samedi 26 décembre 2009

Bilan durable 2009, en France et sur la planète

Année caractérisée par des sommets mondiaux décevants (Sécurité alimentaire, Réchauffement climatique), 2009 a vu l'énergie nucléaire française clignoter, la voiture électrique sanctifiée, les véhicules (plus) propres et la sobriété énergétique des bâtiments encouragés. Pas de progrès marquants encore, dans la mise en oeuvre de solutions "intelligentes" dans la gestion des flux d'énergie. Reste à savoir si la démarche durable est accessible à l'ensemble de la population. Et si elle doit constituer une fin, plutôt qu'un moyen.

Vénus, Boticelli - Sommet climatique de Copenhague, 2009 - Copenhagen Climate Summit - COP 15 2009 - Réchauffement climatique, sommet de Copenhague - Terre Natale, Le Blog du Développement durable - http://terrenatale.blogspot.com - Thierry Follain, rédacteur : 06 87 29 38 73FAO, Copenhague 2009 : les sommets sont au plus bas

Mauvaise année pour celles et ceux qui pensent que de grands sommets internationaux consensuels vont régler les problèmes de la planète. Même Jacques Diouf, Directeur Général de la FAO est déçu des résultats du
Sommet mondial sur la sécurité alimentaire, qu'il a organisé les 16 et 18 novembre ! La Déclaration finale ne précise en effet ni objectifs quantifiés ni échéances précises qui auraient permis de mieux suivre leur concrétisation. En attendant, 1 milliard des 6 milliards 832 millions d’humains souffriraient de la faim. Le discours couramment entendu sur nos ondes est que nous « pourrions » nourrir l’ensemble des habitants de la planète. Admettons... Parallèlement, le thème de la limitation des naissances n’est plus très populaire dans un monde où s’affirment les intégrismes religieux (aux Etats-Unis comme ailleurs), et où Européens et Japonais vieillissants associent décroissance démographique et non-paiement de leurs retraites.

Autre événement international dénué d'objectifs chiffrés : le tant attendu Sommet de Copenhague 2009 sur le réchauffement climatique. 26 pays sur 193 ont laborieusement élaboré l’accord final. Celui-ci reconnaît la nécessité de ne pas dépasser un réchauffement de 2°C, et de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50% par rapport à leur niveau de 1990, d'ici 2050. Les modalités pratiques seront négociées en 2010...

A part le climat, les grands perdants sont les Nations-Unies, organisatrices du sommet, avec leur inapplicable procédure d’unanimité. Mais aussi l’Union Européenne, snobée une fois de plus par le président américain Barack Obama qui a préféré consacrer son temps à l’autre puissance économique et polluante, la Chine de Wen Jiabao. Les numéros de claquettes perso des chefs d’Etat européens, dont le nôtre, n’ont donc eu que peu d’impact sur l’issue du
Copenhagen Climate Summit 2009.

Après cet « échec », sommes-nous fichus, comme l’affirme la fraction la plus militante et la plus conscientisée? Qui sait… L’attention de plus en plus exclusive portée au réchauffement climatique risque de nous masquer d’autres problèmes impactant notre avenir.


Energie nucléaire : l’avenir est-il radieux ?


En France, la gagnante médiatique de la lutte contre les gaz à effets de serre est l’énergie nucléaire, source principale de notre approvisionnement (88% en 2006). Sur le terrain, l’année 2009 a été moyennement radieuse pour cette énergie théoriquement « Zéro CO2 » . 18 réacteurs sur 58 seront à l’arrêt pour maintenance cet hiver, et RTE, distributeur national, a lancé un avertissement sur de possibles coupures. D’où le recours à l’électricité produite à partir de sources fossiles et à l’importation massive.

Petite forme aussi pour l’EPR français
, qui doit être construit à 3 exemplaires, dont deux en France. Les retards s’accumulent à Flamanville, et EDF ne peut en rejeter la responsabilité sur un partenaire finlandais, comme le fait Areva. L’EPR bas-normand devrait être branché en 2013 sur le réseau. Ce réacteur de 3ème génération a une puissance de 1 550 Mégawatts électriques, contre 1 330 pour les unités précédentes. Il a également été confronté aux objections de 3 autorités de sûreté nucléaire, dont la française, quant à ses process de sécurité...


Qui plus est, la pétromonarchie d’Abou-Dhabi vient de choisir le constructeur coréen Kepco (associé à Westinghouse et Toshiba) pour la construction de 4 centrales de 1 400 MWe. Chiffre d’affaires : 20,4 milliards d’euros. Au détriment des EPR proposés par EDF, GDF-Suez et Areva. Trois mammouths tricolores dont l’association n’est pas sans nuages… La monoculture française des technologies lourdes soutenues par des conglomérats publics-privés et la haute administration trouve là ses limites.


Voiture électrique : une vedette à laquelle on demande beaucoup ?

G
voiture électrique, plan Borloo Voiture verte, Mitsubishi i-miev, Alliance Renault Nissan, Nissan Leaf, Kangoo ZE, Stations Quickdrop,Peugeot iOn, Toyota Prius, voitures hybrides, hybride Lexusrande vedette de l'année 2009, en France : la voiture électrique. Jean-Louis Borloo, Ministre de l’Ecologie a en effet lancé un ambitieux plan "Voiture verte", destiné autant à soutenir une industrie automobile mise à mal par la crise qu'à soulager la planète. Ce plan repose sur l'achat massif de véhicules électriques par les administrations et entreprises publiques, une prime de 5000 euros à l'achat (qui compense un surcoût moyen de 10 à 12 000 euros), la création d'une usine de batteries par Renault à Flins, avec le CEA, soutenue par une aide d'Etat de 125 millions d'euros. Il ne reste plus qu’à déployer un réseau de prises de recharge public et privé. Et à fournir l'électricité nécessaire (voir plus haut).

La voiture électrique ne fera que déplacer une partie de la problématique transports, les véhicules à moteur thermique et hybride devant représenter au minimum 80% du parc en 2020.


Glissement vers une économie de l’intelligence ?


