samedi 2 mai 2009

Grippe porcine A/H1N1: pandémie dans les neurones et les médias ?

L'apparition de la Grippe A(H1N1), grippe "porcine" qui plus est, a entraîné un de ces grands mouvements de panique politico-médiatiques auxquels nous sommes accoutumés. Comme en d'autres circonstances, la question n'est pas de connaître la nature de la menace, sa réelle capacité de nuisance, mais d'en diffuser la sensation, la peur. Une possible illustration d'une gestion du monde basée sur la mondialisation du sensationnel.

Ministère de la santé : site officiel sur la pandémie grippale - Grippe A/H1N1
Quelques éléments relevés dans la dernière communication du Dr Margaret Chan, Directrice Générale de l'Organisation mondiale de la Santé.

Premier point : le niveau d'alerte passe de 4 à 5, "sur la base... de toutes les informations disponibles".

Quelles informations, justement ? : "L'OMS et les autorités sanitaires des pays affectés n'auront pas tout de suite toutes les réponses nécessaires, mais elles les obtiendront."

La menace mondiale se précise : "Il est possible que le spectre clinique de la maladie s'étende d'une affection bénigne à une pathologie sévère. Nous devons continuer à suivre l'évolution de la situation pour obtenir les informations et les données précises dont nous avons besoin pour répondre à cette question."

Argument lié à la fragilité accrue des populations des pays "en voie de développement" : "Il s'agit surtout de
saisir l'occasion de faire preuve de solidarité mondiale en recherchant les ripostes et les solutions qui peuvent profiter à tous les pays, à l'ensemble de l'humanité. Car c'est bien l'humanité entière qui est menacée au cours d'une pandémie."

En l'état actuel des choses, l'humanité est menacée par un virus dont on ignore totalement le degré de toxicité. Mais dont on suppose qu'il pourrait avoir de graves effets.


Les chiffres de décès au Mexique, liés ou non directement à la contamination, on n'en sait trop rien, viennent en renfort. Hommes et femmes de média, voire politiciens, servent la cause de la prévention salvatrice. Les journaux radio et télé jouent au poker : ce cas, en France, grippe porcine ou pas ?

Bonne nouvelle pour les Laboratoires Roche, fabricants du Tamiflu : la boîte miraculeuse apparaît dans les journaux télévisés. Accompagnée de conseils : pas la peine de l'acheter à titre préventif, ni de le stocker de peur de disparition du marché. Et surtout pas de l'acheter sur le web
.

N'y a-t-il pas là une double contrainte ?

1 "Voici le remède absolu à cette menace terrifiante, voire mortelle, venue d'ailleurs, du Mexique. Des porcs mexicains, même!"

2 "Mais surtout, ne l'achète pas".


Là comme ailleurs, la vraie question n'est-elle pas : "Doit-on piloter une problématique mondialisée suivant une approche rationnelle, plutôt qu'émotionnelle ?"


Une retombée de la pandémie, sur Nouvelobs.com : "Rugby : Maxime Médard guéri de la grippe A(H1N1)"

12 juillet : La pandémie frappe encore : les 27 enfants et éducateurs "contaminés" par A(H1N1), confinés 4 jours durant dans leur colonie de vacances de Haute-Savoie se portent bien. A travers le grillage, les journalistes constatent que les enfants jouent dehors. Même pas eu besoin de Tamiflu (R). La France respire.


> OMS on line : Grippe pandémique H1N1
> Site gouvernemental sur la pandémie grippale
> INC : "Ne cédons pas à la psychode grippale"

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Discours du Dr Margaret Chan, publié sur le site de l'OMS le 29 avril dernier


" Mesdames et Messieurs


Sur la base d'une évaluation de toutes les informations disponibles et à la suite de plusieurs consultations d'experts, j'ai décidé de passer au niveau d'alerte pandémique supérieur, c'est-à-dire de la phase 4 à la phase 5.


Les pandémies de grippe doivent être prises au sérieux précisément parce qu'elles ont la capacité de se propager rapidement et à tous les pays.


L'aspect positif de la situation est que le monde est mieux préparé pour faire face à une pandémie de grippe qu'il ne l'a jamais été.
Les mesures de préparation prises face à la menace de la grippe aviaire due au virus H5N1 auront été un investissement dont nous récoltons aujourd'hui les fruits.

Pour la première fois dans l'histoire, nous pouvons suivre l'évolution d'une pandémie en temps réel.
Je remercie les pays qui rendent publics les résultats de leurs investigations, ce qui nous aide à comprendre la maladie. Je suis impressionnée par le travail accompli par les pays affectés qui luttent actuellement contre des flambées. Je tiens aussi à remercier les gouvernements des États-Unis d'Amérique et du Canada pour l'appui apporté à l'OMS, ainsi qu'au Mexique.

Je vous rappelle que les nouvelles maladies sont par définition mal comprises. On sait que les virus grippaux ont la faculté de muter rapidement et que leur comportement est imprévisible.
L'OMS et les autorités sanitaires des pays affectés n'auront pas tout de suite toutes les réponses nécessaires, mais elles les obtiendront.

L'OMS va suivre la pandémie de très près aux niveaux épidémiologique, clinique et virologique. Les résultats des évaluations en cours seront rendus publics et diffusés sous forme de recommandations de santé publique.

Tous les pays doivent immédiatement activer leur plan de préparation pour faire face à la pandémie. Les pays doivent rester en état d'alerte avancée pour déceler des flambées inhabituelles de syndrome de type grippal et de pneumonie grave.
À ce stade, les mesures efficaces et essentielles sont notamment une surveillance renforcée, le dépistage et le traitement précoce des cas et la lutte contre l'infection dans tous les établissements de soins. Ce passage à une phase supérieure constitue un signal adressé aux gouvernements, aux ministères de la santé et aux autres ministères, à l'industrie pharmaceutique et à l'ensemble des entreprises pour qu'ils prennent maintenant certaines mesures avec un niveau d'urgence accru et à un rythme accéléré.

Je me suis adressée aux pays donateurs, à l'UNITAID, à l'Alliance GAVI, à la Banque mondiale et à d'autres pour mobiliser des ressources.
Je me suis adressée aux firmes qui fabriquent des antiviraux pour qu'elles évaluent les capacités et toutes les options en vue d'accroître leur production. Je me suis adressée aussi aux fabricants de vaccins qui peuvent contribuer à la production d'un vaccin contre la pandémie.

La principale question qui se pose aujourd'hui est celle-ci: quelle sera la gravité de la pandémie, surtout maintenant à ses débuts? Il est possible que le spectre clinique de la maladie s'étende d'une affection bénigne à une pathologie sévère. Nous devons continuer à suivre l'évolution de la situation pour obtenir les informations et les données précises dont nous avons besoin pour répondre à cette question.

L'expérience passée nous montre que la grippe peut provoquer une affection bénigne dans les pays riches mais une maladie plus sévère avec un taux de létalité plus élevé dans les pays en développement. Quelle que soit la situation, la communauté internationale doit voir là une occasion de renforcer la préparation et la riposte.

Il s'agit surtout de saisir l'occasion de faire preuve de solidarité mondiale en recherchant les ripostes et les solutions qui peuvent profiter à tous les pays, à l'ensemble de l'humanité. Car c'est bien l'humanité entière qui est menacée au cours d'une pandémie.

Comme je l'ai dit, nous n'avons pas encore toutes les réponses, mais nous les obtiendrons.

Je vous remercie."