jeudi 9 octobre 2008

Amendement Ollier : un développement de retard ?

Patrick Ollier, Président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a fait voter par la Commission des affaires économiques un amendement à la Loi Grenelle 1, favorable au chauffage électrique. Mais défavorable au développement durable, ainsi qu'à l'industrie du bâtiment, forte créatrice d'emplois. Un exemple parlant de l'obstination à prolonger un modèle économique français périmé.

"L'amendement Ollier" à la proposition de Loi Grenelle 1 porte un sacré coup de canif à la recherche des économies d'énergie. Il envisage tout simplement de relever de 50 à 120 KwH par m2 et par an l'objectif de consommation énergétique des constructions neuves, à l'horizon 2012. A condition qu'elles soient équipées d'un chauffage électrique. Conséquence : une consommation d'énergie primaire deux fois plus élevée dans l'habitat que celle déterminée dans les travaux du Grenelle de l'Environnement. Levée de boucliers non seulement des "écolos", mais aussi, mais surtout de l'industrie de l'isolation, initiatrice de l'association "Isolons la Terre", et du Club "Construire durable", impulsé par le groupe de presse professionnel Le Moniteur. Sans parler des réserves de la Secrétaire d'Etat à l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui souligne l'aberration thermo-dynamique du chauffage à l'électricité.

Mais pourquoi économiser l'énergie, après tout ? Pourquoi concevoir des appareils électroménagers peu gourmands en électricité ? Pourquoi "domotiser" les habitations pour une gestion optimale des lumières et du chauffage ? Pourquoi acheter des ampoules basse consommation ? Puisque nous, Français, avons un parc de 58 réacteurs nucléaires à notre disposition ! Beau signal donné aux consommateurs de France, de Navarre et d'ailleurs !

Un modèle de développement français bien dépassé

Plus sérieusement, "l'amendement Ollier" révèle la permanence d'un vieux mal français, cette obstination à faire reposer notre développement sur de grands groupes publics, para-publics ou privés, travaillant ad vitam aeternam sur des technologies "qui ont fait leurs preuves" : électro-nucléaire, motorisation diesel, TGV, agriculture à forte consommation de pesticides... Quelque part entre le défunt Gosplan et le copinage entre élites du public et du privé, acteurs économiques et politiques. Au détriment continuel des PMI-PME, véritables créatrices d'emploi et des indispensables basculements technologiques pour un avenir durable.

Pendant ce temps, dans ce laboratoire du futur qu'est la Californie, l'état, les "business angels", les "start-up", les industriels misent à fond sur la recherche et le développement de technologies novatrices économes en énergie. L'Allemagne domine le marché des éoliennes. Le Japon caracole en tête sur le segment porteur des véhicules hybrides et électriques (ce dont profitera au moins Renault, allié à Nissan).

Monsieur Ollier et ses amis, quant à eux, montent au créneau pour la défense... du convecteur électrique. A quand la relance de la DS (si confortable) et du Concorde (si rapide) ?..

Thierry Follain

Article repris, en version longue, sur :
Natura Vox

Cozop


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