Ce qui apparaît obsolète, c'est le critère de croissance globale de la production et de la consommation. La Chine elle-même commence à réorienter son système productif vers plus d’efficience énergétique. Dans une société de plus en plus basée sur "l'intelligence", au sens anglo-saxon du terme, l'objectif minimal doit être de consommer moins de ressources à confort égal, ou à confort nouveau.

Les réseaux et compteurs électriques intelligents, par exemple, permettront à l’utilisateur final, entreprise ou particulier, de moduler sa consommation en fonction des prix de l’énergie et des sources d’énergie disponibles, en temps réel. Parmi les solutions intelligentes proposées, le Demand response de Cap Gemini. Son objectif est de faire baisser la consommation d’énergie en Europe et d’éviter les pics de consommation. Reste à déployer ces dispositifs intelligents


Développement durable : impulsion citoyenne ou incitation par l’Etat ?


On peut supposer que le citoyen est maintenant au fait des enjeux climatiques. Passer à l’action exige cependant une capacité d’investissement, pour isoler une maison ou acheter une voiture (plus) propre. D’où la politique volontariste d’un gouvernement poussé par la croissance de l’électorat des Verts français, et par les engagements résultant du Grenelle de l’Environnement.

Dans l’immobilier, le dispositif fiscal incitatif Scellier 2011 et surtout l’entrée en vigueur de la norme RT 2012 au 1er janvier 2013 (pour le secteur privé, avant pour le secteur public) favorisent le développement des bâtiments à Basse consommation d’énergie. Véritable puzzle dont on peut choisir les pièces, cette norme pénalise l’énergie électrique en lui attribuant logiquement un médiocre coefficient de conversion de l’énergie primaire en énergie consommable. Elle favorise le photovoltaïque, encore balbutiant. Certains promoteurs font en sorte de conserver l’électricité comme source d’énergie en optimisant les facteurs bioclimatiques et passifs. C’est déjà cela.


Dans le même état d’esprit, le « bonus écologique » a favorisé les voiture rejetant moins de CO2. (comme me l’indiquait le collaborateur d’un équipementier français : « Il est facile de concevoir une voiture qui rejette moins de CO2, mais plus de plomb ou d’oxydes d’azote… »).

Reste à mettre l’industrie automobile française sur les rails de la performance durable. Elle a fortement développé la motorisation diesel, encouragée par la sous-taxation du gazole et une consommation moindre. Maintenant, elle doit s’adapter rapidement aux normes internationales (Euro 5, Euro 6, Tier2Bin5) de plus en plus exigeantes sur les polluants associés au diesel : oxydes d’azote et particules fines.

Lancé sur la voie du « Zéro émission » par Carlos Ghosn, Renault s’appuie sur l'alliance Renault-Nissan pour devenir un acteur majeur de la voiture électrique. Peugeot devrait faire de même avec Mitsubishi.

Le mode de consommation automobile est censé évoluer progressivement, mais on note déjà l’apparition de 4x4 hybrides. Et dans les pays émergents, la possession d’une voiture reste un symbole de progression sociale. Un monde vertueux reposant sur transports publics et bicyclettes semble donc improbable…

Le durable pour tous ?

Rappel au tableau noir : le développement durable est théoriquement fondé sur 3 piliers : environnemental, économique et social. Les sondages régulièrement pratiqués indiquent que le volontarisme « vert » est à son sommet dans les classes socio-économiques « supérieures ». taxe carbone censurée par le Conseil Constitutionnel, rejet de la taxe carbone, quotas d'émission européen, optimisation énergétique, grand emprunt et isolation des logements, enjeux énergétiques et BTP, égalité devant le durable, terrenatale.blogspot.comD’où une possible « fracture durable », entre habitants des centres-villes piétonnisés, au mètre carré coûteux, et ceux des périphéries ou des campagnes.

Le problème a d’ailleurs été posé avec la "taxe carbone", qui va pénaliser ceux qui habitent une maison éloignée de la ville, de leur lieu de travail, et qui se chauffent avec des énergies fossiles. D’où une compensation forfaitaire, qui fait du dispositif une « usine à gaz » (un comble !).
Ou plutôt, "qui faisait", car le Conseil Constitutionnel vient de censurer la "contribution énergie-climat", telle qu'elle est définie dans la Loi de Finances 2010. Motif : elle exempte nombre d'émetteurs-polleurs, au premier rang desquels les grandes industries. Le fondement de cette exemption, l'émission de quotas européens, a été jugé non recevable, ceux-ci étant gratuits jusqu'en 2013.

Fracture dans l’habitat, également. 800 000 logements HLM seront optimisés énergétiquement d’ici 2020. Sur un total de 4,8 millions. Michel Rocard et Alain Juppé avaient souhaité que 2 milliards d’euros issus du grand emprunt soient consacrés à l’optimisation énergétique de l’habitat social. L’arbitrage final est de 500 millions d’euros, et encore sous forme de prêts à taux zéro, destinés à ceux qui possèdent leur logement, donc. La volonté exprimée en septembre par Jean-Louis Borloo de porter le parc social rénové à 1,5 millions de logements a pris du plomb dans l'aile !

La croissance verte détient un atout : elle est tout à la fois indélocalisable et exportable. Les logements à rénover, les réseaux intelligents à développer seront en France. Reste à développer les technologies adéquates, plutôt qu’à les importer, comme nous le faisons pour les éoliennes, les cellules photovoltaïques ou les batteries lithium-ion.

Et le bonheur, dans tout cela ?

« Home », de Yann Arthus-Bertrand, « Le syndrome du Titanic » de Nicolas Hulot, deux films à grand spectacle, ont mis en scène le réchauffement climatique et le destin fatal de la planète.

Proclamer « on a deux ans (ou autre) pour réagir, après, c’est fichu » risque d’être plus porteur d’angoisse qu’autre chose. La recherche d’un bonheur différent, moins consumériste, ou différemment consumériste, peut être une piste. Sachant que plus les revenus sont modestes, plus les choix sont limités.

