mercredi 16 septembre 2009

Jean-Louis Borloo souhaite la rénovation thermique d'1,5 millions de logements HLM gourmands en énergie

Jean-Louis Borloo veut accélérer la rénovation thermique d'1,5 millions de logements HLM gourmands en énergie. Tout comme le développement du parc HLM, cette rénovation ne sera cependant pas financée par le Grand emprunt d'Etat


Jean-Louis Borloo, Ministre de l'Ecologie, de l'Energie et du Développement durable, s'engage à soutenir la rénovation thermique d'1,5 millions de logements hlm. - Thierry Follain, conseil éditorial, contenus web et print - http://terrenatale.blogspot.com/Jean-Louis Borloo a affirmé, dans un message vidéo diffusé lors de la première journée du 70ème congrès de l'Union sociale pour l'Habitat (USH), que le gouvernement est prêt à accélérer la rénovation thermique du parc HLM. Le plan actuel prévoit la réhabilitation de 800.000 logements HLM, sur un total de 4,2 millions, d'ici 2020.

Le Ministre de l'Ecologie souhaite l'ajout dans ce plan d'1,5 million de logements supplémentaires, classés dans la catégorie énergétique D.
Monsieur Borloo a également évoqué l'équipement d'une "part significative" du parc HLM "en énergie renouvelable, notamment solaire".


Ce volontarisme énergétique ne pourra en tout cas pas s'appuyer sur le futur grand emprunt national. Lors de sa conférence de presse du 9 septembre dernier, Benoist Apparu, Secrétaire d'Etat au logement, a en effet indiqué que cet emprunt ne servira pas au financement du logement en France.

Le logement social reste aux abonnés absents

Aucune initiative, donc, pour financer les 900 000 logements sociaux qui manquent à l'appel pour satisfaire la demande en France. Sur ce front-là, il y a peu à attendre d'un gouvernement qui donne la priorité à l'accession individuelle à la propriété, crise économique ou pas.

Dans son rapport sur le Droit au logement(juin 2009), le Conseil d'Etat estime d'ailleurs que l'objectif du gouvernement Fillon de favoriser l'achat de 40.000 logements sociaux par an accroîtra la pénurie de logements, en l'absence d'un "réel effort de construction".

CQFD.

mardi 15 septembre 2009

Contribution climat énergie : la taxe carbone prélevée sur les ménages et les entreprises épargne l'énergie électrique et les grosses industries

La taxe carbone, ou contribution climat énergie portera sur les consommations d'énergie fossile des ménages et des entreprises. Le Président Sarkozy a arbitré : la contribution sera de 17 euros par tonne de CO2 produite, répercutés sur le prix des combustibles fossiles. Mais pas sur l'électricité, sanctuarisée par l'énergie nucléaire "non polluante" (sic). L'impact sera modéré ou nul sur les secteurs d'activité agricoles et industriels les plus émetteurs de CO2. Pas certain que cela favorise réellement la sobriété énergétique, pourtant souhaitée par le Grenelle de l'Environnement.

17 euros la tonne de CO2, telle est la décision gouvernementale, ou plutôt présidentielle. Mise en place au premier janvier 2010, la taxe carbone devra tout à la fois remplacer les ressources de la taxe professionnelle pour les collectivités locales et demeurer neutre fiscalement. Une gigantesque "usine à gaz" pour lutter contre l'effet de serre !

Nicolas Sarkozy annonce le montant de la taxe carbone : 17 euros par tonne. Entrant en vigueur en 2010, la Contribution climat énergie doit contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique. La taxe carbone doit également remplacer les recettes de la taxe professionnelle.- Thierry Follain, conseil éditorial, contenus web et print - http://terrenatale.blogspot.com/Cette contribution climat énergie devrait couvrir 70% des émissions de CO2 françaises, et rapporter à l'Etat 4,3 milliards par an, théoriquement compensés par une réduction d'impôt sur le revenu ou un "chèque vert" pour les ménages non imposables. Et par le différentiel entre ex-taxe professionnelle et taxe carbone, pour les entreprises.

Les calculettes fonctionnent déjà, comme celle du Point, dans : "Taxe carbone : les gagnants et les perdants".

Pétrole, électricité fossile, acier, papier, ciment : non concernés

Concernés par le paquet « climat-énergie » européen, les secteurs du pétrole, de l'électricité (puissance supérieure à 20 MW), de l'acier, du papier-carton et du ciment sont exclus du dispositif de la taxe carbone. 1 400 grands sites industriels en France devront cependant réduire leurs émissions de 21% d’ici à 2020, sous peine de devoir acheter très cher des quotas d’émissions supplémentaires. Actuellement, seuls 4% en moyenne des quotas d’émissions sont achetés par les entreprises. Dès 2013, la moitié des quotas de CO2 sera mise aux enchères, dans le cadre du marché carbone européen.

Dérogations à la française


Cette contribution climat énergie ne devra cependant pas trop frapper les secteurs les plus dépendants des combustibles fossiles : transports, agriculture et pêche. Ceux, en bref, dont le bilan énergétique est le plus mauvais. Négociations âpres à prévoir. Au grand dépit de France Nature Environnement.

Une incitation à privilégier l'électricité pour chauffer les habitations ?

