la France fidèle au nucléaire civil

A Fukushima, un tremblement de terre de magnitude 9, suivi d'un tsunami géant mettent hors service 4 réacteurs. Un coup dur pour le nucléaire civil, revigoré par la lutte contre le réchauffement climatique. Sauf en France, dédiée à l'énergie nucléaire depuis près de 50 ans.


Fukushima : 4 réacteurs à démanteler

La compagnie Tepco (Tokyo Electric Power Company), exploitant de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima-Daiichi, a décidé de démanteler les quatre premiers réacteurs. Rappelons que cœur radioactif de 3 d’entre eux a fondu, ce qui rappelle le désastre de Tchernobyl. Tepco a suspendu par ailleurs la construction des réacteurs n°7 et n°8 de cette centrale en bord de mer. Logique.

Ce démantèlement qui coûtera fort cher et durera fort longtemps ne sera pas une partie de plaisir en matière de sécurité et de financement.

Tepco envoie des techniciens dans l'enceinte des réacteurs de Fukushima

Des employés de Tepco ont pu pénétrer pour la première fois dans l'enceinte du réacteur 3  de Fukushima, dernier des 3 endommagés à être inexploré jusque-là.. Au programme précédent : fusion du cœur, une explosion due à une accumulation d'hydrogène et destruction du toit. Les deux employés de Tepco ayant pénétré dans l'enceinte du réacteur ont été exposés en 10 minutes à une dose de radiations inférieure à 3 millisieverts. Très inférieure à la norme de 250 millisieverts la fixée par le Gouvernement japonais pour la durée des opérations.

Mercredi, quatre de leurs collègues avaient exploré 10 minutes le bâtiment du réacteur n° 2.Ils prenaient la relève de deux robots hostiles à la radioactivité. Début mai, des ouvriers avaient pénétré pour la première fois dans le bâtiment d'un réacteur, le n° 1.

Bilan catastrophique, ambitions modestes et vertueuses

Le bilan actuel au sein de Fukushima est encore pire que prévu. Le combustible nucléaire des réacteurs 1, 2 et 3 a vraisemblablement fondu, faute d'avoir été immergés plusieurs heures durant, la catastrophe ayant anéanti les systèmes de refroidissement. 

Les objectifs de Tepco demeurent modestes : maintenir durablement à basse température les réacteurs et les piscines de désactivation, contrôler les rejets radioactifs et faire en sorte que les personnes évacuées des environs de la centrale puissent regagner leur domicile le plus tôt possible. « Tôt »  étant une notion bien relative.

Zone interdite de Fukushima : deux heures pour récupérer des affaires

Pour la première fois, des habitants de la zone interdite de 20 kilomètres autour de la centrale nucléaire de Fukushima, du village de Kawauchi, ont pu retourner quelques heures dans leur village irradié. 

Rappelons qu’au total, 80 000 personnes ont été évacuées le 12 mars au lendemain du séisme. Comme quoi le système capitaliste japonais est plus réactif que le système soviétique à Tchernobyl, dans lequel le Comité central du Parti communiste lui-même devait trouver quelle était la vérité sur place.

Chaque résident-visiteur a dû enfiler une combinaison de protection radiologique, un masque et des gants. Il était muni d’un dosimètre et d’un talkie-walkie.

Depuis le 21 avril, il est impossible de se rendre dans cette zone librement. Les routes sont barrées, surveillées par la police. Des mesures de blocage qui dureront au moins jusqu’à la fin de l’année.

Tepco conclut son exercice fiscal sur des pertes abyssales

Autre victime de la catastrophe nucléaire : la compagnie Tepco, avec une perte net record de 11 milliards d'euros. Autrement dit, le pire déficit jamais enregistré par un groupe industriel japonais. 

L'avenir n’est donc pas très prometteur pour Tepco, qui a requis l’aide de l’Etat japonais, à hauteur de 8,7 milliards d'euros. L'État japonais a réagi rapidement, mettant Tepco sous son contrôle et s’engageant dans me dédommagement des 85 000 victimes. Soit un coût prévisible (suivant la presse locale, il est vrai) entre 25 et 43 milliards d’euros. Pour un état déjà surrendetté...

Le désastre nucléaire civil japonais influence-t-il le nucléaire français ?

Quelle influence aurait la catastrophe nucléaire japonaise dans la patrie du nucléaire civil, je veux dire la France ? A Flamanville par exemple, dans le Cotentin, région dédiée depuis longtemps consacré au nucléaire. Avec actuellement 3 000 travailleurs consacrés à la construction d’un EPR, complément de deux centrales classiques. Et inquiète du retour d'une tendance anti-nucléaire.


Suite au drame spectaculaire de Fukushima, ce n’est pas l’éventuelle dangerosité du nucléaire civil qui fait tachycardiser les milliers de  salariés du chantier, mais la crainte d'un moratoire, d’un éventuel arrêt du chantier. Crainte de l’ensemble de la population du bassin du Cotentin, à laquelle l'industrie de l'atome fournit 10 000 emplois directs et indirects. De l'usine de retraitement de la Hague aux centrales du bord de mer. "Sans le nucléaire, on deviendrait une zone sinistrée", résume Michel Laurent, président de la commission locale d'information (CLI) de Flamanville. Voilà...


Améliorer la sûreté en France et en Europe : jusqu'où, à quel coût ?