Sachant aussi que, contrairement aux militants et convaincus, l'ensemble de la population ne peut fonder son bonheur familial et personnel sur l'emploi d'ampoules basse consommation, le chauffage au bois ou les toilettes sèches, et, par ricochet, la survie de la planète. C'est peut-être dommage (quoique...), mais c'est ainsi. Souligner la dimension "plaisir", "bien-être" du "moins gaspiller"-"moins polluer"-"être plus à l'écoute de soi-même, des autres et de ce qui nous environne" est donc fondamental.

En bref, il n’existe pas une voie unique vers le « durable », et celui-ci est un moyen plus qu'un accomplissement. C’est ce qui en fait l’intérêt et la complexité.


dimanche 20 décembre 2009

Sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique : bilan à chaud !

Que reste-t-il du Sommet de Copenhague 2009, porteur de tant d'espoirs chez les militants et populations sensibilisées aux effets du réchauffement climatique? Des prrincipes. Et la confirmation que le dialogue entre Etats-Unis et Chine sera primordial dans les années à venir. Aux dépens de l'Europe, porteuse de bonnes intentions.

Sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique - Copanhagen Summit 2009 - Global Warming - Visuel Copyright Thierry Follain - Terre Natale - www.terrenatale.blogspot.com
Une intention : hausse des températures globales limitée à 2 °C.

Dans une vaste perspective, les dirigeants prévoient de limiter le réchauffement planétaire à 2 °C d'ici à 2050 par rapport aux niveaux pré-industriels, l'objectif affiché de la conférence sur le climat.

Selon un calcul des Nations unies, l'addition des promesses faites à ce jour publiquement par les différents pays conduirait à une hausse de la température moyenne de la planète de 3 °C, bien au-delà de l'objectif souhaité des 2 °C. Une proposition annexée à l'accord appelle la communauté internationale à conclure un traité contraignant d'ici la fin de l'année prochaine.

Aucun objectif de réduction des émissions de CO2

L'accord de Copenhagen 2009 ne fixe pas d'objectifs chiffrés de réduction d'émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2050. Pour les pays industrialisés, les objectifs de réduction d'émissions de CO2 d'ici à 2020 ne seront fixés qu'en janvier. L'objectif de l'Union européenne reste de maintenir son objectif de réduire ses émissions de 80 % d'ici 2050. L'UE ne reverra pas à la hausse son objectif de réduction à l'échéance 2020, qui restera de 20 %.


30 milliards de dollars pour les pays les plus menacés

L'engagement collectif des pays industrialisés au Sommet de Copenhague est d'apporter des ressources à l'aide au développement d'un montant total de 30 milliards de dollars. L'Union européenne avait déjà promis de verser 10,6 milliards de dollars sur les années 2010, 2011 et 2012 et le Japon a annoncé à Copenhague 11 milliards de dollars sur les trois ans.

Pas d'Organisation mondiale de l'environnement

L'accord du Copenhagen Summit ne prévoit pas la création d'une Organisation mondiale de l'environnement qui aurait pu vérifier la mise en œuvre des engagements de chacun. Rattrapage possible lors d'une assemblée européenne pour préparer la conférence sur le climat de Mexico, fin 2010. Le texte précise que les économies émergentes doivent faire le bilan de leurs efforts et en rapporter aux Nations unies tous les deux ans. Des contrôles internationaux sont prévus pour répondre aux exigences occidentales de transparence mais le texte garantit le "respect de la souveraineté nationale".

Protection des forêts : une incitation vague


Le texte de l'accord de Copenhague "reconnaît l'importance de réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, et la nécessité d'améliorer l'élimination de gaz à effet de serre par les forêts". Il prévoit des mesures "incitatives" pour financer la protection des forêts avec des fonds des pays développés.

Une leçon sur le nouvel ordre mondial

Alliée pour la circonstance au Brésil et au Japon, l'Europe n'a pas fait le poids face au duo Etats-Unis/Chine et aux réticences de la majorité des pays en développement. Une confirmation que l'impulsion politique au niveau mondial se déplace de plus en plus vers un axe Pacifique.Temps fort de la visite de Barack Obama à Copenhague : sa rencontre avec le premier ministre chinois, Wen Jiabao. L'entretien de 55 minutes portait sur les garanties de vérification, le financement de la lutte contre le réchauffement et le niveau des émissions. Le Président américain a également rencontré le Brésilien Lula et le Russe Medvedev, sur les questions de désarmement. Mais aucun dirigeant européen. D'après Le Figaro, Obama "a seulement échangé quelques mots avec les premiers ministres grec et bulgare durant le déjeuner". Voilà qui nous remet à notre place, nous Européens porteurs théoriques du nouvel ordre environnemental.

L'Accord de Copenhague 2009 n'est pas chiffré, donc, mais pouvait-on vraiment l'espérer ? Au moins, les Etats-Unis ont reconnu à la fois l'effet de serre et la nécessité de le combattre, ce qui n'était pas le cas sous la Présidence précédente.

Alors, on est fichus ?!


L'
Accord de Copenhague 2009 pouvait-il, devait-il "sauver le monde" et les générations futures ? Oui, si on résume les troubles de la planète au réchauffement. Pas forcément si on indentifie d'autres sujets d'inquiétude : inégalités persistantes, modèle économique qui favorise la création de classes moyennes minoritaires censées entraîner le reste de la population des pays en développement, démographie non maîtrisée là où la production de ressources est la plus faible, dissémination nucléaire... à chacune et à chacun de compléter sa liste (ce que vous éviterez peut-être en cette période pré-Noël).

Nous aurions de toute façon intérêt à nous pencher dès maintenant sur le compensation des effets du réchauffement. Même si nous arrêtions ce soir de produire des gaz à effet de serre (improbable), la montée de la température n'en serait pas moins d'1,3 °C, d'après l'étude "Avoid : Avoiding dangerous climate change" récemment publiée par le Met Office, le Service météorologique britannique.

lundi 16 novembre 2009

Greenpeace érotise son message dans Forestlove

Greenpeace : new video Forestlove, Come together for forests - Forestlove, le nouveau clip de Greenpeace - Terre natale, le blog du Développement durable - Thierry Follain, rédacteur : 06 87 29 38 73La sensualité de la Nature est hardiment célébrée dans le clip "Forestlove" de Greenpeace. Une raison de la protéger qui en vaut bien d'autres.

