dimanche 28 octobre 2007

Grenelle de l'Environnement : autoroutes et voitures sur le bas-côté

Dans son discours de clôture du Grenelle de l'environnement, Nicolas Sarkozy a mis à mal un lieu commun de la croissance à la française : le trinôme autoroutes-voitures - transports routiers. Le freinage du programme autoroutier non-stop, au profit des transports publics, du rail, du ferroutage et du transport par voie d'eau constitue un des revirements les plus spectaculaires de la classe politique française en la matière.

Dans notre système toujours plus présidentiel, la parole de Nicolas Sarkozy dessine les orientations écologiques, économiques et sociales mises en oeuvre à l'issue du Grenelle de l'Environnement. Une des ruptures les plus impressionnantes concerne la politique des transports.

La classe politique française divorce de la route

Depuis les "30 Glorieuses", l'idéologie consensuelle assimile le développement à l'accroissement continuel du kilométrage d'autoroutes et à l'augmentation parallèle du nombre d'immatriculations de voitures et camions. Hantés par la notion de désenclavement, les maires, conseillers cantonaux, généraux, régionaux et leurs électeurs ne voient le salut économique pour leur région, département, canton, commune, que dans la proximité d'une sortie d'autoroute. Peu importe le retour sur investissement, la rentabilité : l'autoroute est un droit, un devoir de la collectivité.

La priorité ne serait donc plus au rattrapage routier, mais au rattrapage des autres modes de transport. Sarkozy promet une politique d'investissement massif dans les transports, ciblée sur trois priorités : transports urbains, trains et bateau. Dans la foulée, le développement inconditionnel des "biocarburants" est remis en question(s).

L'Etat roulerait pour les transports publics

Une phrase a dû faire le délice des maires de tous bords qui peinent depuis des années à faire financer par l'Etat leurs projets de tram, métro, etc : "L'Etat a eu tort de se désengager du développement des transports urbains". Bien vu. Autre friandise : "L'enjeu d'aujourd'hui est bien la congestion des centre-villes". D'où le rétablissement de la participation de l'Etat pour la construction de voies de bus, pour les vélos ou encore de tramways. Sifflements d'oreille pour l'opposition en Région Ile-de France, qui s'était opposée au projet de tramway sud parisien.

Bingo pour le TGV

2 000 kilomètres de voies TGV seraient construis d'ici 2020. Les voies remplacées seraient dédiées au transport de fret, éliminant théoriquement le transit de 2 millions de camions. Démarche logique : le TGV est en effet l'équivalent de l'autoroute dans le domaine ferroviaire. Quid des dessertes locales, des régions isolées ? Le débat reste ouvert (béant ?)

Les pollueurs routiers seront les payeurs

Enfin, tardivement, sur les traces de la Suisse et de l'Autriche : une taxation sera instaurée sur les camions "qui traversent la France et utilisent notre réseau routier", en partie parce que c'est un axe nord-sud majeur, en partie parce que c'est gratuit. Tout automobiliste s'étant lancé dans un trajet nocturne Lyon-Paris sous la dictature agressive des routiers internationaux appréciera. Cette taxe serait affectée au développement des transports collectifs.

La conversion écologique

Cette réorientation des transports se situe dans une politique générale, dont l'ambition est de faire de la France un pays exemplaire en matière de développement durable et de lutte contre l'effet de serre. Notre pays cesserait donc, par exemple, de traîner les pieds pour appliquer la directive européenne Natura 2000 sur la préservation des zones naturelles sensibles ?..

Point focaux du discours présidentiel : "Nous ne pouvons plus définir des politiques en ignorant le défi climatique, en ignorant que nous détruisons les conditions de notre survie. "Assimiler la politique écologique à un retour en arrière est une imposture". C'est ce que répètent les écologistes depuis environ 40 ans... dommage qu'ils aient manqué du sens politique qui aurait pu emporter l'adhésion de la population.

Reste, bien sûr, à passer aux actes...

Thierry Follain

Cet article a été repris sur AgoraVox



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