jeudi 23 août 2007

Abidjan toujours victime du Probo Koala

Un an après le scandale des déchets pétroliers toxiques déposés en pleine zone urbaine, les habitants d'Abidjan se heurtent toujours aux manoeuvres de l'Etat et à la mauvaise foi de Trafigura, affréteur du "Probo Koala", cargo qui a transporté, voire généré les déchets.


Officiellement, les 581 tonnes de "slops", mélange de résidus pétroliers et de soude caustique ont causé la mort de 16 personnes et en ont intoxiqué des dizaines de milliers. Cela n'a pas empêché l'Etat ivoirien d'abandonner toute poursuite contre la société suisse Trafigura, en échange d'une indemnité de 100 milliards de francs CFA, soit 152 millions d'euros.


Sur cette somme, qui devait être aussi affectée à la dépollution, 30 millions seulement iront aux victimes. On peut se demander à quoi servira le reste, puisque la société française Trédi, qui avait engagé les travaux de dépollution en septembre 2006, a dû interrompre ses interventions, fautes d'autorisations administratives.

D'après "Le Patriote", un journal d'Abidjan, certaines familles de victimes qui avaient eu le tort de faire des révélations à la presse ont été l'objet de pressions, tant du corps médical du CHU de Treichville que des autorités.

Il resterait 2 500 à 3 000 tonnes de substances contaminées à traiter, le ruissellement des eaux de pluie ayant aggravé la situation. La société Biogénie, les cabinets Environ et Burgeap ont été consultés cette semaine par le Gouvernement ivoirien.

En attendant, les avocats de Transfigura contestent le lien de causalité entre le déversement des déchets et les préjudices subis par la population des 14 communes touchées. Ils attribuent ceux-ci à une pollution déjà présente, et contestent, assez illogiquement, le fait que les millions versés puissent être interprétés comme une reconnaissance de responsabilité. Responsabilité qu'ils rejettent sur la société ivoirienne Tommy, qui a effectué les déversements.

De fait, l'implication de responsables locaux est patente dans le désastre. Parmi eux, Marcel Gossio, directeur du Port autonome d'Abidjan, proche du pouvoir, et les directeurs des douanes et du district d'Abidjan. Tous trois suspendus, ils ont été réintégrés par décret du Président Gbagbo en décembre 2006.

Pour les victimes, dont certaines meurent encore, et pour leurs familles, l'espoir réside désormais dans les poursuites engagées devant les tribunaux britanniques et hollandais.

La tendance actuelle à extrader, à défaut des coupables, les procédures, semble être une lueur d'espoir pour les populations africaines, trop souvent livrées aux appétits conjugués de leurs élites et d'entreprises internationales à faible taux de scrupules.

Sources : AFP - L'Usine Nouvelle - Le Patriote.


D'un clic : sur son site, Trafigura s'exempte de toute responsabilité…


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