Reste à savoir si les sympathisants et donateurs de Greenpeace ont une vision aussi olé-olé de la lutte pour un monde durable...

Thierry Follain

PS : Approche plus ludique, en tout cas, que le pragmatique "Getting in on for the good of the planet" évoqué dans le post "My Sex is green".

PPS : "Come together for forests"... les atouts rédactionnels de l'anglais, langage concis aux doubles sens multiples, sont confirmés...



Thierry Follain : Brèves durables : Nucléaire français à l'arrêt, Elus sauveurs d'emploi, Taxe carbone contre BBC, Toyota quitte la F1

EDF : 18 réacteurs nucléaires à l'arrêt sur 59 - Terre natale, le blog du Développement durable
Le nucléaire français n'est plus miraculeux


18 réacteurs sur 59 à l'arrêt cet hiver, dispositifs de sécurité de l'EPR remis en cause par les autorités compétentes anglaises, finlandaises et même françaises... l'électronucléaire français est un peu à la masse en cette fin d'année 2009. Avec, entre autres, une production d'énergie d'origine nucléaire à son plus bas niveau depuis 10 ans. RTE, gestionnaire du réseau, évoque la possibilité de coupures cet hiver... En attendant, il faudra importer du kWh en masse. Les réacteurs à eau légère les plus anciens (Fessenheim, Bugey) ayant été mis en service en 1977/78, les problèmes de maintenance n'ont pas fini de se poser à EDF. Une vraie surprise pour un pays qui vit sur le postulat de l'infaillibilité du nucléaire. Et pour une source d'énergie à laquelle le Président Sarkozy a fixé une mission exportatrice, bénéfique aux soldes du commerce extérieur français. A lire : Les Echos : "La France importatrice d'électricité en octobre pour la première fois en 27 ans".


Station de Porté-Puymorens : les élus renoncent à leurs indemnités

Pour sauver la station de Porté-Puymorens (Pyrénées), il fallait un emprunt de 120 000 €. Pour permettre cet emprunt, les élus de la Communauté de communes de Cerdagne-Pyrénées ont abandonné leurs indemnités. Comme le souligne "La Tribune", "Le sacrifice n'est pas anodin même si ces indemnités, à l'origine, étaient déjà modestes : 500 € par mois, 6 000 € pour l'année ce qui représente déjà une somme dans un budget familial de retraité ou de professeur de lycée." Sur cinq ans, cette concession commune atteindra 30 000 €. Elle contribuera à sauver cent dix-sept emplois dans la vallée du Carol. Comme quoi, il existe bien une France à plusieurs vitesses. Celle qui fonce à nouveau sur les bonus, face à celle qui renonce à des indemnités de service public pour sauver des emplois... Il devrait y avoir un équilibre à trouver.

Taxe carbone et label BBC sont sur un bateau...

La contradiction entre la taxe carbone et le label BBC m'a été exposée récemment par le Directeur technique régional d'un important promoteur immobilier. Fondé sur un système d'attribution de points, le label BBC pénalise en effet le recours à l'énergie électrique, pour cause de conversion médiocre de l'énergie primaire en énergie finale. Le coefficient négatif de coefficient de transformation pour le fioul et le gaz est donc d'1kWh d’énergie finale = 1kWh d’énergie primaire pour le fioul et le gaz, et d'1kWh d’énergie finale = 2,58 kWh pour l'électricité. A l'inverse, la taxe carbone qui entrera en vigueur le 1er janvier 2010 s'appliquera aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon, GPL), mais ne frappera pas la consommation d’électricité. Difficile de s'y retrouver.

La F1 n'a plus la cote auprès de Toyota, Honda et BMW

Après Honda et BMW, le constructeur japonais Toyota abandonne les fastes médiatiques de la Formule 1. Cet investissement coûteux (400 millions d'euros en 2008) se justifie moins en période de crise. BMW avait fondé son retrait sur l'incompatibilité entre F1 et développement d'une politique développement durable. De bonnes intentions.

C'est tout pour aujourd'hui, dans le vaste domaine du durable et des nouvelles attitudes qui y sont, y seraient liées !

samedi 10 octobre 2009

Prix Nobel pour Barack Obama : un nouvel avatar de la peopolisation des esprits ?


En désignant Barack Obama comme Prix Nobel de la Paix, le Comité Nobel ne récompense-t-il pas la "peopolisation" du monde, la dictature des bonnes intentions ? Et ne charge-t-il pas le Président américain d'une bien lourde responsabilité ?

Barack Obama, Prix Nobel de la Paix - Obama presidential campaign - Obama HopeBarack Obama, Prix Nobel de la Paix, face à l'opposant au régime chinois Hu Jia ou à l'avocate tchétchène Lidia Ioussoupova ... Ca sonne un peu faux. On peut et veut y lire généralement un "encouragement" à poursuivre une politique orientée vers la Paix.

Ce choix peut aussi illustrer une pente fatale. Celle qui amène les élites occidentales à privilégier de plus en plus l'intention, les bonnes intentions, l'image et le verbe sur l'action concrète. Ce qui est récompensé là semble être un jeune candidat afro-américain qui a mené une campagne pleine d'espoir, plus qu'un Président qui aurait atteint ses objectifs (après à peine 9 mois d'exercice).


Tout bon publicitaire, communiquant ou homme ou femme de médias le sait : ce qui compte, c'est l'image, ce qui a été formaté, mis en scène et est retenu par un grand public qui a autre chose à faire que d'analyser l'actualité du monde 24 heures sur 24 .

Que de graves Nobelistes suivent la voie de l'aide au succès médiatique, politique, à la "peopolisation" bien-pensante serait plus préoccupant.

Sans parler du poids écrasant qui va finir par peser sur le Président Obama, auquel on semble déléguer intégralement le sort du monde. Cela fait beaucoup pour un seul homme.


