dimanche 20 avril 2008

Ampoules basse consommation : vraiment "écolos" ?..

Au 1er rang des "Vérités révélées" écolos, les ampoules basse consommation sont cependant sur la sellette. Leur rendement énergétique est moindre qu'annoncé, elles seraient la source d'une pollution électromagnétique, et elles posent un problème de recyclage. Pas complètement lumineux, finalement.



Une économie en énergie moindre que proclamée


Les lampes fluocompactes produisent moins de chaleur que les ampoules à incandescence et consomment beaucoup moins d'énergie, c'est incontestable. Mais dans quelle proportion ?

D'après le tableau disponible sur le site de l'Ademe, ces lampes basse consommation (LBC) consomment 4, 44 à 5 fois moins d'énergie, à valeur d'usage égale. Dans une déclaration au Monde, Hervé Lefebvre de l'ADEME indique une moyenne de 4,6.

S'il est évident, le bénéfice énergétique est cependant inférieur à celui annoncé par les fabricants. Entre en ligne de compte la qualité des éléments électroniques du "ballast", autrement dit, le culot de la lampe BC. Le lecteur averti décèlera dès lors un léger problème de recyclage.

Autre critère : l'éclairement exprimé en lumens : 1200 lumen pour une "classique" de 100 watts, contre 1 040 à 1 060 pour une "fluocompacte" équivalente de 20 watts. A prendre en compte également, la perception du dit éclairage, qui évoque le peu exaltant néon (normal, c'est la même procédé d'excitation électrique d'un gaz confiné). En fait, l'indice de rendu des couleurs d'une "basse consommation" est inférieur à celui d'une "incandescente" (qui comporte un filament porté à incandescence).

Autres bémols : il faut un certain temps, jusqu'à 2 minutes, avant que l'ampoule "fluocompacte" ne donne tout son "éclat". De plus, sa durée de vie, théoriquement 6 à 15 fois plus longue, diminue avec des allumages répétés (minuterie) ou si elle est utilisée avec un variateur.

Une nuisance électromagnétique probable

En septembre 2007, les fluocompactes ont été contestées par une étude du Criirem (Centre de recherche et d'information sur les rayonnements électromagnétiques). Celle-ci révèle la présence d'un champ électromagnétoque de 4 à 180 Volt/mètre pour des puissances "basse consommation" de 11 à 20 watts. A un mètre, on retrouve la neutralité en ce domaine. Des pics de 100 à 300 V/m ont même été observés à l'allumage. Face à ces champs "susceptibles de gravement perturber les biens et les personnes", le Criirem déconseille ces ampoules comme lampes de chevet ou de bureau.

Levée de bouclier, bien sûr, de l'ELC (Fédération européenne des industries de la lampe) et de l'AFE (Association française de l'éclairage). Le Criirem reste de marbre : il estime que les contre-études négligent les rayonnements dans la gamme des 1 à 10 MéhaHertz, les plus nocifs en l'espèce. Il dénonce par ailleurs l'obsolescence des réglementations européennes en la matière. Tout cela embarrasse l'ADEME, qui, sur les pas du Président Sarkozy au Grenelle de l'Environnement, milite pour les fluocompactes, dans la perspective d'une interdiction à la vente des fluorescentes en 2010. L'Agence compte d'ailleurs un représentant, Hervé Lefèbvre, déjà cité, au conseil d'administration de... l'AFE. Bref, l'ADEME joue les casques bleues, réclamant une "norme commune à toutes les parties" : AFE, Syndicat de l'éclairage, Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail).

A noter : Une PME monégasque s'est ruée dans la brèche en annonçant fin janvier 2008 la création d'un filtre anti-radiation divisant par 40 le niveau de radiation des ampoules fluocompactes. Ce qui confirme l'existence des susdites radiations.

Un casse-tête en recyclage

"Electronique embarquée", poudre fluorescente, ça évoque un recyclage délicat. D'autant plus que s'y ajoute un gaz à base de vapeur de mercure, substance toxique progressivement éradiquées de nos bonne vieilles piles. Votre vendeur doit donc reprendre les fluocompactes en fin de vie et les transmettre à Récylum, éco-organisme spécialisé dans le recyclage des produits d'éclairage. Vous payez d'ailleurs 0,25 euros par ampoule pour cela. Le distributeur doit adhérer à la charte "Collecteur de lampes" de Récylum.

Les ampoules fluocompactes nécessitent donc des études approfondies, un circuit de recyclage strict et spécifique et devraient être affectées à un éclairage régulier et permanent. De quoi apporter un léger bémol à leur généralisation.

Thierry Follain

Cet article peut être reproduit après autorisation de l'auteur.

A consulter :

- Les ratés des ampoules basse consommation (Le monde - 5 avril 08)
- La pollution électromagnétique des lampes basse consommation sous observation (Novethic - 1er février 08)
- Ampoules basse consommation trop rayonnantes - GEO
- Lampe fluorescente - Wikipédia
- Eclairage : trouver le bon produit - ADEME


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, bon, d'accord. Mais il faut bien commencer par un bout,si on veut faire évoluer les choses. Sna s se voiler la face pour la quesiton du recyclge, bien sûr...

Anonyme a dit…

Oui il faut bien commencer par un bout, reste à savoir si le bout par lequel on commence est le bon...

Le problème avec le concept de société de consommation, c'est que toute idée est un marché, tout marché est de l'argent,...
Ce sophisme est facile mais bien réel.

De plus, plus particulièrement pour ces ampoules, nos élus ont décidés qu'elles allaient bientôt être seules en vente.

Donc dans le cas des ampoules : est-ce que ces ampoules sont aussi écolo/économe que ça ? Quid d'une étude entre l'énergie dépensée pour les produire, les recycler ou dépolluer et l'énergie économisée.

Car c'est cela qu'il faut mettre en balance, et malheureusement c'est cela qu'entrepreneurs et politiques n'étudient pas.