dimanche 11 mai 2008

Carbone : de l'eau dans le gaz pour les pays en développement

En 2007, le marché mondial du carbone a doublé en valeur, pour atteindre 47 milliards d'euros. Les marchés européen et japonais ont porté cette tendance. Par contre, le marché MDP qui finance les projets de réduction des gaz à effet de serre dans les pays en développement, a quant à lui reculé. Ce qui alarme la Banque mondiale. A tort ou à raison.

Coté comme toute "matière première", le carbone ennemi de l'ozone a fait l'objet d'échanges florissants en 2007. Le marché européen a doublé, passant à 32,28 milliards d'euros. Même croissance sur le marché japonais qui a atteint 8,65 milliards.

Cette croissance en valeur ne reflète pas fidèlement les efforts des compagnies européennes pour atteindre les objectifs de diminution des émissions d'ici 2012. Le marché croît en effet en fonction du volume d'échanges de quotas (UEA) mais aussi par rapport à la valeur nominale de ceux-ci. En bref, l'effort de non-émission de gaz à effet de serre européen n'a pas doublé en 2007.


Carbone : le ciel se couvre pour les pays en développement

Un bémol dans ce contexte porteur : la baisse du marché lié au Mécanisme de Développement Propre (MDP) instauré dans le cadre du Protocole de Kyoto. Celui-ci est passé de 551 à 537 millions de tonnes. C'est gênant, car ce marché finance le transfert de technologies propres des pays développés vers les pays émergents ou en développement. Principal bénéficiaire : la chine, avec 62% des investissements effcetués, mais aussi 67 autres pays.

En bref, des opérateurs privés des pays "prospères" financent des projets anti-émission de gaz à effet de serre. Ils acquièrent proportionnellement des crédits d'émission de CO2. Ils utilisent ceux-ci pour remplir leurs propres obligations... ou pour effectuer des placements, voire des spéculations sur le marché du carbone.

Pourquoi ce ralentissement des MDP ? Dans "Les tendances du marché carbone en 2007", la Banque mondiale pointe l'embouteillage administratif du Conseil exécutif du MDP, qui dépend de la Convention climat des Nations-Unies et retarde l'exécution de milliers de projets. Elle pointe également du doigt l'Union Européenne qui a récemment gelé les nouvelles demandes de projets MDP. Motif : s'asssurer que les entreprises Etats membres respectent leurs obligations de réduction des émissions de dioxyde de carbone au sein de l'Union. Plutôt que d'exporter les dites obligations vers des pays lointains.

Peut-on complètement critiquer l'Union Européenne à ce sujet ?..

Thierry Follain

Repères


L'Union Européenne a mis en place dès 2005 un système d'échange de quotas de dioxyde de carbone. Les entreprises échangent le droit d'émettre ce gaz générateur d'effet de serre contre des "crédits". Il y a échange entre les société qui émettent plus de carbone que prévu et donc achètent des crédits, et les société vertueuses, qui en vendent. Se crée ainsi un marché, un système d'échange de quotas (EUA) qui incite les acteurs privés à réduire leurs émissions de CO2 d'ici 2012. Comme toute matière première cotée en Bourse, le carbone fait l'objet de placements spéculant sur les contrats de futurs EUA. Ils sont pour l'instant entraînés dans une spirale ascendante : les prix des EUA européens ont grimpé de 14% depuis le début de l'année.


Cet article a été repris sur NaturaVox


Sources : Le Figaro, Le Monde, Canal Argent, La Tribune.
Photo : carbonfund.org


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