Obama, Prix Nobel, vu par :

Côte Ouest : Nobel Peace Prize may weigh heavily on Obama : L.A Times

Côte Est : Surprise Nobel for Obama Stirs Praise and Doubts : New-York Times


samedi 3 octobre 2009

Plan Voiture verte : Borloo fait monter en charge la production française de véhicules hybrides et électriques

La Peugeot-Ion, dérivée de la Mitsubishi i-Miev - Terre natale, blog du Développement durable : www.terrenatale.blogspot.com - Thierry Follain, rédacteur, industrie automobile, Thierry Follain, rédacteur du site faurecia.fr, Thierry Follain, rédacteur voiture propre, voiture électrique - Thierry Follain : 06 87 29 38 73Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique et de la relance de l'industrie automobile française, Jean-Louis Borloo, Ministre de l'Ecologie a lancé le Plan national pour développer les véhicules propres, le 1er octobre, dont un prêt de 250 millions d'euros accordé à Renault, PSA et Smart. Objectif : 200 000 hybrides et rechargeables en service en 2020. Dans ce contexte, la location de la batterie projetée par Renault-Nissan et Better Place permettrait de surmonter l'obstacle du surcoût des voitures électriques.

«Nous serons le premier pays en Europe à offrir des véhicules électriques au grand public à des prix concurrentiels», a déclaré jeudi Jean-Louis Borloo lors du lancement du Plan voiture verte, jeudi 1er octobre. Le Ministre de l'Ecologie souhaite voir les constructeurs tricolores « prendre une avance considérable sur leurs concurrents ». Pour l'instant, ce serait plutôt un retard conséquent sur les Japonais. D'où un avantage certain pour l'Alliance Renault-Nissan, que PSA compense par sa collaboration avec Mitsubishi.

Objectif : 4 millions de véhicules propres en 2025

L'ambition gouvernementale se traduirait par un parc de 2 millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables en 2020, et de 4 millions en 2025. Suivant un process d'entraînement moyennement efficace dans les années 90, La Poste, EDF, Veolia, ainsi que les services de l'État et les collectivités territoriales sont invités à acquérir 100 000 modèles "propres" d'ici 2015. Les acheteurs de voitures électriques bénéficieront du super bonus écologique de 5000 euros (au moins jusqu'en 2012), censé compenser le surcoût généré par une batterie lithium-ion, estimé à 12 000 euros. Les amateurs d'hybrides auront droit à 2000 euros.

Voiture électrique Blue Car, par Bolloré et Pininfarinna - Blog Développement durable Terre Natale - www.terrenatale;blogspot.com

Des bornes de recharge par millions

Un véhicule électrique nécessite logiquement d'être rechargé. Près d'un million de prises sont prévues par le Plan Voiture verte pour 2015. 90 % seront installées au domicile ou sur le lieu de travail, auxquelles s'ajouteront 75 000 bornes « partagées » (voirie, parkings…). Objectif 2020 : 4,4 millions de prises de recharge (dont 400 000 partagées). L'investissement public financera 10%, à hauteur d'1,5 milliards d'euros (dont 900 millions pourraient provenir du Grand Emprunt). 750 millions d'euros seront consacrés au renforcement du réseau de distribution d'électricité (qui en a bien besoin, véhicules électriques ou pas). L'État va demander à ERDF (groupe EDF) de créer une filiale dédiée à ces infrastructures .

Batteries lithium-ion : enfin, une production française

L'un des points faibles des constructeurs automobiles français face à leurs concurrents américains ou japonais, c'est la production de batteries lithium-ion. D'où un investissement étatique de 125 millions d'euros dans le projet de batteries commun à Renault, Nissan et au CEA (Commissariat à l'énergie atomique). Il devrait se concrétiser par la construction d'une unité de production de batteries lithium-ion à Flins,destinée à fournir l'ensemble des constructeurs français. Dont PSA qui traite par ailleurs avec Mitsubishi, GS Yuasa et Zebra. L'usine de Renault Flins bénéficierait par ailleurs d'une enveloppe de 125 millions d'euros, prise sur les 250 millions de prêts bonifiés prévus pour favoriser l'industrialisation des voitures électriques.

Voiture électique Peugeot-Ion, déclinaison de la i-Miev de Mitsubishi - http://www.terrenatale.blogspot.comVers un nouveau rapport à la mobilité ?

Reste à trouver des acheteurs pour les Kangoo, la Mégane et Clio électriques de Renault, la Peugeot-Ion, la Friendly d'Heuliez et la Blue Car de Bolloré. Sachant que la petite Mitsubishi I-MiEV (base de la Peugeot-Ion), fait ses débuts sur le marché japonais au prix 34.000 euros…

Une réponse assez simple se profile : dissocier la propriété du véhicule de celle de la batterie. Carlos-Ghon, Président de Renault, envisage la location de la batterie lithium-ion des véhicules électriques Renault pour un prix d'environ 100 euros par mois. La start-up américano-israélienne Better Place propose, quant à elle, des réseaux de stations de recharge et d'échange de batterie. Ce qui résoudrait en plus le problème de l'autonomie limitée des véhicules électriques. Le tout à un coût avoisinant les 2 euros pour 100 kilomètres. En cours de déploiement en Israël, le réseau Better Place devrait également se développer au Danemark et en Australie (à une tout autre échelle, ceci dit).

Tant que la voiture électrique aura une autonomie limitée, elle demeurera urbaine ou périurbaine et donc concurrente du maillage le plus dense de transports en commun. Son succès dépend par ailleurs du déploiement rapide d'une infrastructure d'alimentation fort lourde.

Thierry Follain

La lente progression des véhicules "propres" : Destinées avant tout à lutter contre le réchauffement climatique, les voitures électriques ne devraient représenter que 3,2% du parc mondial (850 millions de véhicules) en 2025 (estimation du Cabinet Olivier Wyman). Encore faudra-t-il produire l'énergie pour les recharger. Les hybrides devraient représenter 16% du marché automobile mondial à la même époque.

