jeudi 4 septembre 2008

Afghanistan : l'échec de la reconstruction

Les intervenants occidentaux présents en Afghanistan ont échoué dans la reconstruction de ce pays. D'où la désaffection d'une population qui ne voit rien venir. D'où le retour en force des Talibans. Tel est le constat d'un rapport de l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale sur "le rôle des forces européennes dans les missions de l'OTAN en Afghanistan", publié en mai 2007. Extraits.

Une opportunité a été ratée au début de l'intervention : "De 2002 à 2003, la situation s'est stabilisée autour de ce tryptique : Autorité intérimaire-FIAS-coalition. Les provinces de Kaboul, du nord et de l'ouest du pays étaient sécurisées et stabilisées, le sud était calme et seulement une partie du territoire à l'est demeurait irréductible. C'était là l'occasion de mettre en oeuvre les grandes promesses de reconstruction, d'assistance et d'aide humanitaire faites lors des conférences internationales qui ont suivi celle de Bonn. Or rien de véritablement significatif ne s'est passé aux yeux des population démunies, déstructurées par deux décennies de conflits et en attente des avantages promis par les nouveaux "conquérants" étrangers et les autorités afghanes..."

"Guerre contre le terrorisme" : une priorité non pertinente

"L'effort international, qui était et reste sincère, n'a pas été à la hauteur. L'image de l'Afghanistan d'aujourd'hui, dans ce que l'on désigne comme "Mainstream Media" en anglais, les grands médias nationaux et internationaux, c'est encore la violence, le pavot/opium, le sous-développement, un Islam conservateur. Cette situation est aussi la conséquence d'une approche axée sur la guerre contre le terrorisme aux objectifs flous, et qui fait passer au second plan la reconstruction. Sur les plus de dix milliards promis récemment par les Etats-Unis pour l'Afghanistan, plus des trois quarts sont destinés à des dépenses de sécurité...".


Des ONG à l'action limitée

"Les grandes organisations non gouvernementales se sont regroupées à Kaboul et leur présence et leur impact sur le reste du territoire national sont très limités. Leurs personnels locaux sont une cible de choix pour les talibans et les autres groupes opposés au pouvoir central, qui ont assassiné certains otages et en ont enlevé d'autres pour les échanger contre une rançon ou des prisonniers. Les cadres techniques américains, européens et d'autres pays, tels que l'Inde et la Chine, présents en Afghanistan sont aussi contraints à vivre en huis clos, dans des quartiers réservés, avec des gardes privés. L'industrie des entreprises privées de sécurité fonctionne bien, mais elle n'est pas la réponse au sous-développement économique ni aux attentes sociales d'une population paupérisée..."


Culture du pavot : une activité prospère

"La culture du pavot a augmenté de 59% cette année (2006) pour atteindre l'emblavement record de 165 000 hectares. Près de 2,9 millions d'Afghans sont impliqués dans la culture du pavot, soit 12,6% de la population totale, et les paysans, dans leur majorité, gagnent tout juste de quoi subsister. De nombreux paysans ignorent même que cette culture, qui est leur principale source de revenu, est illégale. La récolte moyenne d'opium rapporte jusqu'à dix fois plus à l'hectare que celle des céréales. En dépit de ce ratio monétaire, le plus fgos des trois milliards de dollars de recettes tombe dans l'escarcelle des seigneurs de la guerre qui contrôlent toujours cette industrie. Les talibans financent leur guerre contre les troupes de l'OTAN en achetant l'opium brut aux paysans et en le revendant avec un bénéfice. Cependant, ce n'est pas un problème que les militaires occidentaux doivent ou peuvent résoudre par leurs propres moyens".
Dont acte.

Une non-solution militaire

Réduire la situation afghane à une guerre contre le terrorisme est une simplification abusive. L'envoi de quelques centaines ou milliers de soldats occidentaux supplémentaires ne résoudra pas le problème. Qu'ils soient ou non bien entraînés et disposent ou non de moyens de reconnaissance aériens. Les projets de développement n'ayant pas abouti, cela n'apportera que peu d'espoir à une population qui ne voit rien venir, si ce n'est des bombardements plus ou moins "ciblés".
De même, le concept de "nation building" (construction d'un nation) importé de l'extérieur a échoué.


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