L'électricité a été exclue du champ de la contribution climat énergie. Argument : cette industrie ne produit pas ou peu de CO2, puisqu'elle est à 80% d'origine nucléaire, réputée non productrice de CO2*. Ne serait-ce pas une incitation à équiper les logements neufs en chauffage électrique, plutôt qu'à recourir aux énergies renouvelables, chaudières à condensation, et ainsi de suite ? C'est ce que craint l'association Energies et Avenir, qui regroupe les organisations professionnelles de l'ensemble des métiers de la filière du chauffage et de la production d'eau chaude. Au-delà du lobbying bien entendu, cette question peut en effet être posée.

La sobriété énergétique, quelque peu oubliée

En excluant l'électricité, la taxe carbone ne donne pas de signal fort pour la sobriété énergétique, seule voie porteuse d'avenir. Une sobriété que prône Jean-Marc Jancovici, animateur du Comité scientifique de la Fondation Hulot, portant partisan de la contribution climat énergie. Pessimisme confirmé par Henri Buzy-Cazeaux, président de l'Espi (Ecole supérieure des professions immobilières), qui souligne "l'indifférence des professionnels (de l'immobilier) à la question du développement durable", et donc à celle des économies d'énergie. Les bâtiments économes en énergie sont encore vécus comme source de coûts et donc de prix de vente plus élevés. La perspective d'économies de fonctionnement est donc peu prise en compte. C'est pour le moins étonnant : le logement constitue le 1er poste de dépense des ménages (25 %), loin devant l’alimentation (18 %) et les transports (15 %) (Insee, 2006).

Une seule chose est sûre : le message de la taxe carbone n'est pas très limpide !



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Nucléaire à Zéro CO2 : la grande illusion



Exclure l'électricité de la taxe carbone suppose que :
- 58 unités de production nucléaires,
- une et bientôt 2 usines d'enrichissement de l'uranium (Tricastin),
- un gigantesque complexe de retraitement des déchets (La Hague)
n'émettent pas un gramme de CO2.

C'est plus que douteux.

Sans parler des centrales au gaz ou au fuel mises à contribution par EDF lors des pointes de consommation. En particulier pour compenser la faible souplesse de la production d'origine nucléaire.


Par ailleurs, le mythe de la "propreté" du nucléaire - effluents gazeux et liquides radioactifs , déchets de faible, moyenne et longue activité balayés sous le tapis - constitue une  belle réussite en matière de communication et de constitution d'un imaginaire national. La vague anti-réchauffement climatique et donc anti-CO2 a parachevé ce chef-d'oeuvre.



samedi 5 septembre 2009

Russie, oligarques et chasse au renne

Dans "La chasse au renne de Sibérie", la journaliste économique Julia Latynina nous initie aux tréfonds d'une société russe à la dérive, livrée aux spéculateurs et aux politiciens complices. Le tout avec les codes du thriller.

La chasse au renne de Sibérie, par Julia Latynina - Actes Sud, actes noirs : oligarques et corruption en Russie - La Russie de Poutine, vue par Julia Latynina - Blog with a View :Thierry Follain, web rédacteur : 06 87 29 38 73"C'est le coeur en joie qu'Izvolski rentre de son rendez-vous. Le nouveau directeur de la Régie fédérale a jugé parfaitement raisonnable de confier gracieusement le chantier de la centrale atomique inachevé au combinat métallurgique. Mais sans donation à proprement parler. La régie et le combinat créeront une entreprise mixte avec 74,9% des titres pour AMK et 25,1% pour Atome-Energo qui a quand même financé 98% de la centrale et la construction d'une ville entière, soit la minorité de blocage. Le directeur a laissé entendre qu'on lui avait demandé de rendre ce service au Sibérien qui pouvait donc ranger son bloc-notes sans y tracer le moindre chiffre". Ce passage est caractéristique de "La chasse au renne de Sibérie", de Julia Latynina, chez Actes Sud. Dans ce roman noir, très noir, on chasse peu le renne, mais fréquemment les montages financiers opaques, les vaporisations d'entreprise au profit des comptes offshore de leurs dirigeants et des autorité nationales ou locales complices.

Montage typique de Viatcheslav Izvolski, oligarque à la tête d'un empire industriel sibérien, et de la nébuleuse de sociétés rattachées : "Les firmes de l'usine appartiennent à Izvolski, soit directement, soit par prête-noms interposés. Elles visent à limiter les charges fiscales et à brouiller les pistes. Quant aux autres sociétés, ce sont les ruisseaux qui irriguent les jardins privés. Par exemple, Rail-Acier appartient au chef du réseau ferroviaire local et sert à essuyer les ardoises de fret d'AMK en échange de produits laminés fournis avec une remise de dix pour cent. Quant à la microsociété Akhtarsk-Contract, elle a vocation à graisser la patte des dirigeants régionaux..."

Dans ce thriller russo-financier, l'improbable idylle d'Izvolski avec Irina Denissova, modeste prof de fac, les tourments de Denis Tcheriaga, ex-juge d'instruction passé à l'ennemi, cèdent le pas au match impitoyable entre le nouveau russe et le Président de la banque Iveko, soutenue par le Kremlin, sans parler des intérêts particuliers de la pègre sibérienne ou moscovite.

"La chasse au renne de Sibérie" : une initiation sous forme de roman noir à la société russe, ses destructives pratiques financières, entre troc style Union soviétique et outils financiers mondialisés et, accessoirement, la misère du petit peuple, laminé entre détournements systématiques de fond et corruption endémique.

Une initiation de bonne source : l'auteure, Julia Latynina, est journaliste économique à l'Echo de Moscou, la Noveta Gazeta et The Moscow Times.

Suivez le renne.


La chasse au renne en Sibérie - Julia Latynina - "Actes noirs"/Actes Sud