La propulsion électrique est-elle propre ? : La voiture électrique contribue-t-elle à la lutte contre le réchauffement climatique ? Bonne question. Si l'électricité est à base d'énergie fossile, c'est assez improbable. Or, les recharges massives du soir, qui feront appel au parc thermique d'EDF, et aux achats sur le marché européen de l'"opérateur historique" et de ses concurrents privés. La propulsion électrique donne en tout cas un coup de fouet supplémentaire à la production nucléaire nationale. Restera également à déterminer si le nucléaire est bien une énergie 100% "propre", ce qui est un autre débat.

Visuels : pictogramme des bornes de recharge, Blue Car (Bolloré), Peugeot-Ion



mercredi 16 septembre 2009

Jean-Louis Borloo souhaite la rénovation thermique d'1,5 millions de logements HLM gourmands en énergie

Jean-Louis Borloo veut accélérer la rénovation thermique d'1,5 millions de logements HLM gourmands en énergie. Tout comme le développement du parc HLM, cette rénovation ne sera cependant pas financée par le Grand emprunt d'Etat


Jean-Louis Borloo, Ministre de l'Ecologie, de l'Energie et du Développement durable, s'engage à soutenir la rénovation thermique d'1,5 millions de logements hlm. - Thierry Follain, conseil éditorial, contenus web et print - http://terrenatale.blogspot.com/Jean-Louis Borloo a affirmé, dans un message vidéo diffusé lors de la première journée du 70ème congrès de l'Union sociale pour l'Habitat (USH), que le gouvernement est prêt à accélérer la rénovation thermique du parc HLM. Le plan actuel prévoit la réhabilitation de 800.000 logements HLM, sur un total de 4,2 millions, d'ici 2020.

Le Ministre de l'Ecologie souhaite l'ajout dans ce plan d'1,5 million de logements supplémentaires, classés dans la catégorie énergétique D.
Monsieur Borloo a également évoqué l'équipement d'une "part significative" du parc HLM "en énergie renouvelable, notamment solaire".


Ce volontarisme énergétique ne pourra en tout cas pas s'appuyer sur le futur grand emprunt national. Lors de sa conférence de presse du 9 septembre dernier, Benoist Apparu, Secrétaire d'Etat au logement, a en effet indiqué que cet emprunt ne servira pas au financement du logement en France.

Le logement social reste aux abonnés absents

Aucune initiative, donc, pour financer les 900 000 logements sociaux qui manquent à l'appel pour satisfaire la demande en France. Sur ce front-là, il y a peu à attendre d'un gouvernement qui donne la priorité à l'accession individuelle à la propriété, crise économique ou pas.

Dans son rapport sur le Droit au logement(juin 2009), le Conseil d'Etat estime d'ailleurs que l'objectif du gouvernement Fillon de favoriser l'achat de 40.000 logements sociaux par an accroîtra la pénurie de logements, en l'absence d'un "réel effort de construction".

CQFD.

mardi 15 septembre 2009

Contribution climat énergie : la taxe carbone prélevée sur les ménages et les entreprises épargne l'énergie électrique et les grosses industries

La taxe carbone, ou contribution climat énergie portera sur les consommations d'énergie fossile des ménages et des entreprises. Le Président Sarkozy a arbitré : la contribution sera de 17 euros par tonne de CO2 produite, répercutés sur le prix des combustibles fossiles. Mais pas sur l'électricité, sanctuarisée par l'énergie nucléaire "non polluante" (sic). L'impact sera modéré ou nul sur les secteurs d'activité agricoles et industriels les plus émetteurs de CO2. Pas certain que cela favorise réellement la sobriété énergétique, pourtant souhaitée par le Grenelle de l'Environnement.

17 euros la tonne de CO2, telle est la décision gouvernementale, ou plutôt présidentielle. Mise en place au premier janvier 2010, la taxe carbone devra tout à la fois remplacer les ressources de la taxe professionnelle pour les collectivités locales et demeurer neutre fiscalement. Une gigantesque "usine à gaz" pour lutter contre l'effet de serre !

Nicolas Sarkozy annonce le montant de la taxe carbone : 17 euros par tonne. Entrant en vigueur en 2010, la Contribution climat énergie doit contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique. La taxe carbone doit également remplacer les recettes de la taxe professionnelle.- Thierry Follain, conseil éditorial, contenus web et print - http://terrenatale.blogspot.com/Cette contribution climat énergie devrait couvrir 70% des émissions de CO2 françaises, et rapporter à l'Etat 4,3 milliards par an, théoriquement compensés par une réduction d'impôt sur le revenu ou un "chèque vert" pour les ménages non imposables. Et par le différentiel entre ex-taxe professionnelle et taxe carbone, pour les entreprises.

Les calculettes fonctionnent déjà, comme celle du Point, dans : "Taxe carbone : les gagnants et les perdants".

Pétrole, électricité fossile, acier, papier, ciment : non concernés

Concernés par le paquet « climat-énergie » européen, les secteurs du pétrole, de l'électricité (puissance supérieure à 20 MW), de l'acier, du papier-carton et du ciment sont exclus du dispositif de la taxe carbone. 1 400 grands sites industriels en France devront cependant réduire leurs émissions de 21% d’ici à 2020, sous peine de devoir acheter très cher des quotas d’émissions supplémentaires. Actuellement, seuls 4% en moyenne des quotas d’émissions sont achetés par les entreprises. Dès 2013, la moitié des quotas de CO2 sera mise aux enchères, dans le cadre du marché carbone européen.

Dérogations à la française


Cette contribution climat énergie ne devra cependant pas trop frapper les secteurs les plus dépendants des combustibles fossiles : transports, agriculture et pêche. Ceux, en bref, dont le bilan énergétique est le plus mauvais. Négociations âpres à prévoir. Au grand dépit de France Nature Environnement.

Une incitation à privilégier l'électricité pour chauffer les habitations ?

L'électricité a été exclue du champ de la contribution climat énergie. Argument : cette industrie ne produit pas ou peu de CO2, puisqu'elle est à 80% d'origine nucléaire, réputée non productrice de CO2*. Ne serait-ce pas une incitation à équiper les logements neufs en chauffage électrique, plutôt qu'à recourir aux énergies renouvelables, chaudières à condensation, et ainsi de suite ? C'est ce que craint l'association Energies et Avenir, qui regroupe les organisations professionnelles de l'ensemble des métiers de la filière du chauffage et de la production d'eau chaude. Au-delà du lobbying bien entendu, cette question peut en effet être posée.