Le cahier des charges annoncé par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française la semaine dernière fait déjà l'objet de critiques. S'il impose un examen, d'ici au 15 septembre, des conséquences de phénomènes naturels extrêmes sur les 150 installations nationales (dont les 58 réacteurs et l'EPR de Flamanville en construction), il n'exige pas la prise en compte d'actes terroristes. Egalement dommageable : pour des raisons de calendrier, la base sera constituée d'études existantes, fournies par EDF. Bon...

A Bruxelles, les responsables tardent à trouver un terrain d'entente sur les critères adéquats pour passer au crible les centrales. Le commissaire européen à l'énergie, Günther Oettinger, peine à imposer ses vues : inclure le risque terroriste ou une chute d'avion.

Si la France et l'Europe concluaient à un nécessaire renfort de l'EPR, son coût - déjà estimé à plus de 5 milliards d'euros - pourrait alors devenir prohibitif.

Quoi qu'il en soit, la catastrophe à long terme qui a frappé la centrale de Fukushima laissera des traces sur le développement du nucléaire civil dans le monde entier.


Nucléaire civil : une institution immémorable en France


Le développement prioritaire d’une industrie d’énergie nucléaire en France est un acquis des années 60-70, dans lequel syndicats, partis politiques de gauche et de droite et grands corps de l’Etat se sont entendus. Actuellement producteur de 80% de l'énergie électrique en France.


Bilan : 58 réacteurs , 1 100 sites renfermant des déchets nucléaires, 200 000 emplois  et 10 à 15 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuels.Et un kilowattheure pour l’instant pas trop cher (mais ça pourrait changer). 

Et aussi une perspective de coût de démontage des centrales un brin inquiétante et non chiffrée.


Les Français s'écartent du nucléaire, par la pensée 

Selon un sondage Ifop publié début juin, une large majorité de Français (77%) souhaite désormais l'arrêt sur 25 ou 30 ans maxi du programme nucléaire.




vendredi 11 mars 2011

My sex is green, avec Greenpeace et Treehugger

Eté, saison propice au farniente, à la découverte de nouveaux lieux, de nouveaux êtres, aux rapprochement sensuels. Espace de liberté coquine ? Pas si sûr : Greenpeace veille. L'organisation écolo aborde la vibrante question de la sexualité "verte". Avec une approche imperturbablement sérieuse et pragmatique.


Comment améliorer sa vie de couple ? Sexualité et écologie. Sexualité verte - sexualité de couple - couple et sensualité - couple et sexualité - sexualité écologique - Terre natale, le blog du développement durable - terrenatale.blogspot.com - Thierry Follain, rédacteur, web rédacteur : 06 87 29 38 73Atteindre le 7ème ciel tout en respectant la planète ? C'est possible, c'est fortement recommandé, avec les consignes précises publiées par Greenpeace.


Première prescription faire l'amour... dans l'obscurité, afin de ménager les ressources en électricité. Retour aux bonnes vieilles pratiques, donc. S'ébattre à la lumière du jour pose peu de problèmes en été, mais en hiver ?.. Solution, non évoquée par Greenpeace : la lueur des bougies, inspiratrice d'étreintes romantiques et passionnées. A base de stéarine végétale (coco et palme), cela va de soi (si on ne s'interroge pas trop sur leurs conditions de production).

Dans le jardin, encore faut-il s'assurer qu'on ne se roule pas dans une herbe traitée avec pesticides et engrais chimiques.

Très motivé par la question, Greenpeace recommande par ailleurs de susbtituer les aphrodisiaques à base de plantes et fruits aux huîtres et autres coquillages, en voie de disparition. Consternation du côté de Cancale et du Bassin d'Arcachon.

L'organisation écologiste attire également notre attention sur les dangers des "sex toys" souvent fabriqués en PVC, et de plus en plus 'tendance". Porteurs de phtalates, ils produiraient des effets nocifs par contact avec nos muqueuses. Vous y préfèrerez les traqueurs de point G réalisés en silicone. Même suggestion de recourir aux lubrifiants organiques, plutôt que dérivés du pétrole.

Dans son "eco-sex guide" "Getting it on for the good of the planet", Greenpeace préconise par ailleurs la douche ou le bain post-échanges pris en commun. Afin, encore, d'économiser l'énergie, de lutter contre le réchauffement climatique. On risque néanmoins d'enclencher une deuxième mi-temps, avec toutes ses conséquences dommageables pour la planète.

Plus surprenant, le grand public est convié à pratiquer le spanking (ou fessée de force 10) avec des ustensiles en bois certifié renouvelable par le FSC (Forest Stewardship Council) ! Greenpeace précise opportunément que les jeux de rôle plus ou moins sado-maso doivent se dérouler dans un contexte de parfait assentiment des deux parties, et dans les limites convenues.

Tout cela ressemble fortement à la rubrique "How to green your sex life ?" du site écolo-branché new-yorkais Treehugger.

Ultime prescription, 100% "flower power" : "Make love, not war".

Et la sensualité dans tout cela ?

A en croire ces prescriptions "écolos", la sexualité la plus vertueuse serait celle d'un couple sado-maso opérant dans la pénombre d'une cave éclairée par quelques bougies, rejetant les accessoires bourrés de phtalates et faisant l'impasse sur l'hygiène post-coïtale. A comparer avec le comportement scandaleux d'ardents amants consommateurs d'huîtres, préférant se lutiner en pleine lumière et adeptes de longues douches communes, préludes à de nouveaux ébats écologiquement incorrects.

Non mais, vous vous rendez compte ?!

Thierry Follain