La sobriété énergétique, quelque peu oubliée

En excluant l'électricité, la taxe carbone ne donne pas de signal fort pour la sobriété énergétique, seule voie porteuse d'avenir. Une sobriété que prône Jean-Marc Jancovici, animateur du Comité scientifique de la Fondation Hulot, portant partisan de la contribution climat énergie. Pessimisme confirmé par Henri Buzy-Cazeaux, président de l'Espi (Ecole supérieure des professions immobilières), qui souligne "l'indifférence des professionnels (de l'immobilier) à la question du développement durable", et donc à celle des économies d'énergie. Les bâtiments économes en énergie sont encore vécus comme source de coûts et donc de prix de vente plus élevés. La perspective d'économies de fonctionnement est donc peu prise en compte. C'est pour le moins étonnant : le logement constitue le 1er poste de dépense des ménages (25 %), loin devant l’alimentation (18 %) et les transports (15 %) (Insee, 2006).

Une seule chose est sûre : le message de la taxe carbone n'est pas très limpide !



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Nucléaire à Zéro CO2 : la grande illusion



Exclure l'électricité de la taxe carbone suppose que :
- 58 unités de production nucléaires,
- une et bientôt 2 usines d'enrichissement de l'uranium (Tricastin),
- un gigantesque complexe de retraitement des déchets (La Hague)
n'émettent pas un gramme de CO2.

C'est plus que douteux.

Sans parler des centrales au gaz ou au fuel mises à contribution par EDF lors des pointes de consommation. En particulier pour compenser la faible souplesse de la production d'origine nucléaire.


Par ailleurs, le mythe de la "propreté" du nucléaire - effluents gazeux et liquides radioactifs , déchets de faible, moyenne et longue activité balayés sous le tapis - constitue une  belle réussite en matière de communication et de constitution d'un imaginaire national. La vague anti-réchauffement climatique et donc anti-CO2 a parachevé ce chef-d'oeuvre.



samedi 5 septembre 2009

Russie, oligarques et chasse au renne

Dans "La chasse au renne de Sibérie", la journaliste économique Julia Latynina nous initie aux tréfonds d'une société russe à la dérive, livrée aux spéculateurs et aux politiciens complices. Le tout avec les codes du thriller.

La chasse au renne de Sibérie, par Julia Latynina - Actes Sud, actes noirs : oligarques et corruption en Russie - La Russie de Poutine, vue par Julia Latynina - Blog with a View :Thierry Follain, web rédacteur : 06 87 29 38 73"C'est le coeur en joie qu'Izvolski rentre de son rendez-vous. Le nouveau directeur de la Régie fédérale a jugé parfaitement raisonnable de confier gracieusement le chantier de la centrale atomique inachevé au combinat métallurgique. Mais sans donation à proprement parler. La régie et le combinat créeront une entreprise mixte avec 74,9% des titres pour AMK et 25,1% pour Atome-Energo qui a quand même financé 98% de la centrale et la construction d'une ville entière, soit la minorité de blocage. Le directeur a laissé entendre qu'on lui avait demandé de rendre ce service au Sibérien qui pouvait donc ranger son bloc-notes sans y tracer le moindre chiffre". Ce passage est caractéristique de "La chasse au renne de Sibérie", de Julia Latynina, chez Actes Sud. Dans ce roman noir, très noir, on chasse peu le renne, mais fréquemment les montages financiers opaques, les vaporisations d'entreprise au profit des comptes offshore de leurs dirigeants et des autorité nationales ou locales complices.

Montage typique de Viatcheslav Izvolski, oligarque à la tête d'un empire industriel sibérien, et de la nébuleuse de sociétés rattachées : "Les firmes de l'usine appartiennent à Izvolski, soit directement, soit par prête-noms interposés. Elles visent à limiter les charges fiscales et à brouiller les pistes. Quant aux autres sociétés, ce sont les ruisseaux qui irriguent les jardins privés. Par exemple, Rail-Acier appartient au chef du réseau ferroviaire local et sert à essuyer les ardoises de fret d'AMK en échange de produits laminés fournis avec une remise de dix pour cent. Quant à la microsociété Akhtarsk-Contract, elle a vocation à graisser la patte des dirigeants régionaux..."

Dans ce thriller russo-financier, l'improbable idylle d'Izvolski avec Irina Denissova, modeste prof de fac, les tourments de Denis Tcheriaga, ex-juge d'instruction passé à l'ennemi, cèdent le pas au match impitoyable entre le nouveau russe et le Président de la banque Iveko, soutenue par le Kremlin, sans parler des intérêts particuliers de la pègre sibérienne ou moscovite.

"La chasse au renne de Sibérie" : une initiation sous forme de roman noir à la société russe, ses destructives pratiques financières, entre troc style Union soviétique et outils financiers mondialisés et, accessoirement, la misère du petit peuple, laminé entre détournements systématiques de fond et corruption endémique.

Une initiation de bonne source : l'auteure, Julia Latynina, est journaliste économique à l'Echo de Moscou, la Noveta Gazeta et The Moscow Times.

Suivez le renne.


La chasse au renne en Sibérie - Julia Latynina - "Actes noirs"/Actes Sud

vendredi 24 juillet 2009

Une décennie d'explosion des hauts salaires : un développement pas vraiment durable

La part des 2 500 salariés les mieux payés dans l'ensemble des salaires a augmenté de 44% en France, entre 1998 et 2005. La croissance annuelle des revenus déclarés des 0,01% les plus riches a été de 42,6% contre 0,6% pour les 90% les moins aisés. Cette dynamique du profit immédiat, concentré entre quelques mains a abouti à la crise économique et financière la plus grave depuis 1929. En France comme ailleurs, le pilier social du développement durable est à reconstruire.

Audrey Hepburn, Diamants sur canapéDans son étude "Les hauts revenus en France : 1998/2006 : une explosion des inégalités ", Camille Landais souligne le fort accroissement des inégalités de revenus constatées en 8 ans. En résumé, les revenus des foyers les plus riches ont fortement progressé, tandis que les revenus moyen et médian croissaient modestement. Le tout avec un objectif de création rapide de valeur, fondamentalement anti-durable.

Croissance mobilière et immobilière au profit des plus riches

Cet écart croissant s'explique partiellement par la croissance rapide des valeurs mobilières et immobilières sur la période. Ainsi, la valeur du capital mobilier (actions, stock-options...) a augmenté de près de 4% par an, contre 0,6% pour les revenus salariaux (par salarié). La valeur des dividendes a augmenté de 48% par ménage (théorique), contre 6,8% pour les salaires et traitements, ce qui traduit la volonté des entreprises du CAC 40 de privilégier les actionnaires. Evidemment, la part des revenus du capital est plus importante dans le patrimoine d'un ménage aisé que dans celui d'un ménage modeste.

L'explosion mobilière et immobilière n'explique cependant pas tout.

Une décennie d'explosion des hauts salaires

Les 1% des Français les plus riches ont en effet augmenté leur part des salaires totaux de 0,6% de 1998 à 2006. Sur la même période, leur part des revenus du capital mobilier croissait de 12%. Seulement, voilà, la masse des salaires en France était 30 fois supérieure à celle des avoirs mobiliers sur la période, soit 500 milliards. L'impact de cette captation croissante des revenus du travail par les plus riches a donc été conséquente. 1% de nos compatriotes ont augmenté leurs revenus salariaux de 3 milliards d'euros en 8 ans.

Ecole d'économie de Paris, Paris School of Economics,Les hauts revenus en France, par Camille LandaisL'auteur du rapport conclut à une véritable explosion des hauts salaires : "Le plus frappant est l'importance de la croissance des rémunérations de quelques milliers de salariés formant la queue de distribution des salaires que l'on peut assimiler aux top managers et aux banquiers et traders percevant les plus gros bonus et intéressements. Leur part dans les salaires totaux a presque augmenté de moitié (+44% entre 1998 et 2005). On a ainsi mis fin à trente ans de relative stabilité dans l'éventail des salaires".

Le système économique financiarisé qui s'est écroulé en 2008 avait donc pour moteur la croissance des plus hauts revenus.

Crise financière : des enseignements durables ?

Le justificatif de cette dérive salariale était la nécessité de recruter et conserver de précieuses compétences. Lesquelles devaient être prioritairement dédiées aux profits à court terme, générateurs de bonus, et à la création de valeur au profit quasi-exclusif de l'actionnaire et des plus hauts revenus. Avec 2 850 milliards d'euros de dépréciation d'actifs en quelques mois, c'est particulièrement réussi.

En résumé, cette course au bien-être des plus favorisés a prouvé sa nocivité économique, sociale et environnementale. Elle s'est révélée, confirmée, anti-durable au possible. Le retour des bonus à Wall Street (14 milliards d'euros prévus cette année chez Goldman Sachs) fait douter que la moindre leçon ait été tirée de cette crise majeure.




"Les hauts revenus en France (1998-2006) : Une explosion des inégalités ?", par Camille Landais, Paris School of Economics.


Photo : Audrey Hepburn dans "Breakfast at Tiffany's (Diamants sur canapé) de Blake Edwards (1962).

mercredi 15 juillet 2009

Desertec : 400 milliards pour alimenter l'Europe en énergie solaire née du désert

Le projet Desertec vise à construire des centrales solaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour couvrir à terme 15% des besoins énergétiques de l'Europe et alimenter les pays producteurs. Coût envisagé : 400 milliards d'euros. 12 entreprises allemandes ont signé la convention qui lance ce projet. Son étiquette "Développement durable" peut être discutée.

Energie solaire Europe, Afrique du Nord : projet Desertec
En septembre 2008, Terre Natale annonçait le vaste projet de production d'énergie solaire Desertec. Celui-ci repose sur un réseau de centrales thermiques solaires à concentration (Concentrating Solar-Thermal Power, CSP) réparti dans les déserts nord-africains et moyen-orientaux.

Le solaire sous haute tension

Pour distribuer cette électricité, les promoteurs du projet, grandes entreprises et gouvernement allemands, veulent construire un réseau de lignes de transmission de courant continu haute tension (CCHT). Ce procédé devrait garantir des pertes inférieures à 3 pour cent par 1000 km de distance. Ces liaisons pourraient être aériennes, enterrées ou posées au fond de la Méditerranée. Projet "durable" ? A chacun(e) d'apprécier.

Une rentabilité conditionnée par les évolutions ultérieures

Comme indiqué par Le Moniteur, le kilowatt-heure produit par ce couple électricité thermosolaire et transport CCHT coûte aujourd'hui entre 10 et 20 centimes d'euros (contre de 3 à 5 centimes d'euros pour le kilowattheure nucléaire)(hors coût du démantèlement des centrales obsolètes). Il pourrait devenir plus compétitif avec les évolutions technologiques et la remontée probable des cours du pétrole.

Une double dépendance énergétique ?

Avec Desertec, l'Europe accroît sa dépendance énergétique envers des pays nord-africains et moyen-orientaux dont la stabilité politique n'est pas garantie à terme.

Le mode opératoire change, mais le modèle reste celui d'une production massive d'énergie basée sur des investissement colossaux (équivalent de 90 réacteurs EPR). Quid de l'autonomisation énergétique et de la réduction des consommations, à niveau de vie égal ?

Et le Plan solaire méditerranéen, dans tout cela?

Prévu pour être pleinement opérationnel en 2050, Desertec pourrait être concurrencé par le Plan solaire méditerranéen porté par l'Union pour la Méditerranée, lancé en novembre 2008. Le conditionnel est de rigueur, cette Union impulsée par la France ayant été prudemment estimée "encore vivante" par Henri Guaino, proche conseiller du Président de la République. Si ce plan devait être ranimé, il semblerait peu "durable" que deux projets de cette ampleur et de ce niveau d'investissements coexistent.